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S'engager comme élu local en Europe

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Écrit par Justine Hugues
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 3 décembre 2020

Depuis le Traité de Maastricht signé en 1992, les citoyens de l'Union européenne résidant dans un autre Etat membre que leur pays d'origine peuvent voter et présenter leur candidature aux élections municipales dans les mêmes conditions que les nationaux. Caroline Laporte, Française expatriée en Belgique, a sauté le pas. Témoignage.

Il est 20h à Ixelles, l’une des deux communes bruxelloises comportant le plus de résidents français. Pourtant, aujourd’hui, la journée de travail de Caroline Laporte finira à minuit. Fonctionnaire à mi-temps à la Direction de la Lutte contre la Dopage d’une institution publique belge, cette Française exerce en parallèle, depuis 2006, un mandat électoral local dans son pays d’adoption. 

 

Une autodidacte de la politique devenue militante 

Arrivée en Belgique en 2000, Caroline travaille dans différents cabinets et administrations belges, tout en s’investissant auprès de la communauté française jusqu’à devenir conseillère consulaire. Cette double casquette l’amène progressivement à s’investir en politique. « Avant je n’étais pas militante, je ne m’intéressais pas du tout à la politique française », confie-t-elle. « On m’a proposé de figurer sur une liste municipale et j’ai fait campagne ». Avec 420 voix, elle prend alors, en 2006, le 17ème siège du conseil municipal d’Ixelles, devenant ainsi la première Française à être élue sur une commune de Bruxelles. 

Son quotidien ? Participer aux réunions, conseils municipaux et siéger dans des commissions, en fonction de ses compétences et desiderata. Petite enfance, urbanisme, propreté publique : trois des thèmes qui animent en partie les journées de notre élue, en plus des mandats intercommunaux qui lui sont attribués dans la direction des hôpitaux. Elle ne touche pas de salaire à proprement parler, mais des indemnités en fonction de sa présence en commissions et conseils : 60 € nets pour 4 h de travail. 

Pour Caroline, le terrain est l’élément essentiel de son mandat de conseillère communale. « Je suis un relai direct pour le citoyen, j’essaie de rester le plus accessible et à l’écoute en multipliant ma présence dans les évènements locaux ».

 

Caroline Laporte

 

Deux mandats plus tard, on fait le bilan ?

Réélue en 2012, notre interlocutrice est sur le point de passer le relais. « Aujourd’hui, j’ai tellement appris sur le pays et sur les pratiques, c’est un pur bonheur » se réjouit-elle. 

Caroline estime n’avoir presque jamais senti de déficit de légitimité. «  On m’a peut être reproché une ou deux fois le fait que je ne parlais pas néerlandais mais tout était traduit. On avait, en général, des méthodes et des regards sur le sens politique assez complémentaires. Je dirais que mes collègues belges sont toujours dans le compromis quand je suis plus souvent sur un positionnement pour/contre ». 

Chez celle qui a démarré la politique française en faisant de la politique belge, l’expérience du mandat électoral local a fait germer d’autres ambitions. Candidate aux législatives de 2017 dans la quatrième circonscription des Français établis à l’étranger, elle n’exclut pas de tenter à nouveau l’expérience d’élue locale si elle venait à rentrer au bercail. « Je crois pouvoir apporter les bonnes pratiques que j’ai apprises dans le débat national », affirme-t-elle. 

 

Les soubresauts d’une citoyenneté européenne active

« Bruxelles est tellement cosmopolite qu’on en vient à chercher les Belges dans les conseils municipaux » ironise Caroline Laporte.  Son expérience n’est pas un cas isolé. D’autres Français ont fait l’expérience d’un mandat local en expatriation, tout comme des ressortissants européens sont à l’heure actuelle élus locaux dans l’Hexagone.  

Si cette modalité, qui repose sur l’engagement dans des projets en commun et la mobilité, participe du renforcement de la citoyenneté européenne active, elle reste largement méconnue et inexploitée. 

Justine Hugues
Publié le 28 février 2018, mis à jour le 3 décembre 2020
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