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Quiet quitting : une "démission silencieuse" qui en dit long

Une femme fatiguée de travailler devant un ordinateur et envisageant le quiet quittingUne femme fatiguée de travailler devant un ordinateur et envisageant le quiet quitting
Écrit par Maël Narpon
Publié le 20 septembre 2022, mis à jour le 21 septembre 2022

Après la grande démission, le quiet quitting. Ce phénomène venu des Etats-Unis se propage comme une traînée de poudre, notamment sur TikTok, et consiste à se détacher de la prédominance de notre travail dans nos vies en assurant uniquement les tâches correspondant à notre fiche de poste.

 

Le quiet quitting a la côte en ce moment. Ce phénomène de « démission silencieuse » connaît un large succès aux Etats-Unis et jouit d’une notoriété de plus en plus grande en France. De nombreux travailleurs prennent ainsi la décision de se cantonner uniquement à la réalisation des tâches comprises sur leur fiche de poste et de suivre à la lettre les horaires indiqués sur leur contrat de travail. Plus d’heures supplémentaires travaillées, plus de missions outrepassant leur rôle au sein de l’entreprise et plus de réponses à des messages professionnels tardifs.

 

Récemment popularisée sur TikTok, où son hashtag cumule actuellement 138,9 millions de vues, cette tendance suit directement celle de la grande démission. Celle-ci avait vu de nombreux Américains démissionner de leur travail du jour au lendemain à partir de l’année 2020 et la première vague pandémique de Covid-19. En France, elle avait eu des répercussions bien moindres mais néanmoins présentes. Le quiet quitting n’est, quant à lui, pas aussi radical que la grande démission et en serait plutôt une résultante.

 

D’où vient le terme de quiet quitting et comment s’organise-t-il ?

Si le terme explose en ce moment, le concept du quiet quitting ne date pas d’hier. Signifiant littéralement « démission silencieuse » ou « démission discrète », son but n’est finalement pas de laisser tomber son travail et de partir sans se retourner. De démission, il n’en a que le nom. Celles et ceux qui participent à cette tendance cherchent simplement à lever le pied et sont en quête d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Le terme a connu un bond de popularité lorsque l’utilisateur TikTok Zaid Khan publie une courte vidéo prônant le quiet quitting en juillet. Celle-ci cumule aujourd’hui 3,5 millions de vues, tandis que le hashtag #quietquitting en récolte 138,9 millions.

@zaidleppelin On quiet quitting #workreform ♬ original sound - ruby

Les personnes tentées par ce ralentissement du rythme de travail sont généralement des travailleurs désabusés ou que leur rythme de travail épuise, car acceptant de réaliser des missions qui ne sont pas dans leurs attributions ou de débaucher plus tard que prévu. Selon le quotidien britannique Metro, le quiet quitting peut se traduire de différentes manières. Il est tout simplement possible de refuser certains projets par manque d’intérêt, de répondre à des messages professionnels en dehors des heures de travail ou simplement d’être moins investi. L’idée est donc de refuser que ledit travail prime sur tous les autres aspects de sa vie et de ne réaliser que les tâches générant une rémunération. Il y ainsi une notion de revalorisation du travail fourni.

 

Le quiet quitting, la suite logique de la grande démission

La pandémie de Covid-19 a bouleversé le monde du travail, poussant un grand nombre de personnes à travers le monde à démissionner pour trouver un emploi qui leur convienne mieux ou opérer un changement total de mode de vie. En parallèle, certaines entreprises durement frappées par les conséquences de la crise sanitaire ont été contraintes de procéder à des licenciements massifs. Tous les démissionnaires et licenciés n’ont pas pu être remplacés et les travailleurs restant ont souvent dû hériter de leurs tâches, en plus de devoir abattre leur propre charge de travail. Les horaires de travail de ces « survivants » s’en retrouvent étendues et le stress pesant sur leurs épaules prend de plus en plus d’ampleur, sans hausse de salaire en conséquence. Cela provoque chez certains le sentiment que leur contribution n’est pas appréciée à sa juste valeur et d’une réelle perte de sens au travail.

 

Un homme fatiguée au travail, pensant au quiet quitting

 

C’est donc naturellement que des personnes, plutôt que de prendre la décision drastique de démissionner, choisissent de ralentir le rythme et de ne travailler que dans les termes strictes stipulés sur leur contrat de travail. Le procédé du quiet quitting leur permettrait de se déconnecter complètement de l’environnement professionnel et de profiter de leur temps libre l’esprit apaisé. Il y a une forte volonté de ne plus laisser le travail prendre le pas sur tout le reste, comme cela a pu être le cas pour beaucoup pendant des années. Les plus jeunes générations portent notamment plus d’attention aux conditions de travail au moment de la recherche d’emploi.

 

Entre également dans l’équation la démocratisation du télétravail. Une étude réalisée par ADP Research Institute en avril 2022 sur plus de 32.000 travailleurs venant de 17 pays a révélé que 64% d’entre eux envisageraient de changer d’emploi si leur entreprise imposait un retour sur site à temps plein. Un chiffre qui monte à 71% chez les 18-24 ans.

 

Le quiet quitting en France et dans le monde

Le terme a beau être sur toutes les lèvres dans le monde de l’entreprise à l’heure actuelle, le quiet quitting reste pour l’instant difficilement quantifiable en France. Le concept séduit indéniablement la jeune population active, principalement celle de la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010), qui met l’accent sur les conditions de travail et le bien-être dans le milieu professionnel.

 

Une femme éreintée par le travail, travaillant tard, et envisageant le quiet quitting

 

Aux Etats-Unis, d’où le terme provient, le quiet quitting est d’une ampleur tout autre et a déjà fait l’objet d’une enquête approfondie par l’entreprise d’analyse et de conseil Gallup. Selon ses résultats, au moins 50% des travailleurs aux Etats-Unis répondraient aux critères définissant des partisans du quiet quitting. L’étude relève également à nouveau un investissement professionnel moins fort chez les plus jeunes employés, pas seulement ceux de la génération Z mais également ceux de moins de 35 ans.

 

En Chine, une tendance similaire avait vu le jour l’année dernière et avait également été popularisée par la plateforme TikTok. Le « Tang Ping » consistait pour une partie des jeunes Chinois de la génération Z à se révolter silencieusement en « s’allongeant », c’est à dire en se contentant de faire le strict minimum. Il s’agissait d’une façon pour eux de s’insurger contre la concurrence féroce instaurée au cours de leurs études et contre le rythme extrêmement soutenu du monde du travail chinois.

 

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