En 2024, 178 millions de passagers se sont envolés depuis la France. Un chiffre encourageant pour les compagnies aériennes, qui retrouvent enfin leur niveau d’avant-covid. Mais si on sait combien, on ne sait pas forcément qui, ni pourquoi. Or, les voyageurs français sont loin de correspondre aux stéréotypes qu’on leur attribue. Décryptage.


Un cadre dirigeant pressé d’assister à une conférence, une famille aisée en route pour les vacances, un influenceur dont le voyage a été offert… Est-ce vraiment cela, la norme dans les avions ? “Réservé à une élite”, “principalement masculin”, les idées reçues sur les voyageurs aériens persistent. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. Une étude*, croisant un sondage de l’IFOP et une analyse sociologique menée par le cabinet SIA pour le compte de la FNAM, admet que les cartes du profil type de passager ont été rebattues en 2024, tout comme ses motivations à s’envoler.
L’enquête est menée par l'Ifop auprès d’un échantillon de 3.995 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews en France métropolitaine ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne en mai 2025.
L’aérien se démocratise, malgré la persistance de contraintes financières
Le nombre de passagers a augmenté de 11% entre 2016 et 2024, mais contrairement aux idées reçues, l’avion se démocratise de plus en plus. Parmi les 65% des Français déclarant voyager en avion, 33% disent voyager au moins une fois par an. Dans la population dite rurale (communes de moins de 2.000 habitants), 60% d’individus déclarent prendre l’avion, soulignant l’importance du maillage territorial. En 2024, la part des CSP - (Catégorie Socio-Professionnelle) représente plus de la moitié des passagers !

Une augmentation expliquée par des prix plus attractifs ? Pas nécessairement. De nombreuses compagnies low coast ont fait leur apparition sur le marché, rendant accessibles des billets toujours moins chers pour des destinations internationales, mais l’étude montre que le facteur prix reste freinant pour les Français. En effet, ce sont 83% des interrogés qui estiment que prendre l’avion demande un effort financier. Face au besoin de prendre l’avion, 80% des voyageurs français adoptent au moins une stratégie pour rendre possible leurs voyages, comme économiser, attendre les soldes, renoncer à d’autres dépenses ou loisirs… Dans cette lignée, 71% des interrogés se déclarent sensibles à toute augmentation des taxes dans leur recours à l’avion.
En 2025, prendre l’avion sera plus cher en raison d’une taxe de solidarité
Les Français volent vers leurs proches
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, prendre l’avion n’est pas pris à la légère par les Français. C’est une dépense rigoureusement réfléchie et un choix pragmatique, car l’avion est majoritairement privilégié pour les déplacements en dehors de l’hexagone, dans une perspective écologique et logistique. Alors que le pourcentage de départ en vacances reste stable (48%), celui des visites à des amis ou à la famille grimpe en flèche (+46%). En 2024, ce sont 56 millions de Français qui s’envolent vers leurs proches, contre 38 millions en 2016. Cette évolution montre que le secteur aérien est un fort vecteur de lien social.

Selon une étude sur les tendances de déplacements menée par Ipsos, 82% des Français ont l’intention de partir cet été, soit le taux le plus élevé enregistré depuis 2015. La même proportion se déclarent enthousiastes à l’idée de voyager. Les vacanciers français restent parmi les Européens qui voyageront le plus à l’intérieur de leur pays (67%, -1 pt vs 2024, contre 44% des Européens).
Les jeunes voyagent de plus en plus, et plus loin
À contresens de l’opinion visible, la réalité des faits surprend : malgré une conscience écologique forte, les moins de 35 ans sont ceux qui prennent le plus l’avion ! Alors qu’ils sont 47% à s’estimer influencés par les discours publics ou médiatiques sur l’impact environnemental de l’avion, ils représentent pourtant 46% des passagers. Rappelons-le, le secteur aérien émet 2 à 3% des émissions de CO2 de la planète, selon l’Agence de l’environnement.
“Ces jeunes disent que nous sommes utiles” - Pascal de Izaguirre
Les jeunes sont également près d’un tiers à déclarer que leur perception du secteur a évolué positivement : “C’est une source de motivation pour nous. Ces jeunes disent que nous sommes utiles” confie Pascal de Izaguirre, président de la Fnam et PDG de la compagnie Corsair.
Cette étude, motivée par la volonté d’enrichir le débat par des données concrètes, fait taire certaines idées reçues. “Ces chiffres confirment les ressentis du terrain”, plaide Thomas Juin, directeur de l’aéroport de La Rochelle – Ile de Ré et président de l'UAF. Par ailleurs, une grande enquête de la direction de l'aviation civile dévoile en 2024 que les femmes sont désormais majoritaires dans les avions. De quoi casser les caricatures du passager moyen !
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