Professeure des écoles et grande voyageuse, Christine Groot a trouvé sa vocation en aidant son fils en difficulté avec l’écriture. Aujourd’hui graphopédagogue, elle accompagne petits et grands à retrouver confiance dans leur geste d’écriture, en présentiel comme à distance.


De l’Angola à Houston, en passant par la Thaïlande et l’Indonésie, Christine Groot a enseigné dans plusieurs lycées français à l'étranger. Un parcours riche et international qui ne la prédestinait pas à devenir graphopédagogue. « À la base, je suis professeure des écoles », raconte-t-elle. Mais en suivant son mari muté à l’étranger, elle se retrouve confrontée aux difficultés scolaires de son fils inscrit dans une école britannique. « On le laissait écrire comme il voulait. Je me suis rendue compte petit à petit que quelque chose n’allait pas », confie-t-elle.
Après une mutation en France, le diagnostic est posé : troubles de l’attention et dysgraphie. Elle se forme alors en graphothérapie, puis en 2017, découvre l'association 5E et la graphopédagogie, qu’elle décrit comme « un enseignement du geste d’écriture, qui s’apprend et se pratique comme un sport ».
« Il faut pratiquer régulièrement pour corriger le geste. »
De la graphothérapie à la graphopédagogie
Elle insiste sur la distinction entre ces deux disciplines : « Lorsque j’ai suivi une formation en graphothérapie en 2015, il y avait une dimension thérapeutique, incluant une part de psychologie. En tant qu’enseignante, cela ne me convenait pas complètement, il manquait quelque chose », explique-t-elle.

À l’inverse, la graphopédagogie place le parent au cœur du processus. « Le parent est un acteur majeur de la rééducation de l’enfant », insiste Christine Groot. « Le graphopédagogue évalue et propose des exercices à réaliser quotidiennement à la maison, sous la supervision du parent, car la régularité est essentielle pour automatiser le geste. Les séances, elles, sont espacées de trois à quatre semaines », précise-t-elle.
« Écrire à la main, c’est aussi développer sa concentration et sa mémoire. »
Une méthode pour tous les âges
Si la majorité de ses élèves sont des enfants, Christine Groot accompagne aussi des étudiants et des adultes : « Nous avons des personnes qui veulent passer des concours, d’autres qui, après un AVC, doivent réapprendre à écrire de la main gauche ». Elle évoque aussi un patient souffrant de Covid long : « Le Covid a eu un impact sur son système cognitif : il avait notamment des difficultés à écrire et des troubles de la mémoire ».
Selon elle, l’écriture manuscrite est loin d’être dépassée : « Des études récentes montrent que l’on apprend mieux à lire si l’on écrit. Écrire à la main, c’est aussi développer sa concentration et sa mémoire », soutient-elle.
De Houston à Pau
En 2020, Christine Groot ouvre un cabinet à Houston. Et cela n’a pas été sans obstacles. « Avec le Covid, c’était compliqué. Mais j’ai pu aider des Français scolarisés dans des écoles internationales ou françaises et des Américains ». Elle a ainsi adapté sa méthode à l’écriture script, plus répandue qu’en France.
Ce sont surtout ses expatriations qui lui ont fait prendre conscience des écarts dans la manière d’enseigner l’écriture. Dans le système anglo-saxon, sa fille qui écrivait très bien en cursive, a dû passer au script pour être comprise. Et à son arrivée à Houston, elle a été surprise : « Aux États-Unis, ils avaient supprimé l’apprentissage de l'écriture cursive en 2013, avant de le réintroduire. Mais beaucoup d’enseignants ne savent plus la lire », raconte-t-elle.
À présent, Christine Groot partage son activité entre ses deux cabinets Écritures sans frontières, à Paris et à Pau, et la société Au cœur de l’écriture, une structure en ligne qu’elle a co-créée avec Nathalie Madelaine, également graphopédagogue. Une nouvelle étape après dix-sept ans d’expatriation : « Mon parcours a été fait de départs et de retours. Désormais, je veux me poser, m’installer et construire sur le long terme ».
Aujourd’hui, Christine Groot a trouvé son ancrage. Mais sa mission, elle, ne bouge pas : redonner bonne mine à l’écriture, et surtout, à celles et ceux qui la portent.
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