Bien que principalement virtuelle, la semaine des Lycées français du monde se tiendra du 30 novembre au 5 décembre prochains dans l’ensemble du réseau des Lycées français du monde. Le directeur de l’AEFE, Olivier Brochet, revient dans cet entretien exclusif sur cet évènement qui met l’accent sur l’engagement citoyen et la solidarité.
La crise est dure pour tous
Comment va se dérouler cette semaine des Lycées français du monde dans ce contexte si particulier ?
Nous tenions absolument, malgré le contexte épidémique, à organiser ce rendez-vous désormais traditionnel durant lequel l’ensemble du réseau travaille avec l’AEFE pour valoriser et faire connaître l’enseignement français à l’étranger, la richesse de ce qui se passe dans les établissements et le caractère unique de ce grand réseau qui poursuit sa croissance malgré la crise. Nous y tenions non seulement parce qu’il était inimaginable de ne pas organiser cette semaine l’année du 30e anniversaire de l’AEFE et de la fixation de notre Cap 2030, mais aussi parce qu’il fallait plus que jamais donner la possibilité à tous les établissements de montrer leur vivacité, leur créativité, leur qualité. La crise est dure pour tous. Pour les familles, pour les enseignants, pour les établissements eux-mêmes parfois. Tous se battent, avec le soutien de l’AEFE et de l’Etat, pour accomplir au mieux notre mission éducative et je suis certain que quand cette tourmente sera enfin derrière nous, les lycées français du monde et le réseau de l’enseignement français en sortiront renforcés.
Bien entendu, il sera difficile pour la plupart des établissements d’organiser les événements traditionnels qui leur permettaient de rassembler la communauté éducative et de s’ouvrir vers ceux qui ne les connaissent pas : les spectacles, les expositions, les activités pédagogiques, les journées portes ouvertes… Cette semaine sera pour la plupart d’entre nous une semaine en virtuel pour montrer ces savoir-faire et ces savoir-être, cette vie qui continue d’être riche en valeurs même à distance. Grâce aux outils numériques et aux réseaux sociaux, nous allons travailler avec les établissements à toucher le plus large public possible. L’agence se mobilise entièrement, avec le réseau des points focaux communication présents dans plus de 260 établissements, pour gagner le maximum de visibilité sur les réseaux. L’union fait la force !
Et pour répondre complètement à votre question, compte tenu de la thématique retenue, la semaine sera divisée en trois temps : le premier pour mettre en valeur l’égalité, comment elle se vit dans les lycées français du monde ; le second consacré à l’apprentissage de la citoyenneté et à la vie citoyenne dans l’enseignement français ; le troisième pour témoigner de la solidarité qui anime les communautés éducatives. Elle s’achèvera donc par le soutien apporté par le réseau de l’enseignement français au Téléthon dont l’AEFE est partenaire depuis plusieurs années, au moment où l’agence comme le Généthon fêtent leurs trente ans. .
Nous partageons la même volonté de former les futurs citoyens
En quoi le choix de la thématique « Citoyennes et citoyens, égaux et solidaires : l’enseignement français pour relever les défis de demain » était-il essentiel en cette période ?
Nous avions retenu cette thématique bien avant les drames épouvantables qu’a connu notre pays dans les dernières semaines. En effet, dans le contexte difficile que nous connaissons depuis le mois de janvier dernier, après avoir mis l’accent dans les précédentes éditions de la semaine des lycées français du monde, sur l’excellence éducative et l’innovation pédagogique, il nous avait semblé souhaitable de mettre l’accent cette année sur les valeurs portées par l’enseignement français. Dans le choix que les familles font pour l’éducation de leurs enfants, dans les 140 pays où il y a au moins une école française, nous sommes convaincus qu’elles jouent un rôle essentiel.
Cet apprentissage de la liberté dans le respect des autres, de l’excellence dans la solidarité, de l’égalité et de l’esprit critique est fondamental pour nous Français comme pour les deux tiers de familles étrangères qui souhaitent cette éducation pour leurs enfants. Parce qu’ensemble, au-delà du bien-être que nous devons aux enfants dans leur école pendant toute leur scolarité, nous partageons la même volonté de former les futurs citoyens dont le monde a besoin pour relever les incroyables défis qui nous sont posés : critiques mais éclairés par la raison et une culture solide, libres mais soucieux de la liberté des autres, fraternels et solidaires car conscients des enjeux de l’égalité pour vivre en société. Engagés et épanouis.
