La montagne fascine depuis la nuit des temps avec l’ambition de grimper toujours plus haut. Mais, avec cet objectif en tête, il est parfois nécessaire d'être accompagné par des guides de haute montagne. Mathis Dumas, âgé de 30 ans et photographe, est l’un d’entre eux. Dans quelques mois, il s’attaque à son plus grand sommet, l’Everest, en compagnie d’Inoxtag, youtubeur. Il nous partage sa passion pour la montagne et ses impressions sur le défi qui l’attend : “Je n’ai encore jamais fait un projet comme l'Everest.”
D'où vous est venue cette passion pour la montagne au point d’en faire votre lieu de travail au quotidien ?
Je suis passionné par la montagne depuis mon adolescence. Je m’en suis rapprochée pour mes études dans la maintenance des remontées mécaniques. Je voulais absolument travailler en montagne. Ensuite, j’ai découvert ses loisirs : l'alpinisme, l'escalade, le ski… À partir de ce moment-là, je m’y suis mis à fond et me voilà aujourd'hui guide de haute montagne.
Pourquoi avoir choisi le métier de guide de haute montagne ?
J’ai fait beaucoup d’alpinisme à titre d’amateur et je trouvais plutôt “cool” l'idée de faire de ma passion mon métier, et ce, malgré les risques que cela comporte. J’en fais pendant les vacances et pendant mon temps libre. À force de pratiquer tous les jours, la passion peut disparaître avec le temps. Ce n’est pas le seul inconvénient. Il y a des risques innées à ce métier comme en emmenant des personnes pouvant potentiellement mener à des situations dangereuses pour soi-même. Mais je veux vraiment vivre de ma passion, cela me tient à cœur. Si j'arrive à le faire tous les jours et en même temps amener des clients en montagne pour partager ma passion, ce que je vis au quotidien, alors j’aurai réussi.
Inoxtag, le youtubeur tendance en France
Inoxtag, de son vrai nom Inès Benazzouz, compte parmi les youtubeurs français les plus populaires. Du haut de ses 7 millions d’abonnés, il commence sa carrière sur YouTube très jeune et se fait connaître grâce au jeu vidéo Fortnite. Aujourd'hui âgé de 22 ans, Inoxtag se lance un défi fou, grimper l’Everest avec seulement une année d’entraînement. Le guide de haute montagne, Mathis Dumas, l’accompagne dans cette aventure pour l'entraîner et superviser l'expédition.
Qu’est-ce qui vous a poussé a accepté d’accompagner Inoxtag dans ce défi de gravir l’Everest ?
Il faut savoir que je ne le connaissais pas du tout au début. Quand je l’ai rencontré, j’ai compris sa mentalité où il était plutôt là pour découvrir la montagne sous tous ses aspects et pas seulement pour grimper l’Everest. Je ne suis pas du tout spécialiste de l’Everest et la très haute altitude (au-delà de 5000 mètres) n’est pas vraiment dans mes compétences. Je lui ai expliqué que, s’il voulait faire ce sommet, il n’avait pas besoin de moi, mais juste de payer une agence. Mais, en plus de vouloir découvrir réellement la montagne, il avait besoin de filmer des vidéos lors de cette aventure. Et, je sais comment faire pour filmer en montagne de manière pratique, en toute sécurité et sans que ce soit trop lourd en matière d'équipement. Ces différentes raisons m'ont motivé et, si je refuse, quelqu’un d’autre fera ce projet. Inoxtag a une influence énorme sur les jeunes. Si nous arrivons à passer un beau message à travers ses vidéos youtube, à faire rêver, à montrer l'entièreté de la montagne, alors ma mission est réussie.
Comment est-ce que vous regardez le parcours accompli depuis l’annonce de ce projet ? Toutes les chances sont-elles de votre côté ?
Tout à fait, toutes les chances sont de notre côté. Inès a bien évolué. Il est doué et il a des capacités physiques déjà très développées. Je pense qu’il n'y a aucun problème pour l'Everest. Les seuls obstacles sont les aléas comme la météo ou tomber malade juste avant l’ascension. Pour s'entraîner, nous avons déjà affronté un mont de presque 7000 mètres sans oxygène et sans avoir rencontré de problème.
Quels sont les défis auxquels vous allez devoir faire face ?
Je n’ai jamais fait un projet comme l'Everest qui représente une somme colossale et demande donc des moyens financiers conséquents. Outre l’aspect financier, l’Everest est une montagne complètement à part. Le sommet est presque à 9000 mètres ! Je n’y suis jamais allé. Grâce à des contacts, je sais comment aborder cette montagne, se préparer au mieux, ce à quoi il faut faire attention… Mais mon rôle n’est pas celui de guide. Dans cette expédition, j’assiste Inoxtag et je coordonne toute l'équipe des sherpas. Autrement dit, je m’occupe surtout de la partie production et je prends les décisions pour savoir quand l'expédition part, combien de bouteilles d'oxygène seront utilisées, à quel moment faire demi-tour… Je laisse Inoxtag entre les mains des sherpas, qui n’ont pas cette capacité de prise de décision, mais qui sont là pour nous assister.
Est-ce que ce genre d’ambition comme celle d’Inoxtag est atteignable pour quiconque ou est-ce qu’il y a besoin de certains atouts en particulier ?
L'Everest est vraiment une montagne unique et différente de toutes les autres dans le monde. Il faut avoir des prédispositions et un corps qui réagit bien à l’altitude. Tant que vous n’y êtes pas allé, vous ne pouvez pas vraiment savoir. Ensuite, il faut être résistant et avoir un gros mental car vous ne mangez pas bien, vous ne dormez pas comme vous voulez, il fait froid, il fait chaud… Tous ces facteurs compliquent la montée de l’Everest.
Quelques conseils pour bien se préparer à une sortie en haute altitude
Il faut s'entraîner au maximum pour être en forme et avoir une bonne forme physique. Il est aussi important d’avoir une bonne hygiène de vie. Ensuite, il faut avoir du matériel adapté tout en étant bien entouré par des professionnels. Ce sont les clés pour une bonne expérience en montagne.
Est-ce que la profession de guide en haute montagne est en pleine expansion ?
Je ne pense pas que la profession soit en pleine expansion. Il y a un niveau requis pour devenir guide qui n’est pas simple à acquérir. En plus de cela, il y a beaucoup d'anxiété et d'interrogations chez les jeunes avec le réchauffement climatique. Avec la montagne qui évolue, les interrogations se multiplient sur les professions liées à ces activités.