

Après 34 ans d'absence, Michel Polnareff a renoué avec le public français vendredi dernier à Paris Bercy. 17.000 spectateurs en émoi étaient réunis pour deux heures de concert chargé d'émotion et de souvenirs. Un pari réussi pour un retour digne d'une résurrection
Polnareff a fait toutes les couvertures pour son retour (photo Ophélie Gimbert)
Son dernier concert en France remontait à 1973 à l'Olympia. Vendredi soir, après 34 ans d'absence, 17.000 Français ont pu renouer avec le mythe Michel Polnareff à Bercy. A 21h le rideau s'est levé et Polnareff de s'exclamer "Je n'ai pas préparé de discours, mais je dirai juste : 'Enfin!'". Tout un symbole. "J'avais senti une envie mutuelle. Moi, de revenir, eux de me voir" expliquait-il récemment à Paris-Match.
Tout ce qui incarnait Polnareff était sur scène : chemise blanche et ensemble pantalon veston de cuir noir, et bien sûr les fameuses lunettes noires cerclées de blanc. À 62 ans, la silhouette a certes un peu grossi, mais sa voix est quasiment intacte.
D'ailleurs, la première chanson du concert, Je suis un homme, Polnareff l'a entamé a capella. La salle explosait littéralement. Il enchaîna avec La Poupée qui fait non, L'Amour avec toi, Sous quelle étoile suis-je né. Malgré une grande émotion sa performance était impeccable. Au total, l'artiste a interprété une vingtaine de chansons dont certains de ses plus grands succès : Holidays, Love Me Please Love Me, ou encore Goodbye Marylou donnant lieu à une véritable communion entre l'idole et ses fans.
Après deux heures de folie, le spectacle s'est achevé sur un immense karaoké avec On ira tous au paradis, repris en choeur par tout Bercy.
Le mystère Polnareff
Dès mars 1973, Michel Polnareff indiquait qu'une ?carrière sans les Etats-Unis n'est pas une carrière ?. Cet excentrique qui a ringardisé les Yé-yé dès ses débuts en 66 avec La Poupée qui fait non, n'a pourtant pas eu le choix de s'exiler outre Atlantique. Son manager, Bernard Seneau, détourna 5,7 millions de francs des comptes de Polnareff et le Fisc français réclamait au chanteur deux ans d'arriérés d'impôts. Ruiné, ?Polna? n'a plus eu d'autre choix que l'exil en Californie.
En 78, quand le chanteur a été blanchi par la justice, personne ne savait exactement ce qu'il faisait ni où il était. Il faudra attendre 10 ans pour que Polnareff redépose ses valises en France. En réalité les 801 jours de ce retour ont été tragiques. Enfermé dans le palace Royal Monceau et frappé par une double cataracte, Polnareff résumait sa vie ainsi: ?La vodka était devenue une maîtresse que je trompais avec le whisky?.
Michel décolla pourtant pour les States où il a soigné ses cataractes et son alcoolisme, puis il a rencontré Danyellah de qui il a montré les fesses en 2004, en une de Paris Match. Comme un clin d'oeil...
C'est grâce au lien quasi viscéral qu'il entretient dès la fin des années 90 avec ses fans en France, notamment via son site Internet, qu'il a élaboré ce très attendu retour sur scène. Avec cette série de 10 concerts à Bercy -du 2 au 14 mars, la période d'exil de Polnareff s'achève enfin. En attendant la tournée européenne.
Aurélien BARBIN (www.lepetitjournal.com) mardi 6 mars 2007


































