Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Odile Mojon Cheminade, candidate du parti Solidarité et Progrès pour la 10ème circonscription (Afrique du sud, Bénin, Emirats Arabes Unis, Egypte et le reste de l'Afrique), a répondu à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis une militante de longue date à Solidarité et Progrès qui défend le droit au développement sous toutes ses formes pour chaque nation et chaque individu, le rejet de toute idéologie du sol, du sang ou de la race et a fait sienne la vision de Jean Bodin, lorsque celui-ci affirmait « il n’est de richesse que d’hommes ». Etant la femme de Jacques Cheminade (qui se présente dans la 11ème circonscription des Français de l’étranger), je peux dire que j’ai été aux premières loges de ses trois campagnes présidentielles, ce qui m’a permis de comprendre combien la vie politique française est faite d’apparences et s’applique à empêcher l’émergence de nouvelles idées. Cela se fait à bas bruit, en érigeant des barrières qui vont depuis le non accès aux médias, le coût des élections et une législation qui défavorisent les « petits ».
Je me suis consacrée également aux questions relatives à la culture (surtout la musique), à l’éducation et, depuis six ans, j’ai été amenée à m’intéresser tout particulièrement à l’Asie du Sud-Ouest.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives et quel est votre rapport avec cette circonscription ?
Je suis d’abord candidate pour défendre la paix dans le monde, alors que celle-ci est partout menacée. Je ne suis donc pas seulement contre la guerre mais pour créer les conditions de la paix par le développement et la sécurité mutuels. Dans ma circonscription, tout particulièrement, une voix pour la paix s’impose, pour un système gagnant/gagnant.
J’ai déjà été candidate dans cette circonscription que j’ai appris à connaître et que je trouve passionnante. Elle s’étend sur deux mondes distincts dont chacun détient une part importante de l’héritage humain : en Afrique, le berceau de l’humanité ; au Moyen-Orient, l’un des foyers majeurs de la civilisation.
Ce sont des éléments qu’il ne faut pas négliger en ce 21ème siècle et qui doivent aider ces régions à développer une dynamique interne qui convienne à leur caractère et à leur histoire. Pour autant, toute l’histoire humaine montre que les grandes périodes de développement ont été nourries par les échanges, et c’est là où les Français de l’étranger peuvent faire la différence dans une approche gagnant/gagnant.
Je suis consciente que ce sera pas facile car la France, en tant qu’ancienne puissance coloniale et qui, malheureusement, n’a toujours pas compris qu’il fallait tourner définitivement cette page, s’est aliénée de nombreux pays qui attendaient autre chose d’elle. Il est quand même frappant, et honteux, que selon un rapport de l’ONU sur l’indice de développement humain, les pays francophones d’Afrique soient classés parmi les plus pauvres du monde et que perdure le système colonial du franc CFA.
Dans ce contexte, aucune coopération authentique ne sera envisageable s’il n’y a pas une « révolution copernicienne » de la France vis-à-vis de l’Afrique. Je considère ma candidature comme un levier pour opérer cette « révolution ».
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ?
J’ai moi-même été une Française à l’étranger, ayant vécu cinq ans en Allemagne, mais c’était évidement très différent du simple fait qu’il s’agit d’un pays européen. Pour les Français de l’étranger dans des pays non-occidentaux, c’est autre chose et le désengagement global des services de l’Etat y pose des problèmes autrement plus difficiles. Là encore, la clef se trouve dans le rétablissement d’une volonté politique et d’une ambition digne de ce nom en terme de politique étrangère.
Comment voyez-vous le mandat de députée ?
Etre en contact avec nos compatriotes de l’étranger, les connaître, mobiliser autant que faire se peut cette « France d’ailleurs » qui a forcément un regard autre sur le monde. Soutenir le type de projets que j’ai exposé dans ma profession de foi et la coopération de la France dans ceux-ci : le plan Oasis pour résoudre la question de la sécheresse, de l’accès et du partage de l’eau à l’échelle de tout le Moyen-Orient ; le projet Sula Ya Amani (relier le Nil, le Congo et le Zambèze) dans la région des Grands Lacs pour la production d’électricité et le transport des pondéreux.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?
Les situations sont radicalement différentes d’un pays d’accueil à l’autre. Entre la vie à Dubaï et celle en RDC, il y a un gouffre. Pour ceux qui vivent dans les pays confrontés à des crises ou des guerres, la difficulté d’accéder à l’aide consulaire ou tout simplement les questions de sécurité sont évidemment un défi en tant que tel, mais au-delà des cas spécifiques ou des problèmes communs à tous les expatriés, comme les formalités administratives, la fiscalité, la santé, l’école (etc.), je pense qu’en définitive, le vrai défi est celui de la confrontation avec une autre culture et de pouvoir, notamment pour ceux qui reviennent en France, réussir un amalgame harmonieux et enrichissant pour soi et les autres entre sa propre culture et celle du pays d’accueil.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
C’est une campagne minimaliste dans un contexte où les candidats ne disposent même pas de 15 jours pour faire campagne …
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?
En France, il faudra tout d’abord faire un travail considérable « d’éducation » tant auprès de mes futurs collègues à l’Assemblée nationale que de la population. Non seulement il n’y a quasiment plus, en France, de discussions sur les questions fondamentales mais tout est dominé par une vision franco-française très étroite et sans perspective. La population « baigne » là-dedans et les médias ne font rien pour aider. Ce sera donc un axe des plus importants.
En réalité, il s’agit de susciter un changement de politique face à l’émergence d’un monde nouveau qui se met en place pendant que la France se morfond dans des débats secondaires. La question se résume à savoir si nous voulons que ce nouveau monde qui est déjà-là se construise avec, ou sans nous.