

Le budget de l'Elysée a été passé au peigne fin par les experts de la Cour des comptes, qui ne cachaient pas leur plaisir. Si le rapport présenté par Philippe Seguin est plutôt positif, de nombreux gaspillages sont encore épinglés
La garden-party édition 2009, une autre dépense mal gérée selon la Cour des comptes (AFP)
(Rédaction Internationale) - Il faut se plonger bien loin dans l'histoire de France, Louis XVI en l'occurrence, pour pouvoir obtenir un détail précis des comptes de nos gouvernants. La Cour des comptes rompt cette année avec la tradition d'opacité budgétaire de l'Elysée en passant à la loupe les dépenses de la présidence en 2008, première année où son budget est consolidé et non plus réparti sur les différents ministères. Verdict du président de la Cour, Philippe Seguin : "sur la plupart des postes, l'exécution du budget est conforme aux prévisions (?) mais des économies seraient possibles".
Des dépenses superflues
Lors de la présentation de son rapport, le premier président de la cour des comptes a tout d'abord pointé du doigt la faible mise en concurrence des fournisseurs de l'Elysée. Ainsi c'est le même boucher qui fournit 70% des besoins en viande du palais présidentiel depuis 1969. Les déplacements officiels seraient également trop coûteux. Philippe Seguin propose de faire payer une contribution, comme c'est le cas pour les journalistes, aux patrons, qui accompagnent jusqu'à présent Nicolas Sarkozy sans dépenser un seul sou de leurs poches. Toujours au sujet des déplacements présidentiels, la cour des comptes va à contre-pied des idées reçues en invitant le chef de l'Etat à utiliser l'avion présidentiel au lieu de vols commerciaux pour ses voyages personnels. Même si un vol commercial s'avère moins coûteux, l'avion de l'Etec accompagne de toute façon toujours le Chef de l'Etat "à vide et stationne à proximité" pour pouvoir l'évacuer rapidement en cas de problème. Les quelque 392.288 euros dépensés par l'Elysée en sondages sont également critiqués par la Cour des comptes. La convention signée entre la présidence de la République et un cabinet d'études ne respecte en effet pas le code des marchés publics. Le travail du cabinet est également remis en question, les résultats de bon nombre de sondages pouvant être trouvés à l'identique et à moindre coût à la lecture de certains quotidiens français.
Des efforts encourageants
Le parc immobilier de la présidence pose également problème. Certaines résidences comme le domaine de Souzy-la-Briche n'ont pas accueilli de président dans leurs enceintes depuis François Mitterrand et embauchent pourtant du personnel à temps plein. Nicolas Sarkozy aurait donc déjà décidé de se défaire de trois résidences : Rambouillet, Marly-le- Roi et Souzy-la-Briche. D'autres efforts ont été consentis par le chef de l'Etat qui a remboursé les 14.123 euros de dépenses personnelles qui avaient été réglés, à son insu, par le budget de la présidence. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs exigé que ses prochaines factures privées lui soient immédiatement remises pour qu'il puisse s'en charger personnellement. La cour des comptes a également salué l'effort d'économies réalisé par l'Elysée qui a réduit ses effectifs de 1.041 à 962 postes.
Aucun point de comparaison
Si la Cour des comptes semble plutôt satisfaite de la gestion des 110 millions d'euros de l'Elysée, ce n'est pas le cas de René Dosière (PS) qui a dénoncé ce rapport qu'il qualifie de "succinct". Le député socialiste, qui dit avoir reconstitué le budget de référence 2007, a une nouvelle fois affirmé que les frais de fonctionnement de l'Elysée avaient connu en 2008 une augmentation de 21.7%. La Cour des comptes ne peut pour l'instant ni affirmer ni infirmer les déclarations du député, n'ayant aucun point de comparaison. Le budget 2007 étant réparti sur plusieurs ministères et sous plusieurs présidences (Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) il lui serait, dit-elle, impossible d'obtenir de chiffres fiables. Ce contrôle étant désormais annuel, il faudra patienter et observer les dépenses de l'année en cours ou de l'année suivante pour pouvoir faire un constat clair de l'évolution des budgets élyséens. La tâche ne sera pourtant pas simple en ce qui concerne l'année 2009. Lors de la présidence française de l'Union européenne, l'U.E a en effet réglé une partie de la note présidentielle.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 20 juillet 2009
En savoir plus
Article du JDD, Les comptes de l'Élysée épinglés
Article de Ouest France, Le budget 2008 de l'Élysée au rapport
Article de Marianne2, A l'Elysée, un cabinet manipulateur de... sondages?








































