

Finies les soirées passées à s'arracher la télécommande ou à s'étriper pour des miettes de gâteaux tombées malencontreusement dans le lit conjugal, vivre sous le même toit est devenu ringard. La tendance c'est aujourd'hui de vivre ensemble ? séparément. Ce qui peut sembler être un oxymore représente pourtant le quotidien de près de 10% des couples français. Alors, vivre chacun chez soi, preuve de la fragilité du couple ou preuve d'amour ?
(Rédaction internationale) - Le phénomène est bien connu des Anglo-saxons, qui l'affublent du joli nom de Living apart together (LAT), c'est-à-dire vivre ensemble séparément. Le concept, qui séduit les Etats-Unis, est simple : être en couple (AFP) mais ne pas vivre sous le même toit.
En France aussi ?
Près de 10% des couples français auraient adopté ce nouveau mode de vie. C'est ce que révèle le dernier Portraits de famille réalisé par l'Institut national d'études démographiques (Ined). Cette idée de vivre ensemble mais séparément concerne actuellement près de 8% des 18 à 79 ans, soit 3,8 millions de personnes. Si dans la plupart des cas c'est la distance pour des raisons professionnelles qui oblige les amoureux à faire maison à part, près de 20% des adeptes du LAT le sont volontairement, par goût de l'indépendance. Les jeunes adultes apprécient particulièrement ce genre de relation à distance. Ayant souvent quitté depuis peu le cocon familial, ils retrouvent avec plaisir leur petit nid douillet bien à eux ? seuls. De même pour les seniors qui sont 4% à préférer leur chez soi lorsqu'ils se remettent en ménage.
Les divorcés adorent
Pour les couples un peu plus âgés, cette vie ensemble à distance permet de n'avoir que les avantages de la relation de couple sans ses inconvénients. "Nous-nous retrouvons deux ou trois fois par semaine pour dormir chez l'un ou chez l'autre, on se fait des coucous par la fenêtre, c'est parfait ", explique Annick, 29 ans, qui vit dans l'immeuble juste en face de celui de son compagnon. Les personnes séparées, qui ont retenu la leçon d'une première vie de couple "traditionnelle"n'ayant pas fonctionné, sont heureux d'expérimenter ce nouveau mode de vie. 13% des hommes et 12% des femmes qui ont déjà vécu une rupture préfèrent garder leur propre domicile avec leur nouveau partenaire. "Les divorcés adoptent encore plus souvent ce mode de relation (17%) que les personnes qui n'étaient pas mariées avec le conjoint dont elles se sont séparées", explique Arnaud Régnier, qui a dirigé l'ouvrage pour l'Ined et l'enquête avec les chercheurs Éva Beaujouan et Catherine Villeneuve-Gokalp. La proportion est d'autant plus grande (un tiers) quand les personnes séparées ont eu des enfants d'une précédente union . "Nous ne savons pas toujours si cette indépendance est désirée ou subie", souligne cependant le spécialiste.
Ne pas pouvoir ou ne pas vouloir
Annick avoue qu'elle a pris la décision d'aller vivre ailleurs après avoir fait le constat que son couple ne tenait pas face à la trop grande promiscuité induite par son deux pièces parisien. "Nous avons chacun besoin de notre espace vital et nous étouffions", explique-t-elle. Le chacun chez soi, pour certains, sous ses apparences de modernité, n'est qu'un masque pour cacher qu'on ne peut en fait pas vivre à deux. Vivre séparément, revient-il alors à retarder la rupture ? Les couples satisfaits par la méthode rétorqueront que la distance entretient la flamme et la passion parfois dissipées après plusieurs années de cohabitation. On se voit quand on veut, s'évite aussi quand les tensions rejaillissent et qu'un moment en solo est nécessaire, pour mieux ensuite se retrouver. Au vu d'un taux de divorce qui n'a jamais été aussi élevé, on ne peut que leur donner raison d'essayer cette manière originale de vivre leur amour, l'un avec l'autre, mais pas tout le temps.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 19 janvier 2010
En savoir plus
Article du Figaro, Près de 10% des couples font maison à part
Dossier e-santé, Couple : faire le choix de vivre séparément


































