Des orages nourris de pluie et de vent ont assaini l’atmosphère du nord de la Thaïlande ce week-end pour le plus grand soulagement de millions d’habitants de la région qui vivaient depuis plusieurs semaines sous des taux de pollution au particules fines (PM 2,5) malsains voire dangereux.
Après un week-end relativement orageux sur plusieurs provinces du nord de la Thaïlande, lundi matin, l’indice de qualité de l’air (AQI) indiquait des taux considérés comme sains.
L'AQI est un indice de mesure du niveau de pollution atmosphérique : 0-50 équivaut à une bonne qualité de l'air symbolisée par la couleur verte, 51-100 qualité modérée (jaune), 101-150 indique un air mauvais pour les personnes sensibles (orange), 151-200 est mauvais pour la santé de tous (rouge), 201-300 est très malsain (violet) et 301-500 indique un air très dangereux (marron).
Or, depuis février jusqu’à ces derniers jours, l'AQI dans la région n’est quasiment jamais descendu sous la barre des 100, selon l'indicateur Air Visual,se situant le plus souvent dans des taux malsains voire très malsains, avec des pics relativement soutenus dans la zone très dangereuse, avec des taux de PM 2,5 -pour particules fines de moins de 2,5 microns- pouvant atteindre dix à quinze fois les taux recommandés par l’OMS.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le niveau d'exposition maximum quotidien aux PM 2,5 ne doit pas dépasser les 25 µg/m3 tandis que les autorités thaïlandaises fixent ce seuil à 50 µg/m3.
Les mois de mars et avril correspondent dans le nord de la Thaïlande au pic de ce que beaucoup appellent "la saison des fumées", une période durant laquelle plusieurs facteurs, humains et météorologiques, se combinent pour former une couverture dense de pollution aux microparticules. Chaque année, la population de la région est amenée à porter le masque N95 et s’équiper de purificateurs d’air, tandis que les écoles doivent procéder à des fermetures temporaires lorsque les taux de PM 2,5 sont trop élevés.
Ces émissions sont imputées principalement à une pratique ancienne et généralisée du brûlis dans toute la région et les pays voisins qui commence en décembre. Les gens recourent généralement au brûlis pour défricher, se débarrasser des résidus organiques, ou encore pour favoriser la pousse d’un champignon très prisé sur les marchés. Outre les émanations propres aux brûlis, il arrive que ces feux dégénèrent et enflamment la forêt, dont la végétation est particulièrement sèche en cette saison sans pluie. Il arrive aussi que les incendies soient provoqués volontairement dans une forme de représaille, comme le souligne le journal local Chiang Mai City Life.
Cette année, les feux de forêt ont été particulièrement nombreux et intenses sur les montagnes entourant la ville de Chiang Mai, ravageant des milliers d’hectares de forêt et projetant de grandes quantités de fumées et de micro-particules dans l’air durant cette saison de fortes chaleurs et sans vent.
Selon le Département des forêts, les incendies auraient détruit environ 55.266 rais (8.842 hectares) ces dernières semaines dans le nord de la Thaïlande, dont le tiers sur Chiang Mai (17.771 rais sou 2.843 ha).
Malgré la mobilisation croissante d’une partie de la population, qui a multiplié les appels et les initiatives pour changer les choses, les autorités thaïlandaises, qui n’ont pas hésité à prendre des mesures drastiques pour contrer l’épidémie de Covid-19, se sont montrées particulièrement impuissantes voire inactives face à cette pollution atmosphérique aux PM 2,5 qui revient pourtant chaque année et est responsable de 23.800 décès prématurés en Thaïlande en 2017, selon un récent rapport.