Disparition de plages, maisons englouties par la mer, l’érosion côtière touche dangereusement l’Afrique de l’Ouest. Pour lutter contre ce phénomène, devenu une priorité, la Banque mondiale et le Fonds pour l'environnement mondial débloquent une enveloppe de plusieurs millions de dollars.
De Dakar à Abidjan, de Cotonou au Cap, la mer grignote les côtes africaines à raison d’un à six mètres par an en moyenne selon une étude d’Ibrahima Faye, chercheur universitaire. 210 millions de dollars seront ainsi débloqués par la Banque mondiale au profit du Bénin, de la Côte d'Ivoire, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal et le Togo. Objectif : enrayer l’aggravation de l'érosion côtière et la dégradation du littoral. Les États côtiers d'Afrique de l'Ouest sont, chaque année, impactés par ce fléau.
Selon l’instance mondiale, ‘’ce projet contribuera à réduire les inondations en restaurant les lagunes et les systèmes de drainage et en améliorant la gestion des bassins versants.’’ La Banque mondiale estime que ces actions permettront de renforcer la résilience de ces zones, où se concentre 42% de l’économie de l'Afrique de l'Ouest.
Un phénomène naturel aggravé par l’activité humaine
On trouve plusieurs causes à l’érosion des côtes. Vents, tempêtes, courants marins, ou encore glissements de terrains provoquent de manière naturelle ce phénomène d’avancée de la mer sur les terres. Capable de s’auto-réguler, le circuit déraille lorsque l’humain vient ajouter son grain de sable.
L’aménagement du littoral est par exemple une importante cause d’érosion côtière. La dégradation, voire la destruction de la couverture végétale dans ces espaces est aussi facteur d’érosion. Ces détériorations sont principalement causées par le déboisement ou encore la circulation des véhicules. Sans parler de la montée des eaux, conséquence funeste du réchauffement climatique. De quoi pointer une nouvelle fois l’homme comme principal coupable.
Le tiers de la population vit sur les côtes
L’enjeu est de taille. Pour rappel, c’est sur ce littoral en danger que sont concentrées la plupart des capitales de l’Afrique de l’Ouest. (Nouakchott, Dakar, Cotonou, Conakry, Freetown, Monrovia, Lomé…). Chiffre révélateur, les littoraux abritent près de 30 % de la population d’Afrique de l’Ouest.
En 2016, l’érosion côtière a englouti l’ancienne cité et le phare de Grand-Lahou, en Côte d’Ivoire, entraînant l’abandon des habitations et la disparition des mangroves qui procuraient du bois aux populations. À Rufisque (Dakar), la ligne de côte a reculé à certains endroits d’une centaine de mètres. L'avancée de la mer à Saint-Louis (Sénégal) a aussi emporté de nombreuses habitations et établissements, et menace la vieille ville, classée patrimoine mondial.
En attente d'une réponse globale
Les réactions existent, mais demeurent insuffisantes. Au Bénin, au cours des dix dernières années, la mer a gagné entre 40 et 50 mètres. En 2014, le pays a érigé des digues artificielles de 200 à 300 mètres de long. Mais dans certains espaces, ces constructions ont dramatiquement accentué l’érosion côtière. Seul, le Bénin ne peut lutter contre le fléau.
À Saint-Louis, les autorités ont aussi construit une digue de protection de plus de trois kilomètres pour protéger la ville historique. Seul inconvénient : le phénomène s’est déplacé un peu plus loin sur la côte et risque de toucher d’autres pays limitrophes. Comme chaque problématique globale, seule une réponse globale pourra y répondre.