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EUTHANASIE - Affaire Humbert : un non-lieu, pas de loi

La mère et le médecin du jeune Vincent Humbert, euthanasiéen 2003, ont bénéficiéd'un non lieu hier. Cette décision de justice, sur fond de sujet tabou, ne satisfait pourtant pas Marie Humbert, qui ne veut pas laisser le débat retomber

Marie Humbert, déçue par la décision de justice. (Photo : AFP)

Un non lieu pour la mère de Vincent Humbert et son médecin. Voilàl'ordonnance qu'a rendue hier Anne Morvant, juge d'instruction àBoulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais. Début janvier, Gérald Lesigne, procureur de la République, avait formulécette demande dans son réquisitoire, estimant que tous deux avaient agi "dans un contexte particulier et sous une contrainte qui doit l'exonérer de poursuite".
Marie Humbert et le docteur Frédéric Chaussoy étaient poursuivis respectivement pour "administration de substances toxiques commise avec préméditation sur personne vulnérable"et "empoisonnement avec préméditation". Elle risquait cinq ans d'emprisonnement et lui la perpétuité.
En toile de fond de cette affaire, on trouve le débat sur l'euthanasie et une histoire qui avait ému et ébranléla France entière. Après un accident de la route en septembre 2000, le jeune Vincent Humbert, 22 ans, était hospitaliséau centre héliomarin de Berck-sur-Mer. Devenu tétraplégique, aveugle et muet, il ne pouvait communiquer qu'en appuyant sur des lettres avec le pouce de sa main droite. Cela lui avait permis de dicter le livre Le droit de mourir, dans lequel il réclamait qu'on le laisse mettre fin àses jours.
Le docteur Chaussoy "referait la même chose"
Le 23 septembre 2003, sa mère, Marie Humbert, avait fait tomber son fils dans le coma en lui injectant une grosse quantitéde barbituriques. Il était décédétrois jours plus tard, lorsque le docteur Chaussoy avait débranchéson respirateur et lui avait fait une piqûre de chlorure de potassium pour que Vincent ne meure pas étouffé.
Suite au non lieu, les deux protagonistes ont eu des réactions mitigées. Frédéric Chaussoy s'est déclaré"soulagé", mais il a défendu son geste et affirméqu'il "referait la même chose dans les mêmes circonstances". Marie Humbert, elle, a dit être contente pour le docteur mais s'est tout de même avouée déçue. "C'est comme si tout cela n'avait servi àrien, n'avait pas existé", a-t-elle expliqué.
Elle qui veut àtout prix éviter que le débat retombe a assuré: "Je vais continuer àme battre pour qu'une loi Vincent Humbert soit enfin proclamée", pour que l'euthanasie soit enfin admise en France.
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 28 février 2006

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