Le baromètre 2025 de l’expatriation établi par Expat communication a parlé : le moral des expatriés est solide malgré les turbulences du monde en 2025. Les enquêtes réalisées toute l’année dressent tout de même un tableau nuancé sur les besoins en santé, les défis scolaires ou encore la vie quotidienne. La rédaction fait le point.


Vous prenez vraiment le pouls des Français avec vos enquêtes.
Présente lors de la restitution du baromètre le 1er décembre 2025, la ministre déléguée des Français de l’étranger, Eléonore Caroit salue un baromètre construit sur des sujets sensibles “Votre travail est extrêmement précieux pour nous. Vous prenez vraiment le pouls des Français avec vos enquêtes. Vous leur posez des questions sur à peu près tout ce qui touche à leur vie quotidienne”. Alix Carnot, directrice associée d’Expat communication, rappelle avec fierté que le baromètre 2025 est issu de 16.600 réponses aux quatre enquêtes du baromètre, soit +20 % par rapport à 2024. Quatre thèmes sont abordés : l’éducation, la santé, la vie quotidienne et la vie professionnelle de l’expatrié
Le moral des femmes expatriées est toujours légèrement en dessous de celui des hommes
Un moral des expatriés solide en 2025
Depuis plusieurs années, l’indice de moral des expatriés oscille autour de 72/100, malgré une succession de crises mondiales. “Malgré les secousses de l’actualité un peu partout dans le monde, les expatriés gardent un moral étonnamment bon”, souligne Albine Horiot . Les tendances régionales restent inchangées : l’Asie continue d’afficher les niveaux les plus élevés, quand l’Afrique enregistre les scores les plus bas, même si l’ensemble demeure positif.
Les différences entre hommes et femmes, elles, persistent. “Le moral des femmes expatriées est toujours légèrement en dessous de celui des hommes”, évoque Alix Carnot, une tendance stable d’année en année. Les salariés détachés, les VIE et les retraités figurent parmi les plus satisfaits, tandis que les conjoints accompagnateurs et les expatriés de retour restent les plus fragiles en termes de moral. L’enquête révèle également une corrélation intéressante : le moral augmente avec le nombre d’enfants. Pour répondre aux fragilités féminines, FemmExpat a lancé des cafés thématiques regroupant 80 participantes dans 27 pays, offrant des espaces “sans enregistrement, en petits comités” pour aborder, parfois, des sujets sensibles…

La santé, la réalité d’une vie lointaine
La santé apparaît comme un domaine où les expatriés expriment une forte demande d’accompagnement. Près de 90 % d’entre eux disposent d’une couverture, et la Caisse des Français de l’étranger (CFE) reste une référence. Pourtant, seuls 48 % se soignent comme ils le feraient dans leur pays d’origine. La moitié d’entre eux retourne même en France pour recevoir des soins, signe des difficultés d’accès, de coûts élevés ou d’un manque de confiance dans les systèmes locaux. La fidélité aux assureurs n’efface pas une incompréhension persistante : “Beaucoup nous disent que les informations ne sont pas assez claires, et 4 % déclarent même ne rien comprendre du tout à leur garantie”, précise le baromètre.
Un chiffre alarmant attire l’attention : 19 % des familles signalent des situations de harcèlement
L’éducation, des choix de qualité mais des aides méconnues
L’étude confirme que les familles expatriées privilégient le système français. Plus d’un enfant sur deux est inscrit dans un établissement relevant du réseau français, tandis que 37 % suivent une scolarité internationale et 12 % une scolarité locale. Pourtant, 43 % des parents ignorent l’existence même du système de bourses scolaires. Si 59 % des enfants s’adaptent facilement à leur école, un jeune sur cinq nécessite un soutien spécifique. Un chiffre alarmant attire l’attention : 19 % des familles signalent des situations de harcèlement, souvent mal prises en charge par les institutions locales ou internationales.
Alix Carnot souligne une différence significative dans le choix de l’éducation : “Les expatriés ont souvent moins d’un mois pour choisir l’école de leurs enfants, à l’opposé des parents résidents qui prennent parfois jusqu’à un an pour construire patiemment le parcours de leurs enfants.” Un guide numérique interactif dédié à la scolarité internationale en retour d’expatriation ainsi qu’un podcast intitulé Grandir loin sont mis à disposition des familles.

Moins d’un expatrié sur deux estime pouvoir exprimer librement ses opinions
Une vie quotidienne confortable mais des inquiétudes qui persistent
La plupart des expatriés déclarent vivre dans une situation financière confortable. Beaucoup voient l’expatriation comme un levier d’épargne, un "signal fort" selon Albine Horiot, qui montre que la mobilité internationale peut être un véritable atout économique. Pourtant, nombre d’entre eux restent inquiets pour l’avenir : 63 % se disent insuffisamment rassurés quant à leur retraite.
Le baromètre décrit également des relations familiales souvent renforcées par l’expérience internationale. Près des deux tiers jugent que l’expatriation consolide leur couple, et 81 % se disent épanouis dans leur vie amoureuse. La sécurité apparaît comme un autre point de satisfaction majeur : 93 % des expatriés déclarent se sentir en sécurité dans leur pays d’accueil. Mais ce tableau positif s’assombrit lorsqu’il s’agit de liberté d’expression. Moins d’un expatrié sur deux estime pouvoir exprimer librement ses opinions, un chiffre jugé “préoccupant” lors de la restitution du baromètre.
Le baromètre révèle aussi des fragilités structurelles qui appellent l’importance de politiques d’accompagnement.
L’entreprise, accélérateur de carrière et retour difficile…
Sur le plan professionnel, l’expatriation reste largement perçue comme une expérience enrichissante. Trois quarts des personnes interrogées se disent satisfaites de leur parcours à l’étranger. Le salaire et le logement demeurent les éléments les plus importants du package d’expatriation. La présence des femmes progresse dans les fonctions managériales, mais reste limitée dans les postes les plus élevés. Le retour en France, en revanche, s’impose comme l’un des principaux angles morts. Selon l’étude, 82 % des femmes estiment que leur expérience n’est pas reconnue à sa juste valeur lors de leur réintégration. Les conjoints accompagnateurs, eux aussi, demeurent largement oubliés : seuls 3 % ont bénéficié d’un accompagnement spécifique, alors que 23 % jugent celui-ci indispensable.

Ce baromètre 2025 confirme la résilience remarquable des expatriés, leur forte capacité d’adaptation et une vision globalement positive de leur expérience. Mais il révèle aussi des fragilités structurelles - santé, accompagnement des conjoints, adaptation scolaire, reconnaissance professionnelle au retour - qui appellent l’importance de politiques d’accompagnement. “Nous voulons que nos pratiques diffusent dans notre société et nos entreprises. Nous allons continuer à bouger les lignes avec de nouvelles enquêtes en 2026.” conclut fièrement Alix Carnot.
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