Artiste franco-canadienne originaire de la Guadeloupe, Marie-José Gustave s’impose dans le paysage des métiers d’art contemporains comme une figure à la fois singulière et profondément ancrée dans le dialogue interculturel. Installée à Montréal depuis plus de vingt ans, cette artiste du papier donne vie à une œuvre poétique et engagée, entre mémoire, transmission et appartenance. Ses installations organiques et aériennes, façonnées par le fil, le tressage ou le crochet, célèbrent à la fois la fragilité et la résilience.


Une reconnaissance croissante sur la scène internationale
Juste récompensée en 2025 par le Prix Artiste de l’année en Montérégie par le Conseil des arts et des lettres du Québec, Marie-José Gustave rayonne bien au-delà du Canada. Elle a notamment été invitée à la Biennale Révélations au Grand Palais à Paris en 2023, un rendez-vous phare des arts visuels et métiers d’art. Elle y a présenté ses installations emblématiques en papier tressé, telles que Coraux et Écume, qui questionnent l’impact environnemental, les racines caribéennes et les formes de résistance face aux bouleversements. Son parcours se distingue également par des résidences artistiques à l’international et un travail de curation dans le milieu québécois, renforçant ainsi sa double posture d’artiste et de passeuse de cultures.
Marie-José Gustave sera à Saint-Brieuc, du 3 juillet au 20 septembre 2026, dans la magnifique Maison Saint-Yves qui accueille des créations d’art contemporain dans un espace intemporel et lumineux pour un projet avec Anne-Yvonne Jouan (bretonne vivant elle aussi au Québec). Cette nouvelle aventure créative sera un grand format, dans un lieu magique.
"Mon travail est profondément ancré dans le savoir-faire : j’utilise les techniques artisanales comme un langage qui me permet de tisser des liens entre les cultures qui me composent – guadeloupéenne, française, canadienne – mais aussi avec celles rencontrées au fil de mes migrations. C’est à travers ce geste que je crée un pont entre mes héritages multiples et l’universalité humaine." Marie-José Gustave

Une matière humble pour des formes universelles
Le papier, qu’elle détourne, coupe, tisse, froisse ou structure, devient sous ses mains une matière vivante. Loin d’un choix anodin, il incarne la mémoire, la trace, l’éphémère et l’universel. Les œuvres de Marie-José Gustave prennent la forme de paysages abstraits, d’architectures fragiles ou de cartographies sensibles. Elles explorent le vide et le plein, les interstices, le lien, la transparence et la lumière.
Son approche mêle rigueur du geste et liberté de création, puisant autant dans la nature que dans l’environnement urbain. Certaines formes rappellent des coraux, d’autres évoquent des grilles architecturales ou des motifs géométriques récurrents, soulignant une attention aiguë aux rythmes du monde.
« Le papier est pour moi bien plus qu’un support : il porte la mémoire des miens. Ma grand-mère illettrée tapissait sa case de papier journal, transformant un matériau modeste en écrin de récits silencieux. En le recyclant et en lui conférant une apparence de préciosité, je raconte aussi ma propre histoire : celle d’un regard longtemps façonné par les autres, que l’art m’a permis de réinventer. » Marie-José Gustave

Un trait d’union multiculturel, collectif « Autres Territoires » exposition au Centre Culturel Canadien
Le 7 juin 2025 marque une étape importante dans le parcours de l’artiste : elle participe à l’exposition collective « Autres Territoires », au Centre Culturel Canadien à Paris. Organisée en partenariat avec le réseau Black Artists’ Networks in Dialogue (Toronto), cette exposition réunit cinq artistes installés au Canada et originaires du Cameroun, du Congo, de Guadeloupe, d’Haïti et du Nigeria. Leurs démarches s’ancrent dans une identité plurielle, affranchie des représentations figées.
« Ce que l'on veut faire ici, c’est toujours de l’art contemporain, de présenter des artistes vivants et qui, pour certains, n’ont pas encore nécessairement une présence importante en France ou en Europe. » Josephine Denis, membre de la communauté d'artistes de l'exposition
Aux côtés de Marie-José Gustave, on retrouve Moridja Kitenge Banza, Emmanuel Osahor, Moses Salihou et Michaëlle Sergile. Ensemble, ils incarnent une nouvelle génération d’artistes en dialogue avec l’histoire coloniale, la migration et l’héritage diasporique mais également un présent vibrant.
« Avant d’être géographique, le territoire est pour moi intérieur. Il naît d’une quête identitaire, d’un besoin de comprendre où je me situe entre les héritages coloniaux, les migrations, et les filiations imaginaires. Ma création devient un espace de dialogue entre les diasporas, les enracinements, et les rencontres – une cartographie sensible qui dépasse les frontières. » Marie-José Gustave

Une œuvre du lien et du vivant
Les œuvres de Marie-José Gustave utilisent des techniques traditionnelles telles que le tricot, le crochet, la vannerie, le tissage et la céramique. Les fibres tissées créent un dialogue entre ses héritages culturels multiples. Ces assemblages de matières se perturbent et s’entrelacent, reflétant un questionnement profond sur le territoire et l’identité. Chaque pièce devient ainsi un espace vivant de communication, d’adaptation et de transformation, où l’ancien et le contemporain se rencontrent pour explorer le déplacement et l’ancrage.
À travers son travail, interroge les mouvements, les métissages, les ancrages invisibles qui façonnent nos identités. Elle ne se contente pas de représenter : elle tisse des ponts entre les cultures, les temporalités et les mondes. Son art agit comme un langage silencieux mais puissant, qui parle de résilience, d’hybridité, et d’un présent partagé.
Le Centre Culturel Canadien, véritable passerelle entre les scènes artistiques canadienne et française, devient ici le théâtre d’un dialogue fécond. L’exposition « Autres Territoires » en est une illustration vibrante : un espace de création, de mémoire, et de reconnaissance des voix plurielles qui façonnent aujourd’hui les arts visuels au Canada et ailleurs.
« Si mon travail peut éveiller une résonance – qu’elle parle à ceux qui partagent mes origines comme à ceux qui ne les connaissent pas – alors j’ai accompli ma mission. Mon intention est de susciter un questionnement sur l’acceptation de l’autre, de déconstruire les idées reçues, et d’ouvrir un espace pour accueillir la complexité de chaque parcours humain. » Marie-José Gustave








































