Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Joël Heslaut, candidat de centre droit indépendant, pour la 3ème circonscription (Royaume-Uni, Irlande, Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Islande, Lettonie, Lituanie, Estonie), a répondu à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Avocat d’affaires, spécialiste du droit de l’informatique et de la propriété intellectuelle, j’ai conduit ma carrière dans le domaine des nouvelles technologies depuis 35 ans, à la fois dans de grands cabinets d’avocats, mais aussi comme avocat indépendant et entrepreneur de petite structure. Veuf, quatre enfants adultes, je vis en région parisienne.
Étudiant, j’ai été élu au Conseil de mon université (Paris XI Sceaux) pendant cinq années. J’ai aussi milité pendant toute ma vie étudiante à l’UDF aux côtés d’Henri Heliot, Maire Adjoint aux Finances d’Antony. Puis en tant que parent d’élève impliqué, j’ai été, pendant plusieurs années, président d’APEL et membre du Conseil départemental des APEL dans les Hauts de Seine.
Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Depuis sept ans, la politique du "en même temps" n'a pas réussi à nous unir ni à favoriser le débat démocratique. Elle a souvent aggravé les divisions et n'a pas résolu nos problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Cette dissolution est risquée. Elle pourrait donner le pouvoir aux populistes et détruire nos acquis économiques. Je ne me résous pas à ce qu’il n’y ait d’autre choix que celui des extrêmes ou celui de revenir au macronisme alors qu’il a perdu la confiance des Français es.
Lorsqu’interpellé dans la rue par des militants politiques, je leur demande s’ils ont lu la Constitution une fois dans leur vie, s’ils ont connaissance de l'équilibre des pouvoirs édicté notamment pas ses articles 5 et 21. Ils n’en ont malheureusement aucune connaissance. Comment faire de la politique si l’on n’a aucune conscience de la portée du texte fondateur de nos institutions ?
Ces militants ne sont pas les seuls ignorants, combien de politiques de haut rang ne connaissent pas ces règles ou les foulent aux pieds sans vergogne. L'équilibre qui fait la force de la Cinquième République, esquissé dès 1946 par le Général de Gaulle dans le discours de Bayeux, fait du Président de la République le garant des institutions et l’arbitre du jeu. Pas un joueur de champ !
L’action : déterminer et conduire la politique de la nation, c’est le rôle du Gouvernement qui doit recueillir en tout temps la confiance des représentants du peuple qui forment l’Assemblée Nationale. C’est le dévoiement de notre texte fondateur depuis bien longtemps maintenant qui est la source de la situation actuelle. Le peuple français qui n’est plus entendu ni représenté ne sait plus exprimer sa frustration que dans les votes extrêmes. Pas besoin d’une Sixième République, revenir à l’esprit du texte sera suffisant et efficace pour que les Français es se sentent à nouveau entendus. À condition bien sûr que leurs représentants ne soient pas des godillots de l’exécutif en place !!!
Plutôt que de déplorer cette situation, j’ai décidé d’agir pour faire entendre une autre voix, comme quelques autres candidats centristes et indépendants. Pour porter la parole des Français es qui ont, comme moi, le souci de la démocratie et du bien public, il n’y a pas de meilleur lieu que l’Assemblée Nationale, en rejoignant le groupe LIOT*. Face aux extrêmes qui se rapprochent du pouvoir, la lutte de tous les jours pourra s’organiser pied à pied dans le travail législatif et parlementaire.
Européen convaincu, je suis partisan du libéralisme comme nécessité pour coller aux réalités économiques. Mon aversion des extrêmes me motive aussi énormément, dans le contexte actuel français. Je pense aux populismes de gauche et de droite qui ont déjà fait tant de mal à l’Angleterre lors du Brexit. Ni inféodé ni encarté, mon seul souci sera les électeurs qui m’auront élu.
Je ne suis donc pas un politicien professionnel, mais j’ai le sens de l’écoute inhérente à mon activité de conseil, et une force d’engagement que je souhaite mettre au service de la défense des valeurs de liberté, de justice et de solidarité auxquelles je crois et que je sens menacées. Avoir travaillé dans le privé, dans de grands cabinets (EY par exemple), mais aussi comme dirigeant de ma propre structure m’a appris à être à la fois pugnace et pragmatique.
