Depuis sept ans, Françoise Schöpe voit de nombreux demandeurs d'emploi français passer dans son bureau. La conseillère emploi-formation de l'ambassade de France à Berlin dresse pour Le Petit Journal un état des lieux des possibilités qui s'ouvrent aux Français dans la capitale allemande
Françoise Schöpe : "On vient à Berlin surtout pour la qualité de la vie"(photo M.N.)
Le rôle de Françoise Schöpe est de mettre des annonces ciblées à la disposition des demandeurs d'emploi. "Je fais un travail d'intermédiaire. Les entreprises s'adressent à moi lorsqu'elles ont des besoins et je mets ensuite en relation les candidats avec ces entreprises", explique-t-elle. Comparable à un cabinet de recrutement, ce service de l'ambassade doit faciliter l'insertion professionnelle des ressortissants français qui choisissent de s'expatrier à Berlin.
Un public hétéroclite
"Il y a toujours énormément de demandes, explique Françoise Schöpe, et de plus en plus d'appels depuis la France, de salariés du service public qui comptent se mettre en disponibilité par exemple, et veulent avoir des conseils avant de partir". Le public est très varié : des jeunes, notamment des étudiants Erasmus qui décident de ne pas repartir au terme de leur année d'échange, des artistes, mais aussi des personnes proches de la retraite. "Leurs motivations sont variées, mais une chose est sûre, on ne vient pas à Berlin pour le marché du travail"affirme la conseillère emploi-formation. Une configuration particulière à Berlin, où peu d'entreprises sont implantées mais où l'on s'installe "pour la qualité de vie".
Le plus : la maîtrise de plusieurs langues
Dès lors, la concurrence est rude. Le principal atout des Français qui souhaitent travailler à Berlin ? La maîtrise de leur langue maternelle. Qualité partagée par presque tous les demandeurs d'emploi. "Les entreprises savent bien qu'il y a beaucoup de Français dans la capitale allemande, pour elles, ce n'est pas une "denrée rare"", note Françoise Schöpe. La majorité des annonces qu'elle met à la disposition des postulants concernent le secteur tertiaire : l'hôtellerie, l'enseignement, le marketing, le secrétariat, la comptabilité sont demandeurs, ainsi que les centres d'appel et autres services clientèles.
Mais la maîtrise de la langue allemande est évidemment un plus, si ce n'est une obligation : "Les Français qui souhaitent travailler à Berlin sont confrontés à la concurrence de leurs compatriotes. Entre un Français qui parle allemand, et l'anglais en prime, et un autre Français, les entreprises n'hésitent pas". Autre difficulté à prévoir : la reconnaissance des diplômes. Même au sein de l'Union européenne, les choses ne vont pas de soi. Les professeurs français, par exemple, qui ont obtenu le CAPES ou l'agrégation sur concours, doivent faire valider, voire compléter, leurs compétences. Les titulaires d'un bac+2 ou d'un BTS ne sont que difficilement reconnus dans un système scolaire très différent de celui de la France.
Une forte concurrence
Alors que Munich accueille les sièges de société et les structures de production, offrant de nombreux postes dans le marketing et le commercial, Berlin semble n'avoir que peu à offrir aux Français en matière d'emploi. "Les personnes que je reçois ne veulent souvent pas entendre parler d'une autre ville en Allemagne, où il leur serait peut-être plus facile de trouver du travail dans leur branche". Etre prêt à braver la concurrence et à accepter dans un premier temps une précarité de plus en plus répandue dans le milieu tertiaire, c'est peut-être le prix à payer pour goûter à la douceur de vivre berlinoise quand on est demandeur d'emploi...
Marie NORRE. (www.lepetitjournal.com/berlin.html) mercredi 5 mars 2008
Pour en savoir plus : www.emploiberlin.de
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