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CINE - Caché de Michael Haneke

Thriller psychologique, le dernier film de Michael Haneke explore le thème de la mauvaise conscience et égratigne, au passage, le spectateur

Photo : Films du Losange

D'une très grande maîtrise, ce film récompensé à Cannes et sorti dans les salles françaises en octobre 2005, semble séduire, à son tour, le public grec.

A l'affiche depuis plusieurs semaines, il est encore présent dans quelques cinémas d'Athènes.

Dans la catégorie des films d'auteur, voici une mise en scène minimaliste, sans effet spéciaux ni musique traumatisante qui réussit son pari en atteignant le paroxysme de la violence psychologique.

Une famille de bobos parisiens, blottis dans leur univers familial et professionnel que rien ne semblerait pouvoir faire vaciller. Rouages de la vie quotidienne bien huilés, surtout ne pas faire de vague pour préserver les acquis.
Mais lorsqu'une bribe du passé refait surface, c'est la panique. Daniel Auteuil, présentateur télé d'une émission littéraire, en proie au sentiment de culpabilité, traqué par une idée fixe, tente de sauver la face. Victime, il n'attire pourtant à aucun moment la pitié ou la compassion car il est trop attaché à son bien-être et confort personnel. Il voudrait pouvoir ranger cette histoire, la classer. Mais comment supporter d'être tenu pour responsable de l'échec d'une vie ?

Juliette Binoche, épouse forte mais dépassée par les événements, nous offre un très beau jeu d'actrice en interprétant avec justesse ce rôle de femme.
Face à cette cellule familiale qui tente de faire bloc, l'adversaire n'est pourtant pas si terrible.

Au-delà de cette histoire, c'est à la culpabilité nationale que Haneke s'adresse en rappelant le conflit France Algérie et la situation actuelle de toute une génération de jeunes français issus de parents algériens immigrés. 

" On ferait tout pour ne rien perdre " déclare Haneke parlant de son film.
Une fois encore, il parvient à soulever la question qui dérange, quitte à laisser le spectateur en proie, à son tour, aux affres de la remise en question.

Delphine MILLET PRIFTI. (LPJ - Athènes) 1er mars 2006

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