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Histoire de la présence catholique francophone au Danemark

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Eglise Højerup , Stevns Klint (Eddy Métais)
Écrit par Elisabeth Tinseau
Publié le 4 avril 2021, mis à jour le 29 octobre 2021

Robert Culat, aumônier de la communauté catholique francophone jusque juin 2020 avait partagé avec nous ses connaissances concernant le riche passé de la présence catholique francophone au Danemark. En voici la restitution en ce temps pascal : 

 

Les Sœurs de Saint Joseph

En 1849, le Danemark accorde la liberté religieuse aux habitants du Royaume, ce qui va permettre la renaissance de l'Eglise catholique, interdite depuis le temps de la Réforme (en 1536, sous le roi Christian III).

Le 11 mai 1856, le matin de la Pentecôte, quatre femmes françaises, quatre religieuses catholiques, débarquent à Copenhague, envoyées en mission par Sœur Félicité, des sœurs de Saint Joseph de Chambéry.

Ce sont : Sœur Anne-Thérèse Parent, Sœur Stéphanie Francoz, Sœur Anne-Sophie Vassal et Sœur Marie-Placide Dijoud. Les Sœurs s'installent à leur arrivée dans un petit logement, insalubre et pauvre, en fait d'anciennes écuries, Sankt Annae Plads.

 

Les premières Sœurs françaises de Saint Joseph
Les premières Sœurs françaises de Saint Joseph

Au centre : la mère supérieure Marie-Félicité qui les a envoyées en mission au Danemark depuis Chambéry

 

En 1857, elles déménagent à Fredericiagade. Le 17 novembre 1858, elles commencent leur activité éducative en inaugurant l'école des sœurs de Saint Joseph. En 1859, l'école est transférée au n°14 de Toldbodvej. En 1875, les sœurs développent leur activité avec la fondation de l'hôpital Saint Joseph (l'hôpital sera agrandi en 1901), dans le quartier de Nørrebro, tout proche de Sakramentskirken. L'hôpital, qui en 1875 avait une capacité de 20 lits, s'agrandira jusqu'à une capacité de 400 lits. A sa fermeture le 1er janvier 1980, il devient un foyer pour personnes âgées géré par la commune et ce jusqu'en 2005.

 

 

L'ancien hôpital Saint Joseph (avec une statue du Sacré-Cœur au-dessus de la porte d'entrée)
L'ancien hôpital Saint Joseph (avec une statue du Sacré-Cœur au-dessus de la porte d'entrée)

 

La salle d'opération de l'hôpital
La salle d'opération de l'hôpital

 

Remise de la tenue d'infirmière dans les années 60 (Kappefest)
Remise de la tenue d'infirmière dans les années 60 (Kappefest)

 

 Cours d'anatomie dans les années 60
Cours d'anatomie dans les années 60

 

Du 7 juillet 1914 au 6 juillet 1915, une école plus grande est construite dans le quartier d'Østerbro: l'Institut Saint Joseph, Institut Sankt Joseph, située actuellement en face de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique.

 

Institut St Joseph
La façade actuelle de l'école, agrandie en 1949-1950

D'école de filles, l'Institut Saint Joseph devient mixte en 1968... (encore l'influence de la France?)

 

En 1922, la province des sœurs de Saint Joseph au Danemark comptait 500 religieuses travaillant au milieu du peuple dont beaucoup de sœurs allemandes. La chapelle de l'Institut a accueilli pendant un certain temps la célébration de la messe dominicale en français.

Les sœurs ne sont plus présentes à l'Institut Saint Joseph. Elles ont actuellement une maison de retraite pour les religieuses âgées située à Osterbro (Strandvejen 91) et un centre de retraites spirituelles ignatiennes (s'inspirant des exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites) à Kokkedal, au bord de la mer, Stella Matutina.

 

Les sœurs de l'Assomption et l´École Internationale de Rygaards

 

L'histoire de l'école internationale de Rygaards remonte à septembre 1909, lorsque les sœurs de l'Assomption fondent leur première école au Danemark, avec douze élèves. Marie Eugénie Milleret avait fondé les Religieuses de l'Assomption à Paris en 1839. Sa vision essentielle était de transformer la société par l'éducation. En tant qu'ordre d'enseignement, l'éducation était considérée comme un processus par lequel la personne humaine est libérée et la société transformée. Elle écrit d´ailleurs : « L'éducation est de permettre au bien de chaque personne de percer le rocher qui l'emprisonne et de le mettre en lumière où il peut s'épanouir et faire la lumière ... »

La première école de l'Assomption au Danemark a commencé avec les mêmes objectifs et a été conçue pour éduquer les jeunes filles à vivre harmonieusement sur une base chrétienne. L'année suivante, le nombre d'étudiantes a doublé pour atteindre vingt-quatre, de sorte que les Sœurs, qui devaient s'agrandir, ont acheté deux villas adjacentes. Après la Première Guerre mondiale, l'école a continué à être si populaire qu'en 1921, les sœurs ont déménagé dans l'ancien collège jésuite, St. Andreas College à Ordrup, où il y avait plus d'espace. C'est à partir de là qu'en 1930, le couvent et l'école ont déménagé dans l'ancienne maison de campagne, Rygaards, à Hellerup et l'école a été nommée Rygaards French School. À l'origine, l'intention était de conserver l'ancienne maison de campagne telle qu'elle était, mais il est devenu nécessaire de s'adapter et de s'agrandir. En 1935, l'église Sainte-Thérèse est construite, elle constitue un ajout très important à la vie quotidienne de l'école. Elle  devint également l'église de la paroisse catholique locale.

