En amont de l’audition à l’Assemblée nationale du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères Jean-Yves LE DRIAN sur ce thème demain mercredi 20 mai en début d'après-midi, la députée LREM de la 11ème circonscription des Français établis hors de France Anne GENETET, le professeur associé à l’ESSEC Christian KOENIG, l’ambassadeur de France Jean-Maurice RIPERT et 13 autres membres du Club France Initiative, nous ont communiqué une tribune intitulée “Il faut sauver nos entrepreneurs à l’étranger”, dans laquelle ils invitent le Gouvernement à mettre en place un plan pour aider les entrepreneurs français à l’étranger et les chambres de commerce à l’international à surmonter la crise économique en cours.
La crise sanitaire que nous traversons est sans précédent. Tous les analystes s’accordent pour dire qu’elle aura des conséquences économiques et sociales douloureuses. Mondiale, cette crise touche indifféremment tous les continents. Dans ce contexte, le Club France Initiative s’inquiète de la situation des Français à l’étranger et en particulier de nos entrepreneurs.
Pionniers de notre rayonnement économique
Près de 3 millions de nos compatriotes ont décidé pour des raisons multiples de vivre à l’international. Ces Français ont pris des risques, ils ont fait un choix, notamment celui de ne pas bénéficier de tous les filets de sécurité qui profitent à nos concitoyens vivant en France. Beaucoup d’entre eux sont des entrepreneurs, souvent pionniers du rayonnement international de la France.
Sans doute le cours de la mondialisation va-t-il évoluer, mais demain notre économie aura toujours besoin d’exporter et d’importer des produits et des services. Demain, nous aurons besoin de toujours plus de coopération, pour trouver des vaccins, pour mettre au point des traitements, pour répondre aux grands enjeux de notre temps comme la crise climatique. Dans un contexte où le repli sur soi nous affaiblirait, les entrepreneurs à l’international représentent une source irremplaçable d’expertise sur des contextes internationaux variés et volatiles. Plus que jamais, à l’heure d’un besoin essentiel de relance de notre économie, nous avons besoin de communautés d’affaires fortes à l’étranger.
Un emploi sur cinq en France
Pourtant, la situation est particulièrement difficile pour eux comme elle l’est en France pour beaucoup. Perte d’activité, perte de revenus, perte d’employés, perte de visibilité engendrent des difficultés multiples. Le pire serait de voir des milliers de Français à l’étranger revenir dans les mois à venir. Car nous en sommes là ! Cela aurait des conséquences directes sur notre économie car nos entrepreneurs à l’étranger sont bien souvent le dernier maillon d’une chaîne de valeur qui assure les débouchés internationaux de nos entreprises en France.
A titre illustratif, rappelons qu’un emploi sur cinq en France est lié au commerce international de la France. Rappelons que la France est le cinquième exportateur mondial de biens et services et la première destination touristique internationale. Dans le « monde d’après », même s’il faudra relocaliser des industries stratégiques, même s’il faudra privilégier les circuits courts pour notre environnement, la France ne vivra pas en autosuffisance !
Un plan de soutien lacunaire
Il y a quelques jours, le Gouvernement a présenté un plan de soutien aux Français à l’étranger. Avec un volet sanitaire innovant et utile, un volet de solidarité pour faire face à l’urgence et un volet éducatif pour soutenir notre réseau d’Enseignement en Français à l’étranger, toutes ses mesures vont dans le bon sens, même si elles demandent à être complétées.
Mais curieusement, l’économie et son écosystème à l’international n’ont pas été abordés. Pourtant nos entrepreneurs français à l’étranger sont le cœur de la présence française aux quatre coins du monde. Nous ne relancerons pas la « machine France » sans les importateurs et les distributeurs de biens industriels, de vins ou encore de produits agricoles, agroalimentaires ou artisanaux, sans nos restaurateurs et hôteliers qui sont les meilleurs représentants de notre savoir-faire et donnent l’envie de France, sans nos start-ups de la FrenchTech qui participent activement à la marque France. Tous sont un rouage incontournable du Made in France.
Bien sûr, soutenir les entreprises françaises à l’étranger peut paraître contre-intuitif ; parce qu’elles ne paient pas d’impôt en France et parce qu’elles pourraient apparaître comme des concurrentes d’entreprises implantées sur le territoire national. Face à ces présupposés, tous les exportateurs vous le diront : ils ont besoin de cette force de frappe de la présence française dans le monde dont le dynamisme leur permet de diversifier leur stratégie de conquête sur des marchés étrangers et constitue un complément indispensable à leurs exportations.
Aider les entrepreneurs et les chambres de commerce
C’est pourquoi notre collectif invite le Gouvernement à mettre en place un plan qui permette à des entreprises identifiées comme utiles aux intérêts de la France d’être accompagnées pour traverser la tempête. La vaste majorité des entrepreneurs français à l’étranger créent directement ou indirectement de la valeur et des emplois en France.
De même, il est urgent d’aider le réseau des Chambres de commerce dont les plus petites sont déjà au bord de la faillite. Ces organisations, souvent piliers du rayonnement économique français avec les évènements et les réseaux les plus importants, sont un complément essentiel à notre réseau diplomatique.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’aider les entrepreneurs français à l’étranger et les Chambres de Commerce, ce n’est pas soutenir l’économie locale mais c’est bien aider la France, son économie et ses emplois.
Dans ce moment inédit, nous invitons les pouvoirs publics à se saisir d’un sujet trop souvent marginalisé alors qu’il est stratégique pour notre pays. Plus que jamais, la France a besoin de s’appuyer sur un écosystème solide à l’international. Plus que jamais, nos entrepreneurs français à l’étranger ont besoin d’être soutenus. Plus que jamais soyons audacieux et visionnaires ; et passons à l’initiative !
Anne Genetet, Députée de la 11ème circonscription des Français établis hors de France, Présidente du Club France Initiative (Singapour)
Christian Koenig, Secrétaire général du Club France Initiative
Jean-Maurice Ripert, Ambassadeur de France
Yves Merer, Conseiller consulaire Asie Centrale (Iran)
Karim Khouider, Chef d’entreprise
Guillaume Catala, PDG fonds d’investissement ESG (Indonésie)
Sophie Lartilleux - Suberville, Conseillère consulaire San Francisco (Etats-Unis)
Jean-Paul Piotrowski, Conseiller du commerce extérieur de la France, Président honoraire de la Chambre de commerce franco-ukrainienne (Ukraine)
Jean-Claude Moustacakis, Entrepreneur français à l’étranger – Conseiller du commerce extérieur (Pologne)
Thierry Chenut, ancien entrepreneur à l’étranger (Indonésie)
Joseph Attala, enseignant à Sciences Po
Aurélien Bayer, consultant à l’international
Armand Leblois, cadre au sein d’entreprises internationales
Franck Barthélémy, entrepreneur individuel, Conseiller du commerce extérieur, Conseiller consulaire Inde – Bangladesh (Inde)
Vincent Berthiot, Co-fondateur du Club France Initiative (Pays-Bas)
Michel Antraigue, président-directeur général d’une entreprise (Indonésie)