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Jean-Baptiste Lemoyne : "Nous devons donner envie de démocratie"

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Tourisme, aux Français de l'étranger, et à la FrancophonieJean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Tourisme, aux Français de l'étranger, et à la Francophonie
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 4 juin 2021, mis à jour le 8 juin 2021

Comment se sont déroulées les élections consulaires 2021 ? Est-ce que le test est réussi pour le vote en ligne ? Comment peut-on interpréter les scores de LaREM dans ce contexte de crise persistant ? Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Tourisme, aux Français de l'étranger, et à la Francophonie, a répondu à nos questions dans cette interview exclusive. 

 

Les Français de l’étranger ont fait le saut numérique !

 

Ces élections consulaires 2021 ont été marquées par une forte augmentation du vote en ligne par rapport à 2014. A quoi l’attribuez-vous ? 

C’est très clair, les Français de l’étranger ont fait le saut numérique ! La situation sanitaire est venue accélérer une tendance de fond que nous ressentions déjà. Avec 176.734 votants contre 80.115 il y a 7 ans, le vote par internet n’est plus une des modalités de vote, c’est devenu la principale.

Faciliter le vote, encourager le plus grand nombre à voter, notamment au sein de la jeunesse, c’est le défi civique du 21ème siècle. Je suis heureux que les Français de l’étranger soient à l’avant-garde de ces évolutions des pratiques démocratiques.

 

Les élections se sont bien déroulées partout dans le monde alors que la pandémie est toujours virulente

 

La participation à l’urne reste en revanche minime 2,13%. Est-ce un effet COVID ou le symbole d’une nouvelle démocratie numérique ? 

Il y a forcément un peu des deux. Cette élection organisée dans 357 bureaux de vote s’est tenue dans 144 pays avec des contextes sanitaires extrêmement variables d’un pays à l’autre. Le défi logistique a été relevé, et ce n’était pas joué d’avance ! Les élections se sont bien déroulées partout dans le monde alors que la pandémie est toujours virulente.

J’en profite pour remercier les agents du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en centrale comme dans les postes, ainsi que tous les bénévoles qui se sont mobilisés de façon exceptionnelle pour que le vote se tienne dans le plus de bureaux de vote possibles. Leur engagement pour la démocratie leur a demandé beaucoup d’investissement et je peux vous dire qu’ils n’ont pas beaucoup dormi ces derniers jours pour permettre de promulguer ces résultats dans les meilleurs délais !

Si d’autres pays organisent des élections à l’étranger, y compris en temps de Covid, nous sommes sans doute le seul à garantir une telle expression démocratique de proximité à nos concitoyens. Nous pouvons en être légitimement fiers.

Alors, oui bien sûr, certains peuvent être tentés, à la lecture de ces résultats, de ne vouloir organiser l’élection que par internet. Le Conseil constitutionnel le proscrit et c’est tant mieux. La bonne approche, c’est celle qui consiste à élargir la palette des possibilités : par internet, à l’urne et par procuration.

 

Je veux que nous poursuivions le travail pour mieux faire connaitre le rôle et l’action des conseillers des Français de l’étranger

 

Le taux de participation au global est en hausse cette année (+11%) mais reste faible (15,06% au total). Êtes-vous satisfait de la mobilisation des Français de l’étranger pour ces élections ? 

Il faut comparer ce qui est comparable. Le taux de participation ne pourra jamais être le même pour une élection qui se tient à 300 m de chez vous que pour un scrutin pour lequel l’urne est parfois à des centaines de kilomètres.

Par ailleurs, les Français en mobilité ne sont pas forcément tous installés depuis longtemps dans leurs pays de résidence et ne connaissent pas nécessairement encore la représentation locale des Français de l’étranger. Alors que la plupart des diasporas à l’étranger votent par correspondance dans leurs pays d’origine, notre système de représentation s’organise directement depuis les pays de résidence.

Cela ne doit pas nous interdire d’être ambitieux. Vous savez, le vote c’est à la fois une pratique – à nous de la faciliter autant que possible – et une envie. Nous devons donner envie de démocratie. Aussi, avec les nouveaux élus, je veux que nous poursuivions le travail pour mieux faire connaitre le rôle et l’action des conseillers des Français de l’étranger et ainsi briser le plafond de verre de l’abstention. Ce n’est pas une fatalité.

 

La majorité présidentielle connait une dynamique impressionnante

 

Près d’une centaine de conseillers et de délégués soutenus par LREM ont été élus. Comment expliquez-vous ces scores ? 

En multipliant par dix son nombre d’élus, la majorité présidentielle connait une dynamique impressionnante. Elle devient une force politique incontournable à l’étranger, et une génération de nouveaux élus très dynamiques, très enthousiastes, s’installe dans la durée.

Je crois que c’est un vote de reconnaissance de la qualité de nos candidats, issus de tous les horizons. Reconnaissance aussi de l’action du gouvernement en faveur des Français de l’étranger, notamment durant la crise avec le plan de soutien ou encore les opérations de vaccination.

Et dans le même temps, c’est un vote d’adhésion aux idées que nous incarnons : le progrès, la mobilité, la solidarité, l’émancipation ; valeurs dans lesquelles se reconnaissent tout particulièrement nos compatriotes établis hors de France.

Il y a enfin la fierté de nos compatriotes pour la parole du Président de la République en Europe et dans le monde. La France est de retour, et c’est palpable, tangible pour nos compatriotes établis hors de France.

 

Dans le contexte de crise, nous avons réinventé notre action pour soutenir nos communautés pendant la pandémie

 

Ces résultats peuvent-ils présager d’un soutien des Français de l’étranger à la majorité présidentielle pour les prochaines échéances électorales (sénatoriales, législatives et présidentielles) ?

Je le crois et je l’espère ! Et cela sera peut-être même encore amplifié ! Dans le contexte de crise, nous avons réinventé notre action pour soutenir nos communautés pendant la pandémie.

Nous allons poursuivre les transformations que nous avions engagées et nous entendons même mettre un coup d’accélérateur. Le Président de la République est attaché à ce que nous avancions sur trois chantiers importants : le combat éducatif à travers la croissance de notre réseau d’enseignement français à l’étranger ; la justice fiscale à travers la suppression de la CSG-CRDS pour les Français résidant hors de l’espace européen ; l’amélioration de la vie quotidienne à travers la dématérialisation du renouvellement des passeports et la transformation de notre action consulaire. Jusqu’au dernier jour du quinquennat, nous agirons.

 

Faire que la France continue d’être la Nation au monde la plus proche de ses citoyens à l’étranger

 

Les nouveaux conseillers des Français de l’étranger sont élus pour les cinq prochaines années. Quels seront, selon vous, les enjeux de leur mandat ? 

La première mission des élus de proximité, c’est d’être à l’écoute de nos compatriotes, de faire remonter leurs difficultés, mais aussi d’entendre leurs idées pour améliorer la vie de la communauté française à l’étranger et les accompagner face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer. C’est important dans l’absolu, c’est vital en temps de crise.

Fondamentalement, l’enjeu de leur mandat, quelle que soit leur appartenance politique, ce sera de faire que la France continue d’être la Nation au monde la plus proche de ses citoyens à l’étranger. Ce sera aussi d’aider à ce que la France rayonne encore mieux et plus.

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