 

Après la Seconde Guerre mondiale, un département danois a été créé aux côtés du département dit « polyglotte », en raison d'un autre afflux important d'étudiants. Jusque-là, les étudiants danois et internationaux avaient été enseignés ensemble, mais maintenant, il était estimé qu'il fallait créer une école privée danoise financée par l'État et les classes étaient séparées. À ce stade, les garçons ont été admis pour la première fois. Dans les années 1960, l'anglais est devenu la langue dominante et l'enseignement du département international est passé du français à l'anglais, sur la base de la tradition scolaire anglaise. Le français était conservé comme matière obligatoire dans les deux départements. Enfin, en 1968, le département international est devenu connu sous le nom de Rygaards School et a été intégré au département danois. À partir de 1971, en tant qu’école, elle pouvait désormais recevoir une subvention complète de l’État. Le Département international était obligé d'enseigner le danois comme matière et d'organiser les vacances en harmonie avec le système scolaire danois. En 1973, l'ancienne école catholique St. Knud a fusionné avec l'école Rygaards.

 

Au début des années 80, les sœurs ont déménagé leur couvent dans une autre partie de Copenhague. Leurs chambres et salons ont été rénovés pour accueillir l'école actuelle. L'école a maintenant plus de 100 ans. Le nombre d'élèves est passé de douze à près d'un millier, mais l'école actuelle continue de suivre les objectifs et les aspirations de ses débuts en 1909, à savoir offrir une éducation de qualité et renforcer la confiance en soi de chaque élève, cultiver en lui un sens des responsabilités, de développer une volonté d'aider dans la communauté, d'encourager le respect des autres et de développer un sens de la conscience éthique. Aujourd'hui, l'école est une école moderne et bien équipée avec plus de 1000 élèves représentant 80 nationalités différentes.

 

Les dominicains à Copenhague (1953-1976)

 

St Dominique
Saint Dominique par Fra Angelico

 

 

On se sentait un peu seul comme catholique francophone à Copenhague dans les années qui ont suivi la dernière guerre. Grâce au très francophile curé de la cathédrale Sankt Ansgar, Kjeld Geertz-Hansen, le sermon était en français une fois par mois, mais c’était peu. Aussi les espoirs étaient grands quand la province dominicaine de France qui avait des couvents à Oslo (1921), Stockholm (1931), Lund (1947) et Helsinki (1948) répondit au désir de Monseigneur Th. Suhr, ancien moine bénédictin de Clervaux au Luxembourg, d’avoir une communauté dominicaine au Danemark.

 

Le père Pierre Grégoire fut installé comme curé de la paroisse Saint André à Ordrup, au nord de Copenhague, le 4 octobre 1953. Il était assisté d’un jeune père venu de France et d’un dominicain d’Oslo prêté pour aider au départ. Deux autres français et quatre jeunes danois vinrent renforcer le groupe dans les années suivantes. Le père Grégoire avait avec lui quarante caisses de livres. Même si la majorité était des ouvrages de théologie en français, ce n’était pas au service de la communauté francophone, mais de l’église danoise que les pères étaient venus. Ils établirent très vite un centre culturel au service du diocèse avec de nombreux contacts dans les milieux culturels, et pendant un quart de siècle Ordrup a eu une influence au-delà des limites de la paroisse.

 

L'église Saint André à Ordrup qui était avec les bâtiments attenants jusqu'à l'arrivée des dominicains en 1953 la propriété des pères jésuites.
Eglise Saint André à Ordrup

L'église Saint André à Ordrup qui était avec les bâtiments attenants jusqu'à l'arrivée des dominicains en 1953 la propriété des pères jésuites

 

Les francophones ne furent pas oubliés et en 1957 le père Pierre Dorange, après une longue carrière priorale, se joignit à la communauté pour prendre en charge la communauté catholique francophone. Il se sentait un peu isolé, car le danois avec plus ou moins d’accent était la langue vernaculaire, mais il trouva à “l’école française” comme on appelait l’institut Saint Joseph que les sœurs de St Joseph de Chambéry dirigeaient à Østerbro, un cadre pour son ministère, catéchisme et liturgie dominicale. Pour cette dernière, il fût très aidé par Annelise Rosendahl qui fût avec son mari les premiers convertis qu’iI reçut dans l’église.

 

Dominicain
Le dominicain hollandais Th.A. Zoetmulder (1889-1968)

Le dominicain hollandais Th.A. Zoetmulder (1889-1968) est arrivé sur l'île de Bornholm le 10 mai 1916 pour y être au départ l'aumônier des polonais. Il y restera jusqu'en 1953. De 1953 à 1956, il sera le recteur de l'hôpital de Saint Joseph à Copenhague

 

La paroisse française était indépendante du couvent, et lorsque la communauté dominicaine a commencé à être en difficulté, le P. Dorange a tenu bon à son poste. Mais au début des années 70, le décès de trois frères puis le départ de deux frères danois et de deux français aboutirent à la fermeture du couvent. Le père Dorange rentra en France en 1973 et en 1976 le père Grégoire se mit au service du diocèse. Il emmena avec lui la bibliothèque qui avec le fonds de la bibliothèque théologique du diocèse constitue la bibliothèque Saint André qui se trouve aujourd’hui à l’évêché. La présence dominicaine au Danemark a malheureusement été de courte durée, mais la communauté catholique francophone au Danemark leur doit d’avoir accès à une bibliothèque que beaucoup d’autres communautés en pays étrangers peuvent leur envier. Mais le savent-ils? L’utilisent-ils?

 

Nous remercions chaleureusement Robert Culat. 

Pour en savoir plus :  http://comcatholiquefrancophonecph.blogspot.dk

 

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