Remi Provendier, devenu député de la 11ème circonscription après la nomination d'Anne Genetet au ministère de l’Education nationale, se veut un "député de proximité" à l’écoute de ses compatriotes. A l'étranger depuis 10 ans, il applique son esprit entrepreneurial à son mandat et encourage les entreprises françaises à explorer les opportunités de l’Asie-Pacifique : “Je veux insuffler une petite lueur qui dit que l’on peut aussi apprendre des Français de l’étranger”.
J’ai été élu Conseiller des Français de l’étranger en 2021, ce qui m’a permis d’apprendre ce que veut dire représenter les citoyens auprès de nos instances
Vous êtes devenu député des Français de la 11e circonscription (Asie, Océanie, Europe Orientale) après la nomination d'Anne Genetet au gouvernement. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis Français de l’étranger depuis 10 ans. A l’origine, nous avons décidé, mon épouse et moi-même, d’aller découvrir d’autres horizons et cultures. Nous sommes d’abord partis à San Francisco où nous avons investi dans une fintech. Quelques années plus tard, nous avons décidé de déplacer le siège social à Singapour et j’ai vendu la part de cette société il y 6 ans, en 2018. J’ai ensuite rejoint une multinationale dans le paiement, Mastercard où je m’occupe des relations avec les fintech. En parallèle, mon engagement a toujours été complet auprès de la communauté française, comme ma volonté d’un accès à la cantine à tous les élèves. En 2017, je me suis engagé politiquement dans la campagne législative d’Anne Genetet. Dans la continuité, j’ai été élu Conseiller des Français de l’étranger en 2021, ce qui m’a permis d’apprendre ce que veut dire représenter les citoyens auprès de nos instances et répondre de manière concrète à leurs défis en tant que Français à l’étranger.
Qui est Rémi Provendier, nouveau député des Français Asie, Océanie, Europe orientale?
En juin 2024, après la dissolution, Anne Genetet m’a proposé de devenir son suppléant. Je tiens à la remercier pour sa confiance. J’ai vu dans cette proposition une continuité de mon engagement de conseiller. Je prends le temps et je souhaite apporter une empreinte locale pour pouvoir représenter le mieux possible mes compatriotes à l’assemblée nationale et auprès des ministères.
Je souhaite continuer à lutter contre les violences faites aux femmes à l’étranger.
Chloé Vialard ou la défense des femmes victimes de violence
Quelles sont vos priorités en 2025 en tant que député des Français de l’étranger ?
Ma première priorité est d’être un député de proximité et pouvoir remonter les problématiques des compatriotes de la 11ème circonscription. Évidemment je vais avoir du mal à me déplacer dans les 49 pays, je souhaite donc m’appuyer sur l'ensemble des élus français à l'étranger, dans tous les pays, mais aussi les associations et les instances qui représentent les Français à l'étranger.
Je souhaite continuer à lutter contre les violences faites aux femmes à l’étranger. L’initiative de Chloé Vialard à Singapour, pour ne citer qu’elle, a la vertu de faire prendre conscience que les violences peuvent arriver près de chez soi. Une femme sur trois dans le monde est victime de violences, n’étant pas que physiques ou sexuelles, mais bien morales ou financières. Il y a une vraie détermination à ce que les femmes expatriées se sentent soutenues. C’est une cause très importante que je soutiens fermement.
J’ai la volonté de d’établir une fiscalité cohérente pour les Français de l’étranger en cette période de décisions budgétaires.
Je me concentre aussi sur la simplification d’accès aux services de l’ambassade et du consulat. Il y a beaucoup d’efforts qui sont fait sur la digitalisation. La simplification du retour en France et le sujet de la résidence de repli sont aussi des points importants que je veux soutenir. Le réseau AEFE aux 400.000 élèves dans le monde est aussi essentiel à mes yeux et les actions liées font partie de ma feuille de route.
J’ai la volonté de d’établir une fiscalité cohérente pour les Français de l’étranger en cette période de décisions budgétaires. Me vient l’exemple de l’impôt universel, une marotte d’un certain groupe politique totalement éloignée de la réalité des Français de l’étranger. Leur proposition montre une totale ignorance de la réalité de nos compatriotes.
Ce forum est important car il envoie un message à nos entreprises françaises : “Si vous souhaitez vous étendre à l’international, regardez aussi du côté de l’Asie Pacifique !”
