
Des montagnes et de la jungle colombiennes aux bancs du Parlement: les ex-guérilleros des Farc vont transformer la plus importante rébellion du pays en parti le 1er septembre, résultat de l'accord de paix signé avec le gouvernement l'an dernier.
Après plus d'un demi-siècle de conflit armé, il s'agit d'une étape décisive pour les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus ancienne guérilla du continent sud-américain, dans leur retour à la vie civile.
Issues en mai 1964 d'une insurrection paysanne et composées surtout de combattants originaires des campagnes, elles ont pour doctrine le marxisme-léninisme et la réforme agraire comme principale revendication.
"Ce que nous allons faire le 1er septembre, c'est lancer publiquement le parti", a déclaré lors d'une conférence de presse le commandant des Farc, Carlos Antonio Lozada.
"Nous avons fait la paix pour participer à la politique", a affirmé de son côté le négociateur en chef des Farc, Ivan Marquez.
Les Farc ont signé en novembre dernier un accord de paix avec le gouvernement de Juan Manuel Santos, au terme de quatre ans de négociations à Cuba. L'accord prévoyait que la rébellion se transforme en parti politique.
Les quelque 7.000 guérilleros de l'organisation ont fini de rendre les armes le 27 juin sous le contrôle des Nations unies.
- Mauvaise image -
Le nom, la ligne politique et les candidats du nouveau mouvement doivent être décidés lors d'un congrès des Farc en août, peu avant une visite en Colombie du pape François, prévue du 6 au 11 septembre, pour célébrer la paix et la réconciliation.
"Nous avons été ouverts au dialogue avec l'ensemble des forces et mouvements politiques du pays", a expliqué l'ancienne guérillera Erika Montero. La nouvelle formation sera "antipatriarcale" et "anti-impérialiste" et tournée vers les questions de genre, les jeunes, les sujets agricoles, urbains et économiques, a-t-elle ajouté.
Parmi les pistes évoquées, garder le même sigle "Farc" mais en lui donnant une signification différente. Chaque ancien combattant devra décider s'il participe au parti politique avec son nom de guerre ou sous sa véritable identité.
Historiquement, les Farc jouissent d'une mauvaise image en Colombie, à cause des nombreux enlèvements de longue durée qu'ils ont commis, comme celui de l'ex-candidate présidentielle Ingrid Betancourt en 2002 durant six ans, et de massacres tel celui de Bojaya (Choco, nord-ouest) qui a fait 79 morts la même année. La guérilla est aussi l'auteure de l'attentat à la voiture piégée du club El Nogal, à Bogota, qui a fait 36 morts en 2003.
En mai dernier, 82% des Colombiens avaient une opinion négative des Farc, selon l'institut de sondage Gallup.








































