À Mae Rim, au nord de Chiang Mai, un salon de thé invite le visiteur à (re)découvrir la nature sous son prisme le plus érotique.
“L’érotisme est présent partout, tout le temps et en chacun de nous, bienvenue à l'Erotic Garden!” lance joyeusement Katai Kamminga, Thaïlandaise dans la cinquantaine, à l’entrée de ce jardin pour le moins surprenant où des phallus géants se dressent fièrement ici et là.
Ouvert depuis cinq ans, l’Erotic Garden est le seul en son genre en Asie du Sud-Est. Si les représentations phalliques se révèlent nombreuses en Thaïlande, comme en témoignent la décoration de certains temples ou l’abondance de pendentifs en forme de pénis sur les marchés, ces membres virils symbolisent avant tout la fertilité ou la puissance, le côté charnel restant souvent tabou.
“L’érotisme fait partie de notre ADN, il existe en chacun de nous, mais la société, la religion, la culture, la morale cherchent à le contrôler, il reste encore délicat d’en parler surtout en Thaïlande”, explique Katai.
Un fait qui se constate dans le public qu’elle a l’habitude de guider. “Avant le Covid-19, je n’avais que des touristes étrangers, dont beaucoup de France et d’Italie. Aujourd’hui, depuis la fermeture des frontières, 80% des visiteurs sont des expatriés et 20% des Thaïlandais, c’est une légère augmentation”.
Pour mettre ses invités à l’aise, Katai s’occupe elle-même des visites, commençant par une discussion autour d’une tasse de thé, une façon d’entrer en douceur dans l’univers qu’elle a imaginé en parlant de la place de l’érotisme dans la culture et la société thaïlandaise, dans la nature et les actes du quotidien.
En chemin vers le jardin, elle s’arrête pour dévoiler des détails dans la construction de la maison, dont les chambranles de portes représentent des pénis. Elle invite à humer les fleurs, elle s’enthousiasme sur leur couleur, leur forme : “ne représentent-elles pas de manière parfaite le sexe féminin?” Elle invite à caresser, toucher certaines plantes : “la texture ne vous fait-elle pas penser à quelque chose? N’avez-vous pas l’impression de palper un sexe masculin ?”
Initiatrice et créatrice de cet original jardin, Katai a fait appel à des étudiants en art de l’université de Chiang Mai pour réaliser les sculptures érotiques. “On possède encore une fraîcheur, une innocence à cet âge-là”. Et parfois même une volupté, comme celle qui se dégage de la sculpture où l’on voit une femme enlacer un pénis, le visage serein, presque en extase!
Entre les fleurs et les sculptures, le jardin a également été redessiné et laisse apercevoir les courbes du corps féminin, dans une jolie harmonie avec son environnement.
Un lieu à découvrir, en toute sensualité.
Ouvert du mercredi au dimanche
Entrée : 300 bahts avec thé ou café offert