Et surtout je ne brigue pas de hautes fonctions administratives, ma carrière d’avocat est dans sa dernière ligne droite, elle m’a permis d’acquérir des compétences particulières, un tissu relationnel dans une multitude d'entreprises qui seront des atouts pour conduire mon mandat à la conduite duquel je pourrais me consacrer pleinement. Je serai votre député et seulement votre député.
Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
J’ai de la famille et des amis surtout à Londres et mes activités professionnelles sont souvent en relation avec Londres mais aussi la Suède et la Norvège. Et, petit clin d’œil, je suis l’heureux maître de deux adorables English Springer Spaniels.
Lorsque j’ai évoqué, avec mes amis et mes proches, mon envie de m’engager, Maylis, une Française vivant à Londres m’a poussé à me présenter dans sa circonscription pour représenter les Français es à l’étranger. Elle m’a dit, “ j’ai confiance en toi, je ne veux plus de ces apparatchiks qui, sitôt élus, se précipitent pour occuper un poste de haut fonctionnaire à Paris”.
Les circonstances de cette dissolution, l’urgence qui en résulte et ma volonté de ne pas être inféodé à un appareil politique, m’ont convaincu que je fais le bon choix qui me permet de pouvoir me présenter devant les électeurs de la 3e circonscription des Français es à l’étranger sans les contraintes du vote dans les bureaux physiques.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français et des Françaises de l'étranger ?
Si mes activités professionnelles sont très souvent en relation avec les préoccupations des Français·es de l'étranger, que ce soit pour l’exercice de leurs droits d’auteurs ou de leur liberté d’expression, les questions liées à leur mobilité professionnelle, leurs préoccupations fiscales, leurs soucis d’entrepreneurs, ma conscience de citoyen l’est tout autant.
Je pense, après les échanges que j’ai pu avoir avec des membres de ma famille ou des amis proches vivant dans cette situation, qu’il est indispensable que leurs voix soient entendues et que ces circonscriptions n’ont pas seulement été créées pour fournir à l’Assemblée Nationale 11 sièges faciles à gagner pour le Gouvernement en place.
Ma volonté est de faire entendre leurs voix, la voix de ceux qui, pour des raisons familiales ou professionnelles, vivent dans ces pays. La voix de ceux qui savent, parce que justement ils vivent dans des pays qui sont pour la plupart des exemples de l’importance du débat parlementaire, que le débat démocratique ne doit pas être confisqué par un pouvoir exécutif dominateur. La voix de ceux qui doivent conjuguer l’adoption de leur pays d’accueil et l’attachement à leur pays français en naviguant à vue dans les préoccupations quotidiennes.
Comment voyez-vous le mandat de député ?
Le député n’est pas un relais parachuté dans une circonscription gagnable par un parti qui a besoin de sièges pour s’assurer une place au gouvernement et qui oublie ses électeurs dès qu’il est élu.
Un député est élu par des citoyens pour les représenter à l’Assemblée Nationale, il doit y être présent, participer aux travaux de l’Assemblée, s’impliquer dans l’élaboration des textes législatifs, veiller à la sauvegarde des intérêts communs de sa circonscription.
Il doit aussi être présent, écouter ses électeurs, s’assurer que leurs préoccupations sont relayées grâce à l'influence que peut avoir leur député.
Si je suis élu, je sais que je devrais mettre mon Cabinet d’avocat entre parenthèses pour consacrer l’essentiel de mon temps à mon mandat. Je m’organiserai pour être le plus souvent possible auprès de mes électeurs, non seulement à Londres où j’ai effectivement le plus de relations et amis, mais aussi à Copenhague, Dublin, Édimbourg, Helsinki, Oslo, Reykjavik, Riga, Stockholm, Tallin et Vilnius.
Nous avons déjà établi avec mon équipe un planning annuel qui me permettra de tenir une permanence au moins une (j’espère deux) fois par an dans chacune de ces villes.
Mais avant tout, je mettrai en place une solution de communication électronique au moyen de laquelle tous mes électeurs pourront s’adresser à moi et suivre le travail de leur député. Je souhaite également organiser une plateforme participative dans laquelle des électeurs volontaires pourront participer réellement à mes travaux.
