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CINE – Sam Karmann : Qui a tué Pauline Anderton ?

Avec un casting de premier choix dont Karin Viard, André Dussollier ou François Cluzet, Sam Karmann fait de La vérité ou presque un hymne à l'ordinaire contemporain. Sa respectueuse adaptation du roman de Stephen Mac Cauley vaut tous les anti-dépresseurs du monde

Transposer à Paris et Lyon les personnages de New York et Boston était assez osé : c'est réussi (Affiche Rezo Films)

Parmi la demi-douzaine de personnages qui gravitent dans La vérité ou presque, la rencontre entre Anne (Karin Viard) et Vincent (André Dussollier) est celle qui ouvre le plus le champ des possibles humains.
Etroitement liée à leur profession -une animatrice télé et un universitaire-, leur vision et leur appréhension du monde sont nécessairement différentes. Lui, qui travaille à la biographie de la chanteuse de jazz Pauline Anderton décédée dans un accident de la route dans les années 70, cherche à interroger ses descendants pour mieux cerner la personnalité de la musicienne. Elle, pour ses ambitions personnelles, veut une interview à insérer dans un documentaire.
Si la recherche de la vérité autour de Pauline Anderton reste l'intrigue principale du troisième film de Sam Karmann (après Kennedy et moi, et A la petite semaine), elle permet aussi de tisser une grande fresque du sentiment amoureux.
Ainsi, s'il n'est a priori pas question d'amour entre Anne et Vincent mais de la naissance d'une amitié, leurs hésitations sentimentales laissent place à de savoureuses séquences sur le quotidien de la conjugalité. Quand est-ce qu'on triche, quand est-ce qu'on fuit, comment aime-t-on ?

Hommage à l'anti-héro
En publiant "Mon mari mort"et en pleurant à chaudes larmes et à demande sur les plateaux lors de la promo de son livre, Rose Marie (excellente Brigitte Catillon) joue certes de cynisme. Mais derrière son ironie, des sentiments plus subtils sont à l'?uvre. C'est d'ailleurs toute la force du propos artistique de La vérité ou presque : observer le cheminement des relations humaines dans leurs fragilités, leurs contradictions et leurs lucidités banales. Il n'y a ici ni cucutterie, ni prince charmant, ni leçon de vie. Juste des adultes qui consentent à vivre ensemble.
S'il était vain de tenter de rendre à l'écran l'exquis humour dont Stephen Mac Cauley fait preuve tout du long de sa construction narrative, Sam Karmann parvient à recréer fidèlement l'humanisme qui émane des pages du romancier. C'est pourquoi on ressort de ce film délicat avec l'envie d'aimer le genre humain dans toutes ses maladresses.
Betty RUBY. (
www.lepetitjournal.com) mercredi 12 septembre 2007

La vérité ou presque, de et avec Sam Karmann. Adapté du roman True Enough de l'Américain Stephen Mac Cauley. Et avec Karin Viard, André Dussollier, François Cluzet, Brigitte Catillon, Julie Delarme, Liliane Rovère... (1h35) Sortie en France aujourd'hui. Fiche Allociné

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