Après 13 ans d'attente, les voilà enfin dans l'espace Schengen. La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement fait leur entrée à minuit heure locale (22h00 GMT) dans cette vaste zone de libre circulation, à l'exception notable des frontières terrestres.
Après 13 ans d'attente, les voilà enfin dans l'espace Schengen. La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement fait leur entrée à minuit heure locale (22h00 GMT) dans cette vaste zone de libre circulation, à l'exception notable des frontières terrestres.
A l'aéroport de Sofia en Bulgarie, les premiers passagers en partance étaient ravis dimanche matin.
"Je voyage souvent et cela facilite les choses", a expliqué avec enthousiasme Kristina Markova, 35 ans. "Contrôle des bagages inclus, on a pu gagner le terminal en moins de trois minutes, c'est vraiment un progrès".
L'adhésion est partielle, limitée donc aux aéroports et aux ports maritimes, mais l'étape a une forte valeur symbolique alors que les deux pays sont membres de l'Union européenne (UE) depuis 2007.
"Il s'agit d'un grand succès pour eux", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un communiqué.
- 29 membres désormais -
La Croatie, pourtant entrée dans l'UE après la Roumanie (19 millions d'habitants) et la Bulgarie (6,5 millions), leur avait damé le pion en janvier 2023.
Avec cette double entrée, cette zone créée en 1985 dans laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager sans contrôles permanents aux frontières intérieures, comprendra désormais 29 membres.
Vingt-cinq des 27 Etats de l'UE en font partie, ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande.
Adhérer enfin, c'était "une question de dignité", note Stefan Popescu, expert en relations internationales installé à Bucarest. "Tout Roumain, quand il empruntait une ligne séparée des autres ressortissants européens, se sentait traité différemment", a-t-il dit à l'AFP.
- Veto de l'Autriche -
Dans l'aéroport de la capitale roumaine, où la majorité des vols desservent l'espace Schengen, les équipes se sont affairées toute la semaine pour préparer cette petite révolution.
Avec la promesse d'un renforcement des effectifs pour mener des contrôles inopinés, notamment à l'égard des mineurs "afin d'éviter qu'ils ne soient la proie de réseaux de traite d'êtres humains", selon le gouvernement.
Les agents déployés seront aussi là pour "guider les passagers et identifier ceux qui en profiteraient pour quitter illégalement la Roumanie".
Gros bémol: sur les routes, les contrôles seront pour l'heure maintenus. La faute au veto de l'Autriche, seul pays réfractaire dans l'UE par peur d'un afflux de demandeurs d'asile.
Exclus du processus, les transporteurs routiers ne décolèrent pas.
L'attente dure "de 8 à 16 heures" à la frontière avec la Hongrie, "de 20 à 30 heures avec la Bulgarie, avec des pics à trois jours" dans les deux cas, a déploré dans un communiqué l'un des principaux syndicats roumains du secteur, déplorant "des pertes financières" colossales.
"Nous avons patienté 13 ans, nous sommes à bout", a tonné le secrétaire général Radu Dinescu.
- Dans Schengen à 3% -
Même coup de gueule du côté des frontaliers qui passent en voiture et des patrons bulgares.
"3% des marchandises bulgares sont acheminées par air et mer, les 97% restants circulant par voie terrestre", a affirmé Vassil Velev, président de l'organisation BICA (Bulgarian Industrial Capital Association), interrogé par l'AFP.
"Nous sommes donc à 3% dans Schengen et ne savons pas à quelle date nous serons autorisés à adhérer complètement", a-t-il déploré.
Aucune date n'est avancée pour devenir membres à part entière. Car il faut montrer patte blanche pour espérer lever les réticences de Vienne.
L'entrepreneur craint de faire les frais des élections législatives prévues fin septembre en Autriche, alors que le chancelier conservateur Karl Nehammer doit faire face à la montée de l'extrême droite dans les sondages.
"L'adhésion complète va dépendre de développements politiques étrangers", a prévenu dimanche le ministre roumain de l'Intérieur Catalin Predoiu, en référence au scrutin autrichien.
Dans tous les cas, Sofia comme Bucarest ont averti: il n'y aura pas de retour en arrière.
"Le processus est irréversible, j'en suis persuadé", a lancé M. Predoiu, qui appelle à le boucler en 2024.