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Législatives 2024 - Tatiana Boteva-Malo (Les Ecologistes) : "La France m'a adoptée."

Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Tatiana Boteva-Malo, candidate du parti Les Écologistes avec la Majorité parlementaire pour la 11ème circonscription (Europe orientale, Asie, Océanie), a répondu à nos questions.

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Écrit par Léa Degay
Publié le 20 juin 2024, mis à jour le 25 juin 2024

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

De nationalité franco-bulgare, j’ai vécu en tant qu’épouse d’expatrié dans plusieurs pays du monde dont l’Indonésie où j’y ai scolarisé mes deux filles. Je possède encore de la famille au Japon. J’ai appris le français dès l’âge de 6 ans avec l’Alliance française car mon père était un francophile ayant fait ses études d’ingénieur à Paris. Il était de gauche, s’est engagé en Espagne pour lutter contre le franquisme, a lutté contre le nazisme et est rentré en Bulgarie où le rideau de fer est tombé sur lui et le reste de ma famille. Ma mère était professeure des écoles et enseignait aussi le français. Je suis moi-même diplômée d’une maîtrise de Lettres françaises et de Lettres russes de l’université de Sofia. J’ai travaillé plusieurs années en tant qu’interprète et traductrice avant de rencontrer l’homme qui deviendrait mon époux, qui était français. Notre histoire était impossible avant la chute du mur de Berlin, j’ai donc dû fuir mon pays d’origine alors communiste, enceinte et suis arrivée à Paris, à l’âge de 30 ans avec une valise en laissant ma famille derrière moi. La France m’a accueillie, m’a consolée, m’a adoptée.


Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines élections législatives ?

Mon profil est celui d’une femme d’expérience, celle de la vie, la vie quotidienne, la vie de famille, la vie professionnelle, celle de la petite histoire qui rencontre parfois la grande. Je souhaite porter les principes humanistes que nous ne devons jamais oublier, y compris à l’heure des grands conflits sans pour autant sombrer dans la naïveté face aux impérialismes.

Je me présente aux élections législatives car je souhaite contribuer en tant que députée à la mise en place d’une majorité parlementaire plus douce et raisonnable pour des Français fatigués par tous les conflits d’une Assemblée minée par l’antagonisme entre trois blocs qui ne se parlent plus et dont il est important de sortir. Je souhaite en tant que députée travailler à une planification écologiste avec l’adhésion des populations, dans le cadre de la construction d’une Europe forte, souveraine dans sa production, sa défense et à la pointe de la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité. En tant que membre des Ecologistes avec la Majorité parlementaire, je souhaite soutenir la décarbonisation de l’économie ainsi que l’innovation verte car l’écologie ne doit pas signifier la fin du progrès. Je pense qu’il est important de porter une écologie qui vise aussi à réparer la nature. Ainsi, il est important que l’on entame une phase de dépollution et de nettoyage des sites naturels et océaniques mais aussi de rapatrier nos industries afin de limiter notre dépendance économique ainsi que la pollution due au transport long.

J’ai vécu ma vie à l’étranger, à chaque changement de pays, j’ai dû m’adapter, reconstruire ma vie, mes activités, affronté les aléas de l’emploi à l’étranger et des  activités artistiques. Ce vécu, cette histoire, cet amour de la France et de l’Europe, de la paix, je voudrais la mettre au service de nos compatriotes et porter la voix humaniste écologiste au Parlement et à travers le monde. Je voudrais pouvoir témoigner de cet engagement et avoir l’honneur de pouvoir représenter les Français établis hors de France à l’Assemblée nationale. Ceci est le sens de mon engagement et de ma candidature à cette élection.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ? 

J’ai passé une grande partie de ma vie à l’étranger, en Belgique, en Indonésie, en Russie durant mes années estudiantines pour ne citer que ces pays. Soutenue par EELV j’ai été élue Conseillère consulaire pour la circonscription Balkans Sud et Présidente du Conseil consulaire de Sofia en Bulgarie qui est un ancien pays satellite de l’URSS.  Je suis présente sur place et active auprès de la population des Français et Françaises de l’étranger, en particulier, au sein de la communauté éducative. J’ai conservé de la famille au Japon et je parle le russe, le bulgare et un certain nombre de langues slaves. Cette zone Russie Asie Pacifique, ma famille et moi-même l’a connaissons bien et j’espère donc pouvoir être un soutien efficace en faveur des Français expatriés de cette circonscription. J’ai aussi une expérience personnelle des régimes de certains des pays de la circonscription autrefois communistes ou toujours officiellement communistes et je comprends donc la logique de la montée des revendications de ces empires qui se reconstituent ou cherchent à s’étendre.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ?