Je demande aux citoyens de m’élire, mais cela ne s’arrêtera pas là, je leur demanderai aussi de participer à l'accomplissement de mon mandat, par leur investissement à porter les sujets qui les concernent réellement. Comme il n’est pas nécessaire de réinventer la roue à chaque fois qu’on en a besoin d’une, je m'appuierai sur les travaux remarquables du Ministère des Affaires Étrangères et notamment le “Rapport annuel du gouvernement sur la situation des Français es établis hors de France” pour servir de fil conducteur aux travaux de cette plateforme participative.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?
Il faudrait bien sûr distinguer parmi eux ceux qui vivent dans ou hors l’Union européenne. Sur certains points ce sont les mêmes défis, pour d’autres points, la situation est encore plus compliquée notamment en raison des conséquences du Brexit. Pour tous, il y a les défis personnels du quotidien, et parmi ceux-ci les questions d’éducation et de retraite sont primordiales.
En particulier les difficultés rencontrées lors du retour en France que ce soit pour la reconnaissance de l'expérience professionnelle acquise à l'étranger, les questions liées à la réintégration de leurs enfants dans le système éducatif français, scolaire ou supérieur, enfin les questions liées à la réinstallation en métropole pour leur retraite.
Sur place, les questions fiscales, notamment la double imposition, touchent tous nos compatriotes à un moment donné, plus particulièrement si, dans un couple installé à l’étranger, l’un des époux continue de percevoir des revenus français. La situation peut rapidement devenir inextricable.
La famille et l’éducation, sont des sujets dans lesquels je me suis impliqué pendant des années, peut aussi être un parcours du combattant, est aussi un défi du quotidien pour les familles installées à l’étranger. Choisir de laisser ses enfants dans le système éducatif français quand cela est possible, d’opter pour des écoles bilingues quand elles existent ou s’immerger totalement dans le système éducatif local, par choix ou par nécessité. C’est vraiment une question cruciale qui mériterait plus d’attention et d’aide des autorités françaises, clarifier et étendre les possibilités de bourses serait aussi un sujet à explorer. Enfin la question de la naissance, voire de l’adoption pour les familles installées à l’étranger est également un sujet sur lequel je suis très sensibilisé.
Pour tous aussi la question de la sécurité est un sujet majeur, tous en tous pays peuvent bénéficier de la compétence des tribunaux français s’ils sont victimes d’un crime ou d’un délit à l’étranger, certaines infractions comme le négationnisme ne sont pas poursuivis partout comme en France, pour que de tels actes puissent être au moins poursuivis, pour que les victimes soient reconnues, il faut mettre en place un parcours aisé et soutenu pour tous les ressortissants français afin de pouvoir porter plainte rapidement pour des faits de cette nature dont ils seraient victimes sur leur lieu d'installation.
Enfin, et ce n’est pas le moindre des sujets, le lien à la culture française reste un défi primordial, comment assurer une éducation biculturelle à ses enfants sans immersion dans une sphère culturelle française. Le soutien à tous les acteurs de la culture française devrait être une priorité, on voit bien que ce n’est plus le cas et que cela le sera encore moins si d’aventure le RN arrivait au pouvoir avec Mokhtar-Ciotti dans les bagages.
Pour ceux qui vivent au Royaume-Uni, mais aussi indirectement en Irlande, la plaie du Brexit n’est pas refermée.
Que ce soit sur le statut de résident, l’accès au NHS ou même le marché du travail et la reconnaissance des diplômes, tout est devenu problématique au quotidien. Même les voyages en France ou l’achat de produits français sont devenus des parcours d'obstacles.
C’est pour cela que je souhaite aiguillonner sans relâche le futur gouvernement pour qu’il prenne la tête des négociations que le Labour veut conduire avec l’Union européenne afin de rétablir enfin avec le Royaume-Uni une vraie relation de partenariat et de confiance,
Plus loin des questions quotidiennes individuelles, les défis liés à la situation politique internationale. Les Français es de l’étranger seront toujours les plus directement impactés par les décisions diplomatiques de la France. Les Français es des pays baltes sont sujets des décisions liées à la guerre en Ukraine, les Juifs Français de Londres le sont à raison des prises de position du gouvernement sur la situation dans la Bande de Gaza. Qu’en sera-t-il pour eux demain si le Nouveau Front Populaire vient au pouvoir et reconnaît la solution à deux états ?
