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De la Vendée à la Chine, Louise réalise son rêve en parcourant 20.000km

Louise Boudaud vient de terminer la traversée de l’Europe et de l’Asie, son objectif depuis 2019. Après 14 mois de voyages et de rencontres, elle réalise son rêve, parcourant la majorité du trajet à pied pour rejoindre Chengdu, la ville de son échange universitaire. Elle nous raconte son périple de 20.000 kilomètres, qui a changé sa vision du monde

Louise marcheLouise marche
Écrit par Aurélien Fort
Publié le 18 octobre 2024, mis à jour le 26 octobre 2024

 

“Je suis arrivée à Chengdu, en Chine”, le 1er octobre 2024, après 14 mois de voyage principalement à pied, Louise Boudaud, 27 ans, a réussi son objectif : rejoindre Chengdu, ville qu’elle a connu en 2019 lors d’un échange universitaire. Partie le 1er août 2023 depuis sa terre natale, la Vendée, avec son sac de 12kg sur le dos, elle traverse 17 pays pendant son périple. Pour réaliser son aventure, Louise s’est imposée quelques règles : “faire 30 kilomètres par jour maximum et 20 en moyenne” ou celle de “partir quand le soleil se lève et m'arrêter deux heures avant le coucher du soleil, pour avoir le temps de demander l’hospitalité aux habitants.”

 

Louise avec son sac à dos

 

 

 

Un périple vers la Chine mûrement réfléchi

Revenir à Chengdu, Louise souhaite le faire depuis 2019. Alors en école de commerce à Rouen, la jeune femme veut découvrir l’Asie. Elle sélectionne toutes les universités en Chine que son école propose. “J’ai été acceptée dans l’université Chengdu, dans la région du Sichuan, une province tout à l’ouest, proche du Tibet.” Louise part étudier durant 6 mois dans l'université chinoise. À son retour en France, elle s'interroge et se dit : “Je connais deux pays : la France et la Chine, mais entre les deux je ne connais pas du tout”.  Pour aller à la découverte de l’Europe et de l’Asie, la voie terrestre est l’option la plus évidente pour Louise. Le choix de la faire à pied ? “La marche était le moyen le plus authentique de faire ce périple et le plus simple pour aller à la rencontres des locaux. Mon objectif est de voir la vie dans les villages, pas d’aller visiter les capitales”. 

 

Louise classe turquie
Accueillie par une professeure d'anglais en Turquie, Louise explique son projet aux élèves.

 

 

 

Une première étape de sept mois vers Istanbul

“À mon départ de ma petite ville vendéenne, Château-Fromage, le 1er août 2023 jusqu’à Istanbul, mi-février 2024, j’ai mis sept mois pour traverser l’Europe”. Pour parcourir le vieux continent Louise passe par l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Serbie et la Bulgarie. Elle qui n’a pas pour objectif de réaliser un challenge sportif, avoue : “J’ai pris mon temps, je n’ai pas hésité à faire des détours, avant d’arriver à Istanbul, je suis passée par la Mer Noire. Je n'ai jamais marché en ligne droite.” Arrivée en Turquie, Louise en profite pour faire une pause afin de soigner sa cheville “je ressentais des douleurs depuis la France. À Istanbul, j’ai consulté un médecin qui m’a annoncé un vrai risque de blessure, si je continuais comme ça”. Alors, elle prend la décision de monter dans un bus vers la Géorgie “le choix le plus compliqué” de son voyage. “Mais je n’ai pas regretté car j’ai pu profiter de la Géorgie au maximum, ce pays est une révélation pour moi. Tout était somptueux, de la mentalité des locaux aux paysages.”

 

Expatriation dans le Caucase, sous le charme authentique de la Géorgie

 

Louise yourte

 

 

 

Cap sur la Chine depuis le Caucase 

Depuis la Géorgie, Louise reprend la marche en traversant l’Arménie. Lors de son passage en Russie, elle rencontre un voyageur portugais qui l'emmène, en van, jusqu’au Kazakhstan. “Quand je suis arrivée dans le désert du Kyzylkoum, j’ai pris la décision de prendre le train. À ce moment-là je ne me sentais pas de faire 200 kilomètres en autonomie. Mon objectif est de faire des rencontres… Errer dans le désert ne m’intéressait pas.” Lors de son arrivée sur la route du Pamir, séparant le Tadjikistan à l'Afghanistan, elle partage le trajet avec deux Françaises rencontrées lors de son voyage. Une étape particulière pour Louise, qui travaille, en France, pour une entreprise aidant les personnes réfugiées, dont des Afghans, à s’intégrer à la société :  “La traversée du Pamir était exceptionnelle. Même si je n’étais pas en Afghanistan à proprement parler, voir cette région m’a fait un choc et m'a bouleversé. J’ai pris conscience d’une réalité, en voyant les conditions de vie des habitants.” Louise finit son trajet vers la Chine avec la traversée en stop du Kirghizstan : “Je suis arrivée dans ce pays, en août 2024. À ce moment-là de l’année, les Kirghiz sont nomades. J’ai eu la chance de partager avec eux des journées dans des yourtes, où j’ai été chaleureusement accueillie.” Finalement Louise atteint le bout de son périple le 1er octobre 2024 : “Je suis arrivée à Chengdu le 1er octobre 2024, à présent je profite d’être sur place pour visiter le pays, en bus ou en train.”

 

Afghanistan
Village d'Afghanistan

 

 

 

Traverser l’Europe et l’Asie seule et à pied en tant que femme

“J’ai rarement eu peur, je n’ai été agressée qu’une seule fois. En revanche, voyager seule en tant que femme est une épreuve. Au départ, j'étais dans le déni, mais très vite je me suis rendue compte de la vérité.” Pendant tout son voyage, Louise a fait face aux mêmes interrogations “Pourquoi tu n’es pas mariée ? Pourquoi tu n'as pas d’enfants ? Qu’est-ce que tu fais là toute seule ?” Malgré l’hospitalité des locaux, les remarques sur sa manière de faire ont insupporté Louise : “Des hommes venaient m’expliquer comment faire alors que cela fait des mois que je marche seule.” Pour se protéger de potentielles agressions ou remarques, des femmes font le choix de porter des alliances ou de dire qu’elles sont mariées. Hors de question pour Louise : “Je me dis que si quelqu'un veut vraiment m'agresser, il ne va pas faire attention à mon alliance”. 

 

Louise en Chine

 

Les rencontres avec d’autres femmes dans des pays aux cultures parfois éloignées ont permis à Louise de s’intéresser à leur vie : “Quand je dormais chez l’habitant, j’essayais de discuter avec les femmes car si j’étais étonnée de leur situation, elles l’étaient tout autant de la mienne”. En traversant les villages reculés d'Arménie, où la vie des femmes semble toute tracée, Louise se souvient d'une femme indépendante rencontrée dans la capitale qui l'a profondément marquée. : “À Erevan, les mentalités n’avaient plus rien à voir. J’ai passé la journée avec une femme travaillant pour le ministère de l’Économie, qui ne veut pas d’enfants, pas de mari. Voir les deux opposés à quelques dizaines de kilomètres m’a fait un choc.” 

Après avoir passé un an sans rien partager sur les réseaux, relayant seulement des nouvelles à ses proches via un groupe WhatsApp créé pour l’occasion, le prochain objectif pour Louise : “À mon retour, j’aimerais raconter ce que j’ai vécu dans un livre.”

 

 


DERNIERE MINUTELouise Boudaud sera à Shanghai ce vendredi 25 octobre à 19h30 au bistrot Les Halles, 506 Jiashan Road , Xuhui District. Venez écouter son histoire !

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