Les propos, voire les actes racistes, antisémites et sexistes se banalisent dans l'enceinte de l'école dénonce un récent rapport confidentiel commandé par l'Education nationale. Une "détérioration du vivre ensemble" des plus inquiétantes
L'école (AFP), supposée être un lieu de vie collective où s'apprennent les valeurs républicaines serait-elle en train de devenir le terrain privilégié de la banalisation de la discrimination? Les résultats d'une étude confidentielle commandée par le ministre de l'Education nationale portant que les "discriminations à l'école" révélés hier par le journal Le Monde semblent l'indiquer. Le rapport, relevant la "banalisation" de la violence physique et verbale à l'égard des handicapés, des filles, des personnes d'origine étrangère ou des homosexuels conclut à une alarmante "détérioration du vivre ensemble" dans le milieu scolaire.
Un tableau plutôt noir
L'étude qui balaie les différentes formes de discriminations tente aussi une ébauche d'analyse sur leurs origines et conséquences éventuelles. Ainsi concernant le handicap dont la discrimination est encore "très présente à l'école" : le rapport évoque la possibilité que cela ne soit pas tant l'enfant qui rejette la différence mais ses parents qui peuvent manifester la crainte que la présence d'un élève handicapé ne retarde la classe. La discrimination en raison du sexe est aussi encore répandue : les préjugés selon lesquels les filles sont plus littéraires et les garçons plus matheux ont la vie dure alors que l'école a "pour rôle de pousser les jeunes filles à poursuivre leurs trajectoires et à ne pas minorer leurs ambitions" souligne les auteurs. L'orientation sexuelle constitue un autre sujet de discrimination or "décrochage scolaire et marginalisation peuvent, très rapidement, être des conséquences directes de l'homophobie ou de la manière problématique de vivre son homosexualité".
La religion et l'origine constituent aussi des sources de tourmentes potentielles. Si le rapport relève "une prise de conscience progressive" du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie, il fait aussi état d'une "banalisation des injures et des actes" dans ces domaines. Il note aussi l'absence d'enquête sur le phénomène des enfants d'origine juive qui quittent les bancs de l'école public pour cause d'antisémitisme. Enfin, concernant le délit de faciès, la "discrimination ethnique est surtout ressentie aujourd'hui dans l'accès aux stages et dans l'orientation post-baccalauréat" selon les auteurs.
Quelle note pour l'action du gouvernement?
Bien que le rapport ne doit être remis officiellement qu'au mois de septembre à Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale, son bureau a déjà annoncé que la lutte contre les discriminations sera une priorité accompagnée de "nouvelles mesures". Les auteurs eux recommandent le lancement d'études plus poussées sur la question afin de quantifier au mieux ces phénomènes, via des indicateurs de leur réalité et des enquêtes de vécu. Ils proposent également que la question des discriminations soit intégrée à la formation initiale des enseignants, et lancent l'idée de la création d'un guide à l'attention de la communauté éducative autour de la prévention des discriminations.
Restaurer le "vivre ensemble" dans l'enceinte de l'école apparaît des plus crucial pour la lutte à long terme contre la discrimination. C'est bien en grande partie durant la scolarité, que les individus se forment et s'initient à la vie en société; l'enfance et l'adolescence apparaissant comme des moments privilégiés pour apprendre la tolérance et le droit à la différence. Toutefois, certains se demandent si les récents discours sécuritaristes du gouvernement, qui ont choqué par leur stigmatisation des "Français d'origine étrangère" ou d'autres groupes, contribueront à une lutte cohérente contre les discriminations.
Siri Ounechay (www.lepetitjournal.com) jeudi 19 août 2010
En savoir plus:
Le Monde : Les discriminations se banalisent à l'école, selon un rapport confidentiel
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