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Rennes à Tokyo à vélo : l’incroyable périple de Quentin et Lucile sans avion

Quentin et Lucile, un couple breton, ont décidé de parcourir plus de 10 000 kilomètres à vélo pour rallier le Japon sans prendre l'avion. Partis de Rennes il y a près de huit mois, leur périple les a menés à travers l'Asie, du Vietnam jusqu'à la Corée du Sud. Plus qu’un simple défi sportif, leur voyage à vélo est une manière de promouvoir un mode de transport respectueux de l'environnement.

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Écrit par Guillaume Marchal
Publié le 8 octobre 2024

Quentin et Lucile, un couple de Bretons dans la vingtaine, se sont lancés le défi de rejoindre le Japon depuis Rennes, sans prendre l’avion. Les premiers mois de leur aventure ont commencé en train, jusqu’en Ouzbékistan, en Asie, où ils ont décidé de poursuivre à vélo. Parti il y a bientôt 8 mois, ils viennent de traverser la Chine en direction de la Corée du Sud par bateau, après avoir parcouru le Vietnam. Les deux aventuriers partagent leur expérience sur leur site internet et les réseaux sociaux. Leur empreinte carbone, budget, et aventure y sont détaillés en profondeur.

« Nous voulions montrer que voyager à vélo, c’est possible, et en plus, c’est cool, ce n’est pas juste un défi sportif. Au total, nous avons parcouru 8 300 kilomètres jusqu’à maintenant, et nous allons probablement atteindre les 10 000. En moyenne, nous faisons entre 40 et 90 kilomètres par jour. Il faut savoir que moi, je faisais déjà un peu de vélo avant de partir, mais Lucile n’en faisait presque pas. Elle avait un vélo et en faisait occasionnellement le dimanche, mais c’était tout. On ne passait pas nos dimanches en lycra, pour être clair ! », explique Quentin, que lepetitjournal.com a eu l’occasion d’interviewer lors de leur passage au Vietnam.

 

Pourquoi vous êtes-vous lancés dans cette aventure ?

 

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Quentin : « Cela fait 8 ans que nous sommes en couple avec Lucile, et nous nous étions toujours promis de faire au moins un grand voyage ensemble. Tous les deux, nous travaillons dans des domaines liés à l’écologie et il y a trois ans, nous avons décidé de ne plus prendre l’avion pour limiter notre empreinte carbone. C’est à ce moment que nous avons commencé à voyager un peu à vélo, sur des trajets courts d'une à deux semaines pendant nos vacances. Ce mode de transport favorise les rencontres, on peut aller au-delà des sentiers battus, on voyage à la bonne vitesse, c’est le cas de le dire.

Nous nous sommes rendu compte que cela nous plaisait vraiment. C’est un bon moyen de découvrir des régions à notre rythme. Voyager à vélo, c’est lent, donc on a le temps de rencontrer des gens. Il n’y a pas de barrière comme en voiture ou en train. À vélo, si quelqu’un veut te parler, tu n’as qu’à t’arrêter pour entamer la discussion. C’est la liberté. »

 

Pourquoi le Japon ?

 

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Quentin : « Lucile et moi sommes tous les deux bretons, originaires de Rennes. Il y avait donc ce délire de traverser tout le continent, d’ouest en est, d'une extrémité à l'autre. Moi, j’aime beaucoup la culture japonaise. J’ai toujours lu des mangas, joué à des jeux vidéo, et même l’histoire du Japon m’intéresse beaucoup. »

 

Comment s’est passé votre voyage au Vietnam ?

 

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Quentin : « Tout d’abord, nous avons notamment traversé l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, la Russie et sommes passés par la Chine, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et enfin le Vietnam, du sud au nord jusqu’à Ha Long.

Nous sommes arrivés à Saigon début septembre. C’est l’un des pays que nous avons le plus apprécié à vélo. Nous avons trouvé que les campagnes étaient magnifiques. Globalement, je dirais que la traversée a été assez facile au Vietnam, car les routes sont plutôt en bon état, comparées à celles du Cambodge ou du Laos, et il y a beaucoup de routes secondaires avec peu de trafic. La principale difficulté, c’était surtout la chaleur, le passage du typhon et les inondations. C’était aussi une traversée assez longue : nous avons mis 40 jours pour parcourir le pays du sud au nord. »

 

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Quentin : « Pour dormir, nous faisons au jour le jour. Nous sommes totalement autonomes, avec notre tente, notre réchaud et nos duvets. Durant la majeure partie du voyage, nous avons alterné entre le camping, l’hébergement chez l’habitant, et les hôtels ou auberges. Au Vietnam, nous avons été invités à dormir trois fois chez l’habitant. Une heure ou deux avant d’arriver à un endroit, nous regardons sur Google Maps ou Booking s’il y a des hôtels, et nous choisissons. C’est vraiment au jour le jour. »

 

Une anecdote à partager durant votre séjour au Vietnam ?

