Édition internationale

Tulipe, l’espoir en kit : « Nous sommes un maillon de la chaîne humanitaire »

Depuis plus de 40 ans, Tulipe organise l’envoi de médicaments dans les zones les plus vulnérables. À l’heure où les besoins explosent à l’échelle mondiale, l’association signe une nouvelle convention avec le ministère des Affaires étrangères, renforçant un partenariat clé pour agir vite, loin, et bien.

Des personnes acheminant des caisses de médicamentDes personnes acheminant des caisses de médicament
© Tulipe. Acheminement de médicaments au Liban en mai 2024
Écrit par Liz Fredon
Publié le 9 juin 2025, mis à jour le 13 juin 2025

 

Dans l’ombre des conflits, des catastrophes naturelles et des crises sanitaires, une association fait circuler l’essentiel : les médicaments. Tulipe – pour Transfert d’Urgence de l’Industrie Pharmaceutique – est une main tendue à mi-chemin entre les laboratoires français et les ONG de terrain. Elle fonctionne comme un maillon discret mais crucial de la chaîne humanitaire, rendant possible le soin là où tout semble s’effondrer.

 

Tulipe, une réponse née d’un besoin urgent

Au début des années 80, les grandes ONG médicales françaises comme Médecins du Monde ou MSF émergent et se heurtent vite à un mur : l’accès aux médicaments. Le syndicat professionnel de l’industrie pharmaceutique (le Leem) décide alors de créer une structure capable de canaliser les dons des laboratoires tout en respectant les exigences légales du médicament. « Il fallait créer un établissement très spécifique pour ça. Et c’est là qu’est née Tulipe, pour répondre aux demandes de ces premières ONG », raconte Alexandre Laridan, directeur de l’association à notre micro. 

 

 

Encore aujourd’hui, Tulipe reste la seule structure en France disposant du statut d’établissement pharmaceutique humanitaire agréé. Elle centralise les dons, les trie, les conditionne et les remet aux ONG, selon les besoins précis du terrain. « Nous sommes un maillon de la chaîne humanitaire. C’est comme ça qu’il faut le voir », explique simplement Alexandre Laridan. Mais au-delà de la logistique, c’est une conviction forte qui anime ses équipes. « Ce qui me motive, c’est de travailler sur un angle très spécifique de l’aide humanitaire, celui du lien avec les entreprises. »

 

De l'entrepôt au terrain, une course contre la montre

Lorsqu’un choc survient comme une guerre, ouragan, une épidémie… la machine s’active. Tulipe recense les besoins, compose des kits de santé en lien avec les laboratoires, et les fait parvenir via un vaste réseau d’ONG. « L’objectif, c’est de faire matcher les propositions des laboratoires avec les besoins du terrain », résume Alexandre Laridan.

Le stock est entreposé dans un entrepôt humanitaire en Île-de-France. Les bénéficiaires sont des associations comme Action contre la Faim, Première Urgence Internationale ou des ONG locales, parfois relayées par les ambassades. Tulipe, elle, ne se rend pas sur le terrain, mais coordonne toute la chaîne en amont.

 

Un partenariat clé avec le ministère des Affaires étrangères

Depuis 2017, Tulipe travaille main dans la main avec le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère des Affaires étrangères. Le 26 mai 2025, ce partenariat est renouvelé et officialisé : « Il s’agit d’un renouvellement d’un partenariat qui existait déjà et qui s’est intensifié d’année en année », nous explique le directeur. « En cas de crise très complexe, comme à Gaza ou à Goma, seul le CDCS peut intervenir rapidement et en sécurité. »

Grâce à cette collaboration, Tulipe bénéficie d’un accès sécurisé aux zones sensibles et peut s’assurer que l’aide arrive aux bonnes personnes. Une aide logistique précieuse à l’heure où l’accès humanitaire se réduit.

 

 

Personnes acheminant des médicaments en zone de crise
© Tulipe

 

 

Une crise dans la crise causée par l’effondrement du financement

Mais l’humanitaire traverse lui-même une tempête. Les financements publics s’amenuisent. Et Tulipe, comme tant d’autres, doit s’adapter : « le grand gâteau de l’humanitaire se rétrécit pour tout le monde, ce qui a un impact considérable sur le terrain, en termes de vies humaines. », prévient le directeur.

 

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Face à cette urgence invisible, Tulipe fait le pari de mobiliser les dons privés, notamment ceux des entreprises de santé. Car chaque boîte de médicament peut devenir une chance de survie, là où les systèmes de santé sont à genoux. Dans l’orage, Alexandre a encore de l’espoir :  « Nous vivons une période complexe. Mais cela me motive encore, parce que je pense qu’il est temps aussi d’inclure des acteurs privés. »

 

En 2024, les entreprises du médicament donnent pour 11,8 millions d’euros de produits de santé. Au total, 162 tonnes de médicaments sont envoyés par Tulipe dans le monde, venant en aide à 1 million de patients. Rien qu’en Ukraine, ce sont 325 tonnes d’aide humanitaire qui sont acheminés par l’association.

 

 

 

 

« Toujours subjugué », une volonté de terrain à toute épreuve

Quand nous lui demandons un souvenir marquant, Alexandre Laridan évoque une intervention avec l’ONG Women of Africa : « Ces gens travaillent dans des conditions si difficiles, auprès des plus pauvres des plus pauvres. À chaque visite sur le terrain, je suis toujours subjugué par ce qui est possible d’être fait. »

Derrière Tulipe, il y a une coordination rigoureuse, une réactivité de chaque instant… et une volonté tenace. « Nous essayons d’avoir une réponse la plus rapide possible. Mais il y a vraiment cette notion aujourd’hui dans l’humanitaire : d’abord comprendre, puis intervenir. » conclut le directeur de l’association, motivé plus que jamais à continuer sa mission.

 

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