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Que compte faire la France de ses djihadistes ?

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Écrit par Selma Djebbar
Publié le 23 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019

En visite en Irak, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian a discuté avec son homologue irakien de la possibilité de juger les djihadistes français sur place. 

Suite au retrait des troupes américaines de la frontière turco-syrienne, le Président turc Reccep Tayyip Erdogan a déclenché une intervention militaire contre les milices Kurdes.

Ce lâchage en règle intervient après que les forces Kurdes ont combattu côte à côte avec les États-Unis, qui ont laissé miroiter la possibilité de leur attribuer un territoire après avoir déchu Bachar Al-Assad. La géopolitique en a décidé autrement, ce qui complique la tâche côté Français.

Le point sur la région

Les Kurdes, après la désintégration de Daech comme entité politique, ont hérité de la surveillance des djihadistes. Ils seraient environ 12.000 sous leur contrôle, dont 2500 à 3000 étrangers. Des camps de déplacés accueillent quelque 12.000 étrangers, 8000 enfants et 4000 femmes.

Aujourd'hui, devant faire face aux troupes turques, les Kurdes préviennent que la surveillance des djihadistes n'est plus du tout une priorité pour eux, ce qui a tendance à inquiéter Paris. Les Kurdes se retrouvant seuls, c'est l'armée régulière syrienne qui se déploie pour les protéger à la frontière turque. Un réchauffement impossible il y a quelques mois, qui alarme la France qui craint que les Kurdes ne cèdent des djihadistes français aux autorités syriennes pour monnayer leur protection.

Combien sont-ils ?

Combien de Français dans les rangs de Daech ? Difficile à dire. Les renseignements évoquent près de 500 Français en tout, dont 60 qui inquiètent particulièrement les services. Ils se trouveraient principalement dans une prison au nord syrien, près de la frontière irakienne. D'après les estimations, il y aurait quelque 10.000 combattants de Daech issus de 72 pays, dont 2500 hors Syrie et Irak. En comptant leurs familles, ils représenteraient au total 35.000 personnes.

Ils sont la hantise de l'Irak et de la Syrie qui ont été les plus grands théâtres de l'horreur terroriste, mais ils sont également la hantise de la France qui craint qu'ils ne s'infiltrent en Turquie pour rejoindre l'Hexagone et y fomenter des attentats.

Le Drian à la recherche d'un « mécanisme juridictionnel »

Le chef de la diplomatie est notamment venu chercher un mécanisme juridictionnel en coopération avec les autorités irakiennes pour que les djihadistes français présents en Irak soient jugés sur place. Les autorités irakiennes ont d'ores et déjà donné leur accord de principe pour la mise en œuvre de « structures miroirs » incluant des représentants des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Justice et des services secrets de chaque pays.

Il s'agit là d'un sujet sensible et complexe, à la croisée d'enjeux politiques, militaires et juridiques. De nombreuses questions se posent sur le devenir de ces terroristes et de ce que va en faire la France. Si pour le chef de la diplomatie, le mieux est de les contenir à l'étranger, ce n'est pas l'avis du coordinateur du pôle anti-terroriste du Tribunal de Paris, David de Pas, qui appelle à leur rapatriement, invoquant un « enjeu de sécurité et de justice à long terme ».


 

Selma Djebbar Journaliste
Publié le 23 octobre 2019, mis à jour le 23 octobre 2019