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6 novembre 2023, 11h25 : quand les inégalités salariales s’ajoutent au calendrier

La newsletter féministe “Les Glorieuses” a calculé la date à partir de laquelle les femmes travaillent “gratuitement” en France, compte tenu des inégalités salariales avec les hommes. En 2023, selon le média féministe, les femmes ne sont plus payées du 6 novembre à 11h25 jusqu'à la fin de l'année. Une date symbolique qui fait réagir mais qui permet surtout de médiatiser le sujet.

À partir du 6 novembre 2023, les femmes travaillent gratuitement jusqu'à la fin de l'année en France.À partir du 6 novembre 2023, les femmes travaillent gratuitement jusqu'à la fin de l'année en France.
Écrit par Teddy Perez
Publié le 6 novembre 2023

2023 marque la 8e année du mouvement pour l’égalité salariale. En 2016, les femmes gagnaient en moyenne 15,1% de moins que les hommes en France, selon les chiffres d’Eurostat. En 2023, l’écart se creuse et le taux pointe à 15,4%.

 

 

Pour illustrer ce chiffre et marquer les esprits, “Les Gorieuses” ont converti la différence salariale en jours ouvrés, qui équivaut à 39 jours, soit près de deux mois où les femmes travaillent “gratuitement” pendant que les hommes sont rémunérés. Comprenez ainsi : "En 2023, les femmes pourraient s’arrêter de travailler le 6 novembre à 11h25 si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu’elles gagnent aujourd’hui (toujours en moyenne) à l’année".

Établie grâce à un simple produit en croix, la méthode de calcul est malgré tout questionnée chaque année. En particulier car le média compare les revenus horaires bruts, tous secteurs confondus, dans les entreprises de plus de 10 salariés.

 

Inégalités salariales : comprendre les chiffres, connaître les raisons

L’opération de communication de la lettre d’information du média féministe “Les Glorieuses” fait toujours autant réagir. D’abord car la formulation choisie est factuellement incorrecte. Une femme qui travaille en novembre et en décembre va percevoir un salaire à la fin de ces deux derniers mois de l’année.

Ensuite parce que ce calcul peut être “perfectible”. Le chiffre Eurostat sur lequel “Les Glorieuses” se basent est une moyenne non ajustée. Il ne tient pas compte de l’impact des interruptions sur une carrière, de la surreprésentation des femmes dans certains secteurs, ou de la qualification à l’embauche. Des raisons évoquées ce lundi par Marylise Léon, la Secrétaire Générale de la CFDT.

 

 

Les différences de salaires s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas le même type d’emploi, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs. À poste comparable, c’est-à-dire à profession identique exercée pour le même employeur, l’écart de salaire en équivalent temps plein se réduit à 4 % environ. Le chiffre est beaucoup moins élevé mais une discrimination existe tout de même.

Les causes de ces inégalités sont multiples : on peut aussi évoquer le fait que les femmes occupent des emplois moins valorisés financièrement ou davantage à temps partiel que les hommes.

 

 

En Europe, des inégalités salariales persistantes

La France fait partie des mauvais élèves européens. L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est supérieur à la moyenne européenne, qui est de 12,7%. L’Allemagne, l’Autriche ou encore la Finlande sont également à la traîne en matière d’égalité salariale. Mais rien ne vaut le taux à 20.5% de l’Estonie qui, convertie en jours ouvrés, correspond à 51 jours de travail non rémunérés des femmes estoniennes par rapport à leurs homologues masculins. Selon le calcul des “Glorieuses”, la date fatidique serait alors dès le 18 octobre en Estonie.

En Europe, un autre pays - non membre de l’UE -  a récemment fait parler de lui pour les mêmes questions d’inégalité de rémunération entre hommes et femmes. Le 24 octobre, les Islandaises se sont mises en grève pour réclamer l'égalité salariale. La Première ministre, Katrín Jakobsdóttir, a participé au mouvement qui a réuni plus de 100.000 femmes dans le pays, soit plus d'un quart de la population islandaise. Malgré sa réputation de championne mondiale de l'égalité des sexes, l'Islande reste aux prises avec un écart salarial de 21% dans certaines professions et ce mouvement d’une ampleur rare dans le pays a eu le mérite de produire une résonance dans le monde entier.

Loin d’être des exceptions, l’Estonie et l’Islande figurent dans la moyenne mondiale, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes représentant 20 %, selon l’ONU. Dans le monde, et en moyenne donc, les femmes gagnent environ un cinquième de moins que leurs collègues masculins.

Teddy Perez
Publié le 6 novembre 2023, mis à jour le 6 novembre 2023
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