Je n’ai pas de crainte pour l’enseignement français
Un débat sera organisé le 2 décembre autour du thème « Des valeurs au cœur de l’éducation, pour quoi faire ? ». Est-ce que l’enseignement à la française est en danger selon vous ?
Au cœur de cette semaine, qui vise à mettre d’abord en valeur ce que font les établissements, nous avons voulu organiser un débat de référence, si je puis dire ainsi. Et nous sommes heureux et fiers que des personnalités importantes aient acceptées avec enthousiasme de nous éclairer de leur réflexion sur cette thématique : l’académicien Erik Orsenna, qui a également accepté d’être le parrain de cette 4e semaine ; M. Jacques Toubon, ancien ministre de la culture et de la francophonie et jusqu’à très récemment Défenseur des droits ; Mme Marie-Christine Saragosse, présidente de France média monde ; Mme Marie Sophie Pawlak, présidente de l’association « elles bougent ! » et Mme Laurence Tiennot-Herment, Présidente de l’AFM-Téléthon.
Au travers de leurs témoignages, de leurs échanges avec des membres de la communauté éducative qui interviendront, de leurs réflexions, je suis sûr qu’émergera avec encore plus de force l’importance de ce projet éducatif pour la jeunesse, en France comme ailleurs.
Parce qu’il est de très grande qualité, parce que les enseignants et les familles qui le choisissent font la preuve quotidiennement de leur extraordinaire attachement aux valeurs qui le fondent, je n’ai pas de crainte pour l’enseignement français. Il apporte des réponses solides à des défis importants, il innove, il s’intéresse au monde qui change vite, il sait être critique avec lui-même et constructif. Il a un bel avenir !
Erik Orsenna incarne bien ces valeurs que nous voulons faire vivre partout dans nos écoles
L’académicien Erik Orsenna est le parrain de cette édition. En quoi incarne-t-il les valeurs mises en avant par l’AEFE ?
Erik Orsenna est d’abord un grand ami des lycées français de l’étranger, qu’il visite régulièrement lors de ses voyages à l’invitation des enseignants. Il est passionné par les questions éducatives et par la jeunesse. Il apprécie tout particulièrement la diversité qui caractérise nos communautés scolaires. Je vous invite à découvrir l’interview qu’il a bien voulu nous donner sur le site de l’AEFE. Vous y verrez son enthousiasme, sa fougue pour parler de ce monde qu’il connaît bien, qu’il aime et dont il connaît l’importance.
Quand on regarde le parcours de M. Orsenna, il incarne l’idée que l’on se fait d’un Humaniste : un homme de culture et d’action ; un écrivain curieux de tout - il n’est que de regarder la diversité des sujets qu’il a traités dans ses livres ; un gourmand des relations humaines et un citoyen engagé dans la vie politique, pour l’écologie, les droits des enfants. Alors oui, je trouve qu’il incarne bien ces valeurs que nous voulons faire vivre partout dans nos écoles.
Le Cap 2030 reste pleinement d’actualité
Le Cap 2030 est-il toujours d’actualité malgré les différentes crises traversées ?
La crise est là. Elle touche durement les familles et les établissements. Mais nous voyons qu’avec le soutien de l’Etat, le réseau résiste bien dans son ensemble. Et nous n’allons pas relâcher nos efforts pour l’aider à traverser cette crise inédite.
Mais nous voyons aussi qu’il reste très attractif. L’été dernier, 14 nouveaux établissements ont été homologués et près de 5.000 nouveaux élèves ont rejoint l’enseignement français à l’étranger, dans ces nouveaux établissements ou dans le cadre d’extension d’homologations. Plusieurs autres établissements vont rejoindre le réseau dans les prochaines semaines à la suite de la commission d’homologation qui s’est tenue début novembre. Et plusieurs dizaines d’établissements sont candidats pour les deux prochaines années.
Le Cap 2030 reste donc pleinement d’actualité et il guide les transformations importantes que nous continuons de mettre en œuvre à l’agence et dans le réseau pour soutenir la qualité, renforcer nos outils de formation et faire vivre ce réseau exceptionnel.
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