J’ai passé de nombreuses années de ma vie à l’étranger, j’ai dû y trouver un travail, m’y adapter, faire scolariser mes filles et même y divorcer. Les difficultés administratives, l’augmentation du coût des lycées français, je l’ai vécu. De plus, de par mon élection à la présidence du Conseil des Français de l’étranger de Sofia, je suis, en charge du suivi de nombreux dossiers relatifs aux sujets qui intéressent le plus les Français de l’étranger au quotidien : bourses scolaires, projet d’expansion des lycées français de la zone, assistance aux Français de l’étranger en difficulté, notamment, victimes de violences conjugales. Je suis donc au cœur des préoccupation des Français de l’étranger, je connais leurs difficultés au quotidien.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Je crois que le mandat de député est un mandat national mais qui doit répondre aussi aux attentes de ceux que vous représentez à l’étranger. C’est pour cela que mon programme s’inscrit certes dans la majorité parlementaire mais reste très adapté aux préoccupations des Français de l’étranger : éducation, retraite, cotisations sociales, accès aux soins, entreprenariat. Je pense qu’il est important de défendre ceux que l’on représente ainsi, en tant que députée. Je refuserai donc la cotisation CSG à 150% des fonctionnaires expatriés qui est régulièrement avancée par le gouvernement. Face à cette dissolution, nous souhaitons nous inscrire dans une démarche de coalition afin de permettre une certaine stabilité parlementaire en tant qu’alternative centriste et écologiste à trois blocs trop antagonistes et qui refusent de se parler au détriment des Français. Je vois donc mon mandat de députée comme l’occasion de sortir de cette situation insoluble en permettant aux Français et aux Françaises de refuser d’être conduits à voter non par adhésion mais parce qu’ils ne pensent pas avoir le choix. Il existe une alternative au centre, paisible et raisonnée dont les médias parlent peu tant les débats sont dorénavant enfermés dans des caricatures parfois indignes de notre histoire républicaine.

Je souhaite aussi que l’éducation française à l’étranger soit quasiment gratuite pour les Français expatriés en œuvrant pour une dotation directe du ministère de l’Education nationale plus adaptée. Dans tous les cas, j’organiserai à l’Assemblée nationale et avec les Conseillers consulaires de la circonscription un pré-dialogue budgétaire afin que les enveloppes allouées correspondent aux besoins réels et que chaque famille reçoive les bourses auxquelles elles ont légalement le droit. J’œuvrerai afin que les enfants bénéficient d’une éducation humaniste de qualité.

Je soutiendrai la culture française en soutenant les associations francophiles, le programme FLAM (enseignement du français après la classe), les festivals ainsi que le rayonnement de la francophonie et du patrimoine français à l’étranger sera aussi l’une de mes priorités. Bien entendu, je n’oublierai pas la nécessité d’accompagner les entrepreneurs français qui ne bénéficient pas des mêmes dispositifs que les filiales étrangères des grands groupes français : je souhaite que soit entamée une véritable réflexion autour de la justice fiscale : les Français de l’étranger doivent être protégés à la hauteur de leurs cotisations.

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?

Cette circonscription fait partie des points dits chauds du globe avec la montée des frictions entre puissances : Russie, Chine pour ne citer qu’elles. Le dérèglement climatique a déjà aussi des effets notables avec la multiplication des incendies notamment en Australie. Les défis sont donc nombreux et de plusieurs ordres : diplomatiques, environnementaux, économiques. Dans tous les cas, je ferai de mon mieux pour répondre présente afin de soutenir la communauté des Français de l’étranger tout en préconisant un apaisement à l’Assemblée nationale.  

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

Je suis une personne qui vit à l’étranger depuis plus de 30 ans avec des changements de pays au sein de mon parcours. Europe Egalité Ecologie ! a mis à ma disposition une équipe de campagne d’une grande efficacité, ma directrice de campagne possède également une grande expérience  concernant le digital. Afin d’équilibrer géographiquement et en termes de génération ma candidature, j’ai choisi comme suppléant  Nayel Herbal, 22 ans, qui est étudiant en informatique en Australie. Il apporte une vision pratique sur la reconnaissance des diplômes, les visas et mutuelles estudiantines très intéressantes. Il fait campagne avec moi. Nous continuerons notre collaboration si je suis élue. 

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?

Si les Françaises et les Français de ma circonscription me font l’honneur de m’élire pour être leur députée et les représenter à l’Assemblée, je défendrai l’existence d’une culture de la coalition afin de permettre à la France d’avancer et de pacifier sa vie politique. En tant que députée je défendrai leurs intérêts en soulevant la question du prix de l’éducation, de la nourriture bio dans les cantines scolaires, du soutien aux entrepreneurs, des retraites, du système de protection de la santé, de la prise en charge de la dépendance et du handicap y compris à l’étranger, afin d’améliorer les dispositifs existants pour plus de justice sociale. Je défendrai véritablement les points qui les concernent au plus près même si bien sûr je n'oublierai pas de représenter le reste de la nation en soutenant le pouvoir d’achat de tous les Français et les mesures sociales qui s’imposent. Un Français de l’étranger doit aussi voir son retour facilité : l’un de mes axes de travail sera aussi la question de l’allègement administratif et du soutien des Français réinstallés en France ainsi que la fin des délais de prescription pour les services rendus à l’étranger dans le calcul des retraites. Enfin, et ce ne sera pas la plus mince des affaires, je lutterai contre la double imposition ainsi que pour la signature de conventions bilatérales en matière de fiscalité et de retraite notamment avec l’Australie afin de faciliter la vie des expatriés des deux pays et bien sûr avec tous les autres pays. Pour cela, je resterai en lien avec les associations de représentation des Français de l’étranger. Je tâcherai de mon concentrer sur ces points concrets-là et de ne pas entrer dans les invectives des trois principaux groupes actuels qui par cette attitude peu constructive qui risque de diviser durablement les Français.

 

 

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