 

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Quentin : « Au Vietnam, nous avons vécu un choc des cultures assez marrant. Nous suivions une route de montagne après Phong Nha. Après avoir franchi un col très abrupt, un déluge s’est abattu sur nous. Nous avons essayé de monter la tente, mais soit c’était inondé, soit ce n’était pas plat, soit c’était la jungle. Nous avons aperçu une lumière dans une maison et avons toqué pour demander si nous pouvions poser notre tente. Finalement, la personne nous a emmenés chez son voisin qui a accepté de nous accueillir chez lui. Ils semblaient très heureux de nous recevoir, au point que la femme est allée chercher de la nourriture au village malgré la pluie torrentielle. Ils ont préparé le dîner et nous ont offert des grenouilles qu’ils avaient chassées la veille. Il y avait aussi un plat d’œufs durs un peu étranges. Le père de famille a insisté pour que je goûte l’un des œufs. Quand il l’a cassé, j’ai découvert que c’était un œuf fécondé, une spécialité locale. Par respect, j’ai décidé d’essayer, même si c’était un peu surprenant.

Après le dîner, ils nous ont servi un breuvage rougeâtre et nous ont montré une traduction sur leur téléphone : "sang de chien de rue". Nous étions vraiment surpris ! Heureusement, il s’agissait en réalité d’un jus d’une branche d’arbre qu’ils faisaient infuser. Cela nous a fait une belle frayeur ! »

 

Quelles leçons tirez-vous de vos expériences ?

 

Quentin : « Les personnes que nous avons rencontrées partout dans le monde étaient très accueillantes. Cela redonne foi en l’humanité. Même dans des pays très pauvres comme le Tadjikistan ou le Laos, les gens viennent t’aider, t’offrent un thé et sont d’une grande générosité. Cela nous a marqués, et nous aimerions intégrer cette générosité dans nos vies à l’avenir, que ce soit avec nos voisins, notre famille, ou en accueillant des voyageurs de passage. Nous avons aussi réalisé que nous pouvions vivre plus sobrement, sans tomber dans la consommation excessive. Dans beaucoup de pays traversés, les gens vivaient de très bons moments sans écrans, sans les distractions superficielles du quotidien. Ils semblaient heureux avec moins de choses, en mettant l’accent sur leurs relations sociales et familiales.

Nous avons également remarqué que voyager à vélo n’est pas aussi difficile que cela en a l’air. Nous n’avons pas eu tant de galères que ça. »

 

Quelles sont les dernières étapes ?

 

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Quentin : « Nous partons pour la Corée, que nous allons traverser du nord au sud, puis nous prendrons un bateau pour le Japon, que nous traverserons également du nord au sud. Nous pensons finir notre voyage début novembre. Mon cousin habite à Sendai, dans le nord du Japon, et c’est notre point d’arrivée symbolique. Nous espérons y arriver autour du 15-20 novembre.

Un élément intéressant s’est greffé à notre voyage : un traité international sur la pollution plastique est en cours de négociation, un peu comme les accords de Paris. La dernière session de négociations se tiendra à Busan, en Corée du Sud, fin novembre. J’ai réussi à obtenir une place pour participer à ces négociations, aux côtés des États qui vont évaluer leurs capacités de recyclage et de réduction de la pollution plastique.

Nous avons monté un partenariat avec une association appelée La Fresque du Plastique, et avons créé une cagnotte pour qu’ils puissent financer davantage d’initiatives. Ils organisent des ateliers de sensibilisation pour les dirigeants politiques, les organisations et les citoyens sur l’impact de la pollution plastique et les solutions possibles. Nous pensons que la pédagogie est un excellent moyen de sensibiliser et de faire changer les mentalités de manière douce. Pour ce traité, nous aurons besoin d’eux. »

 

Pour avoir accès à la cagnotte, veuillez vous rendre sur ce lien : La cagnotte en ligne

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