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Par choix, nous n’avons pas voulu nous encarter, nous ne pouvons donc disposer des moyens des partis en place ni de leur relais consulaire.
Nous avons une équipe de campagne réduite, Sophie Wiesenfeld, à Londres, fondatrice d’Hexagon Society, est ma directrice de campagne, elle met aussi à notre disposition son vaste réseau local. Nous nous appuyons aussi sur nos proches, famille, amis, relations professionnelles, dans les grandes capitales pour relayer notre message.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
Rejoindre le groupe LIOT, pour ne pas être un député isolé sans temps de parole. Le groupe parlementaire LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Ce groupe parlementaire, avec des figures comme Charles de Courson, regroupe des parlementaires déterminés à construire une République plus humaine, plus écologique, plus juste et plus solidaire qui se retrouvent dans la défense des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. En rejoignant le seul groupe de députés réellement libres et indépendants qui a montré, tout au long des dernières législatures, sa capacité à agir, je pourrais ainsi disposer des moyens d’exprimer pleinement la parole que vous me demandez de porter (https://www.groupeliot.fr/déclaration-politique).
Mettre mon expérience professionnelle au service du travail législatif, notamment pour les textes adressant les technologies de l’information, la protection des données personnelles, mais aussi les questions touchant aux libertés publiques et aux grands sujets sociétaux. Je m’attacherai aussi à rendre d’actualité les questions entrepreneuriales des Français es de l’étranger, une entreprise créée à l’étranger par un français, né et formé en France, est un outil du rayonnement de la France, au lieu de mépriser ces créateurs il faut les soutenir, les aider pour que l'investissement de la nation dans le système éducatif soit reconnu et devienne, pour les étrangers, attractif. J’aimerais aussi porte l’idée d’un guichet unique, qui regrouperait en un seul lieu toutes les démarches utiles au départ ou au retour : légalisation, couverture sociale, impôts, retraite, écoles, douanes, état-civil, etc. guichet unique qui viendrait compléter de manière pratique les efforts de dématérialisation déjà entrepris par les Services Consulaires.
Être aussi vigilant sur tout ce qui concerne mes électeurs, la fiscalité, la retraite, l'éducation notamment dans leurs aspects transfrontaliers. Je pense en particulier m’attacher à faire avancer les questions liées aux problèmes rencontrés par les expatriés à leur retour en France comme leurs droits à la retraite, le retour de leurs enfants dans le système éducatif. Se poser aussi la question des assurances volontaires et, avec l’appui de l’État, mettre sur la table cette question pour qu’une offre privée, financièrement raisonnable, voit enfin le jour. L’État s’est préoccupé avec succès des mutuelles en France, il est temps qu’il fasse la même chose pour nos compatriotes à l’étranger.
Œuvrer depuis l’Assemblée pour le rayonnement et la diffusion de la culture et de l’éducation françaises fera aussi l’objet de mes priorités. Je soutiendrai donc activement toutes les initiatives culturelles ou éducatives locales auprès des instances centrales, Ministère de la Culture, Ministère de l'Éducation, etc.
En pratique, au sein de l'Assemblée Nationale, et selon les priorités du groupe auquel je souhaite appartenir, je présenterai ma candidature par ordre de priorité, à la Commission des Lois, Commission des Affaires Européennes ou Commission des Affaires culturelles qui sont pour moi, celles où la représentation des électeurs de cette circonscription sera la plus utile.
Pour conclure, je citerai Clémenceau, immense parlementaire s’il en fut : « Le Parlement est le plus grand organisme qu’on ait inventé pour commettre des erreurs politiques, mais elles ont l’avantage supérieur d’être réparables, et ce, dès que le pays en a la volonté. » Les erreurs qui nous ont menées à la situation actuelle sont effectivement réparables si la volonté du peuple porte à l’Assemblée des représentants qui auront le courage de porter leur voix et leurs désirs de changer les choses pour revenir à l’essence même de notre Constitution et qu’enfin les députés jouent leur rôle pleinement leur rôle, seulement leur rôle.