Le Forum Asie Pacifique 2024 a réuni plusieurs centaines de conseillers du commerce extérieur à New Delhi du 27 au 29 novembre. En quoi un tel évènement est important pour la France ?
Nous mesurons bien le potentiel de l’indo-pacifique en termes de croissance et démographie très fortes. Les entreprises françaises se tournent naturellement vers le marché commun, l’Europe ou les Etats-Unis. Je l’ai fait moi-même il y a 10 ans. J'ai échangé avec la ministre chargée du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, Sophie Primas, qui représentera le gouvernement lors du Forum. J'ai pu lui faire part de nos attentes en matière de soutien aux entreprises françaises souhaitant se développer dans cette région, tout en lui transmettant un retour d'expérience sur les défis rencontrés. Ce forum est important car il envoie un message à nos entreprises françaises : “Si vous souhaitez vous étendre à l’international, regardez aussi du côté de l’Asie Pacifique !”. Je salue les efforts des CCE mais aussi de la Team France Export. Je serai toujours disponible et moteur auprès de ces organisations qui développent cet élan indispensable.
La zone Indo-Pacifique (4,5 milliards d’habitants, dont 1,5 million de citoyens français et représentant 60 % du PIB mondial) peut paraître très lointaine dans la tête des Français en Hexagone. Pourquoi faut-il s’y intéresser et s’en préoccuper davantage ?
Le niveau économique dont nous venons de parler est incontournable selon moi. Je pense aussi que nous avons beaucoup à apprendre de cette région. Elle est complémentaire avec des pays du G7 et en croissance. Le modèle d’éducation à Singapour par exemple peut nous inspirer.
La France et ses alliés ont les moyens de contribuer à une stabilité en Indo-Pacifique. Et plus encore, la France peut avoir une voix sur le respect des droits de l’Homme. Il est toujours délicat en diplomatie de parler des droits de l’Homme bien sûr mais la France se doit d’avoir un rôle là dessus.
Vous avez été entrepreneur français à l’étranger. Que dire à nos lecteurs qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat en 2025 ?
Pour être entrepreneur, je dirai que c’est d’abord une envie. C’est aussi une capacité à apprendre et à se lever le matin avec ambiguïtés et défis dans la tête. L’état d’esprit d’entrepreneur est grisant. Mais, selon moi, “ne pas y arriver” ne veut rien dire. Quoiqu’il arrive, nous apprenons et avançons. Les limites sont les limites que nous nous donnons. Je suis arrivé à Singapour après deux ans à San Francisco car j’ai réalisé que ce n’était pas le bon endroit pour entreprendre. Nous avons rebondi.
Comment se prépare-t-on d’ailleurs à devenir député un peu du jour au lendemain, vous qui étiez suppléant et engagé dans une autre vie professionnelle à Singapour ?
Les changements de vie sont importants oui. J’ai dû quitter mon emploi pour devenir député à temps plein. J’ai aussi dû subir l'éloignement familial avec mon épouse - qui réside à Singapour - et mes deux enfants qui font aujourd’hui leurs études supérieures en Europe.
Il y a aussi des changements professionnels, notamment dans le mandat. Anne Genetet m’a beaucoup soutenu dans cette période de transition en étant disponible et me donnant une grande liberté dans ma manière d’agir. J’ai la chance d’être élu localement, je veux étendre mes actions et d’être à l’écoute de l’ensemble des Français de ma circonscription. J’aimerais, à la fin de mon mandat, que l’on puisse dire que j’ai été un député qui a fait entendre la voix de mes compatriotes. Et si à travers cette chambre d’écho, j’arrive à insuffler une petite lueur qui dit “on peut aussi apprendre des Français de l’étranger et de ces pays” je pense que ce sera un début de victoire.
Je prévois également des voyages pour rencontrer les Français de l’étranger, notamment en Malaisie et en Thaïlande
Concrètement, comment vous contacte-t-on ?
Tout le monde doit se sentir à l’aise pour me contacter. Il est possible de m’écrire à mon adresse remi.provendier@assemblee-nationale.fr . J’insiste aussi sur la prise de contact auprès d'instances locales. Les associations par exemple, jouent un rôle essentiel, il ne faut pas hésiter à les contacter. Je prévois également des voyages pour rencontrer les Français de l’étranger, notamment en Malaisie et en Thaïlande dans les prochaines semaines. Je suis en train d’organiser d’autres voyages en janvier et février 2025.