Alors que le premier tour de la présidentielle 2022 approche, nous sommes allés à la rencontre des 12 prétendants à l’Elysée. "Ticket paysan", réforme fiscale, création d'une Agence des Français de l'étranger... Jean Lassalle, candidat du parti Résistons !, a répondu à nos questions.
Un président qui retisse les liens des Français entre eux
Quel président voulez-vous être pour les Français ?
Un président qui retisse les liens des Français entre eux, qui commence à combler le fossé des inégalités et reconstruit une véritable politique d’aménagement du territoire pour retrouver un équilibre indispensable à un développement harmonieux. En finir avec les métropoles, les déserts médicaux, la concentration des richesses et des emplois sur quelques points du territoire. Et cela vaut autant pour l’Hexagone que pour nos territoires ultramarins. Construire une véritable décentralisation politique et non pas de gestion pour recréer de vraies libertés locales et rendre possible la prise de décision au plus près du terrain. Refaire de la commune le lieu de la décision et en finir avec les intercommunalités qui confisquent le droit des citoyens à élaborer les politiques dont ils ont besoin. Pour l’Outre-mer, préparer une fonction publique où les locaux seront majoritaires et formés pour assurer le bon fonctionnement de nos collectivités territoriales. Des choix qui avant tout cherchent à en finir avec notre monarchie-républicaine et peut-être réfléchir au retour d’un mandat de 7 ans.
Quelles sont les trois priorités de votre projet présidentiel ?
Campagnes de France, grande cause nationale : révision de la distribution des aides de la PAC, arrêt de la spéculation foncière dans les zones en tension, le « ticket paysan » à l’image du « ticket restaurant » pour soutenir les circuits courts.
Une France sûre et paisible, c’est-à-dire revoir toute notre politique de sécurité intérieure. Partout faire régner l’ordre républicain. Changer la formation et le recrutement des membres de nos forces de l’ordre. Créer un corps indépendant de contrôle de celles-ci. Lutter contre la délinquance sous toutes ses formes : de la fraude fiscale aux violences faites aux femmes en n’oubliant pas la prévention et des réformes sociales qui en luttant contre la grande pauvreté et les inégalités aideront à faire diminuer les individus en capacité de choisir de construire leur vie en violation des lois et de la morale.
Une grande réforme fiscale pour faire en sorte que l’impôt progressif remplace les taxes dans les recettes de l’Etat et des collectivités locales
Une grande réforme fiscale pour faire en sorte que l’impôt progressif remplace les taxes dans les recettes de l’Etat et des collectivités locales. La TVA ou la taxe sur l’énergie sont d’une autre époque. Nous avons une fiscalité du XIXème siècle au XXIème siècle. Un exemple : sortir de la fiscalité les carburants, le gaz et l’électricité, plus de taxes, plus de TVA. Il y a quelques siècles nous avions des taxes sur le sel, elles ont disparu, donc nous repensons ce problème pour rendre du pouvoir d’achat aux Français.
Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement actuel (et notamment sur les mesures prises pour les Français de l’étranger) ?
Après les premiers rapatriements en urgence qui ont été assez bien organisés il y a eu un flottement. Les problèmes des Français de l’étranger étaient les mêmes que ceux de l’hexagone en pire.
Quels sont, selon vous, les principaux défis rencontrés par les Français de l’étranger ?
Selon les zones il y a un réel problème de sécurité des Français à l’étranger et cela est dû en grande partie à notre politique étrangère. Sur place les consulats doivent revoir leurs missions de conseils et d’appuis à nos ressortissants. Il faut aussi penser au retour des personnes après un séjour et là il y a tout à faire. De plus sur un plan symbolique il faut aider à une véritable préparation au départ, nous sommes une ancienne puissance coloniale et nous vivons avec énormément de préjugés sur l’étranger.
Nous créerons une Agence des Français de l’étranger au sein du ministère des Affaires Etrangères
Quelles sont les mesures que vous aimeriez mettre en place en faveur des Français de l’étranger ?
Création d’une Agence des Français de l’étranger au sein du ministère des Affaires Etrangères : un guichet unique pour répondre à toutes les questions des expatriés. Pour préparer les installations à l’étranger autant pour les particuliers que les entreprises. Inclure une cellule sécurité pour faire face à toutes les situations de crise.
Comment voyez-vous le rôle de la France et son rayonnement sur la scène internationale ?
Avec la guerre entre l’Ukraine et la Russie et les différents votes dans les instances internationales, nous avons vu l’isolement des occidentaux. Notre intervention au Sahel nous a coupé des populations de cette zone. Notre influence au Maghreb est en perte de vitesse. Nous pourrions multiplier les constats alarmants.
Il faut refonder notre politique internationale et repenser nos alliances. Reconstruire notre politique de coopération : coopération étatique et coopération décentralisée. La France doit cesser de soutenir des régimes honnis pour redevenir le soutien des peuples en lutte pour leur développement et leur dignité. Un exemple : nous ne disposons pas de moyens financiers très important mais par solidarité nous devrions nous investir dans un plan de soutien massif envers deux pays proches : Haïti et le Liban. Faire le choix de la souveraineté et revenir à une politique d’équilibre entre les blocs. Sortir d’une forme de vassalité envers les Etats-Unis et aider à l’émergence d’une UE rénovée en engageant un cycle de négociations dans tous ses domaines de compétences : la concurrence, la participation de la France au budget de l’Union, etc.
Faire de la France une puissance de paix et pour cela mettre fin par exemple à la fourniture d’armes à des pays comme l’Arabie Saoudite
Entamer la réforme de toutes instances de promotion de la Francophonie. Revoir nos différents accords de défense et de coopération militaire. Faire de la France une puissance de paix et pour cela mettre fin par exemple à la fourniture d’armes à des pays comme l’Arabie Saoudite engagée dans une guerre au Yémen. Changer notre rapport au monde c’est commencer à reconstruire une politique d’échanges et de coopérations équilibrée et refuser le rapport dominant-dominé qui nous conduit à « La haine de l’Occident », titre du livre excellent de Jean Ziegler, paru en 2008 chez Albin Michel.
Quelle est, selon vous, la place des Français de l’étranger dans la société française ?
Ils sont chacun à leur manière nos ambassadeurs. Un lien important, des yeux et des oreilles pouvant nous alerter sur les changements du monde. Le rôle d’une Agence des Français de l’étranger c’est aussi de collecter leurs différences expériences et faire évoluer nos pratiques d’accompagnement.
Un point que vous n’avez pas abordé mais qui me parait important : le départ toujours plus nombreux de jeunes diplômés pour faire carrière à l’étranger et souvent des départs définitifs. Je pense par exemple aux jeunes chercheurs, un de nos derniers prix Nobel, Stéphane Bancel. Alors oui à une mobilité et une multiplication des échanges et à des expériences mais attention à une hémorragie de nos « cerveaux ».
Dernier point, nous avons des jeunes filles et des jeunes gens issus de l’immigration, ils sont une richesse pour notre pays et il faut les aider à devenir des ponts avec les pays d’origine de leurs parents. C’est un beau défi à relever.