Tels les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les événements du Bloody Friday sont restés dans la mémoire des Irlandais du Nord.
Le 21 juillet 1972, l’Irish Republican Army, plus connu sous l’appellation IRA, va perpétrer une série d’attaques à la bombe autour de Belfast. Ces attentats étaient alors une réponse au drame du Bloody Sunday qui s’était déroulé quelques mois plutôt dans la ville de Derry.
Pertes en vie humaines, blessés graves, situation tendue dans tout le pays, l’année 1972 fait partie des périodes macabres de l’Histoire de l’Irlande du Nord.
Retour sur cet événement qui a secoué ce pays.
C’est quoi le Bloody Friday ?
Le Bloody Friday désigne une période sombre de l’histoire de l’Irlande du Nord, à ne pas confondre avec le black Friday ! Il renvoie à une série d’attentats à la bombe qui furent perpétrés par l’IRA le 21 juillet 1972.
Cette campagne armée contre les objectifs économiques et militaires était alors une réponse à la tuerie survenue le dimanche 30 janvier 1972 dans le quartier Bogsidedans la ville de Derry (ou Londonderry), le Bloody Sunday.
Bloody Friday : le plan d’action de l’IRA
Après le scandale meurtrier du Bloody Sunday, l’IRA décide de réagir de la façon la plus violente qui soit. Pour cela, elle va dissimuler 22 bombes dans les alentours de la ville de Belfast.
L’objectif visé par cette initiative était de plonger les troupes d’occupation britannique dans la terreur. Pour l’armée, il s’agissait là d’une vengeance pour les victimes du Bloody Sunday.
D’après certaines sources, l’IRA aurait prévenu les troupes britanniques une demi-heure avant le drame. Elle aurait alors passé des communiqués à travers les médias. Cependant, les Anglais n’auraient pas tenu compte de tous ces avertissements.
Cette réaction anglaise pourrait d’être qualifiée de légitime, car le pouvoir central avait été perturbé par de nombreuses fausses alertes. De plus, il était absorbé par l’idée de faire évacuer les populations dans les zones jugées plus sûres. Pourtant en réalité, elles ne l’étaient pas.
Chronologie des attentats du Bloody Friday
- Le 21 juillet 1972, l’Irlande du Nord a été secouée par une série d’explosions qui a engendré d’importants dégâts matériels et humains. En voici quelques-uns :
- 14h40 : Ulster Bank, Limestone Road, nord de Belfast, une voiture piégée transportant 23 kg d’explosifs explose aux alentours de l’Ulster bank sur Limestone Road. Ce site n’aurait pas été évacué à temps. Une femme catholique y perd ses deux jambes. Plusieurs automobilistes sont blessés car touchés par le souffle;
- 14h53 : Queen Elisabeth Bridge, Belfast, une voiture piégée contenant environ 73 kg d’explosif explose sur le pont Queen Elisabeth. Aucun blessé grave ne sera enregistré. Néanmoins, l’édifice connaîtra de sérieux dégâts matériels.
- 15h03 : York Street Station, York Street, Belfast, une bombe d’environ 23 kg d’explosifs dissimulée dans une mallette explose à la gare de York Street. Ce drame est survenu avant l’évacuation de la gare. Malgré cela, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, juste de nombreux dégâts matériels.
- 15h10 : dépôt de bus d’Oxford Street, Oxford Street, Belfast. Un véhicule explose à l’extérieur du dépôt de bus du transporteur Ulsterbus. Cet attentat va provoquer le plus grand nombre de morts et d’importants dégâts par rapport aux autres explosions. Deux soldats britanniques vont perdre la vie sur le coup. Quatre protestants vont succomber à la suite de blessures graves.
- 15h20 : Cave Hill Road, nord de Belfast, une voiture piégée contenant 23 kg d'explosifs explose dans une rue commerçante multi-religieuse. Aucune alerte n’aurait été donnée pour cet attentat. Trois personnes vont y perdre la vie et de nombreuses autres seront sérieusement blessées.
Le bilan des attentats
L’explosion des 22 bombes a eu de lourdes conséquences sur les plans psychologique, humain et matériel.
Sur le premier point, les familles des victimes et même des non victimes étaient terrorisées par ce qui venait de se produire. Un climat de terreur régnait alors dans tout le pays. Entre deuil et crainte d’une éventuelle réplique de l’armée anglaise, aucun habitant ne menait une vie tranquille depuis lors.
Sur le plan humain, le bilan est sans appel. On dénombre 9 personnes tuées et plus de 130 blessés. Cependant, contrairement aux attaques du Bloody Sunday qui n’avaient fait que des victimes catholiques, celle du Bloody Friday avait provoqué la mort de citoyens à la fois protestants et catholiques.
Les explosions ont engendré de nombreux dégâts sur le plan matériel. On cite entre autre :
- Destruction de l’hôtel Brookvale
- Destruction du Queen Elisabeth Bridge
- Destruction du Liverpool Bar de Donegall Quay
- Destruction de la gare de York Street
Le Bloody Friday a été vivement critiqué par la population nord-irlandaise
Ces actions étaient une vengeance de l’armée républicaine nord-irlandaise. Toutefois, au lendemain des attentats, la population de ce pays critiqua violemment les actions perpétrées par l’IRA.
Les nord-irlandais reprochaient à l’organisation d’avoir provoqué la mort d’honnêtes citoyens irlandais catholiques. Pourtant l’action ainsi menée devait exclusivement viser les anglais protestants.
Les attentats du Bloody Friday n’ont pas eu l’effet escompté
À l’origine, les attentats du Bloody Friday étaient une réponse à la rupture des négociations entre l’IRA et le gouvernement anglais. Ils n’auront cependant pas l’effet escompté.
Ceci étant, les nationalistes irlandais vont mener une campagne d'attentat sans précédent. Celles du Bloody Friday vont entraîner l’opération Motorman. Une opération militaire au cours de laquelle l’armée britannique reprend le contrôle des zones jusqu’ici contrôlée par l’IRA.
Après les attentats, la population nord-irlandaise devint très partagée à ce sujet, car elle ne supportait pas l'idée d'endurer le décès de leurs semblables catholiques.
Du côté du commandement de l’IRA, les choses ne se déroulent pas exactement comme prévues. Le commandement de l’organisation se trouva lui-même divisé face à la tournure qu’avaient prise les choses.
De leur côté, les paramilitaires vont profiter du contexte pour mener des attaques de représailles contre les civils catholiques.
L’IRA qui s’excuse 30 ans plus tard…
En 2002, à l’occasion du trentième anniversaire des attentats du Bloody Friday, l’IRA va présenter des excuses officielles aux familles qui ont été éprouvées le 21 juillet 1972.
50 ans plus tard, la guerre civile en Irlande du Nord semble terminée. Néanmoins, les plaies elles, restent difficiles à refermer.