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À Chiang Mai, un Français a pu se faire prescrire du cannabis médical

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Xavier Bruzaud-Grille a pu se faire prescrire de l'huile de cannabis médical à Chiang Mai
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 9 novembre 2020, mis à jour le 10 novembre 2020

En décembre 2018, la Thaïlande devenait le premier pays d’Asie du Sud-est à autoriser le cannabis médical. Deux ans plus tard, son accès est toujours limité, encore plus pour les étrangers résidents en Thaïlande. Pour autant, ce n’est pas une mission impossible. 

La Thaïlande a légalisé la culture de cannabis, à usage médical en décembre 2018, devenant le premier pays d'Asie à se lancer dans un marché dominé jusqu'ici par le Canada, les Etats-Unis ou encore Israël. À l’époque, cette décision avait fait la une des journaux du monde entier qui présentait le gouvernement thaïlandais comme progressiste et avant-gardiste. Deux ans plus tard, le pays est encore loin d’avoir légalisé complètement le cannabis médical et son accès est toujours limité pour les citoyens et encore plus pour les étrangers. 

Pour autant, se faire prescrire de l’huile de cannabis n’est pas totalement une mission impossible. À Chiang Mai, un Français a ainsi pu se faire prescrire de l’huile de THC/CBD pour traiter ses problèmes d’insomnies. 

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Prescription d'huile de cannabis, notice explicative et carnet de bord à remplir tous les jours (courtoisie Xavier Bruzaud-Grille)

“J’ai pu me faire prescrire de l’huile de cannabis THC:CBD 1:1 à l’hôpital public Nakornping à Chiang Mai”, explique Xavier Bruzaud-Grille (NDLR: "THC:CBD 1:1"  signifie que l'huile comprend des proportions équivalentes de THC et le CBD, un ratio généralement utilisé pour les huiles médicinales).

“Le parcours a été un peu compliqué", ajoute l’entrepreneur spécialisé en permaculture. "J’ai fait d’abord une première tentative à l’hôpital de Thoen près de Lampang. On nous avait conseillé d’aller là-bas pour mon épouse qui est atteinte d’un cancer et est en soins palliatifs. Finalement, pour elle, les traitements à base de cannabis n’étaient pas adaptés dans cet hôpital et pour moi, ils m’ont fait comprendre que c’était à la discrétion du médecin”. 

Une discrétion qui ne s’est pas révélée favorable à Xavier lors de cette visite à l’hôpital de Thoen. Par contre, sa visite à l’hôpital Nakornping de Chiang Mai a été plus fructueuse. “Nous nous sommes présentés avec mon épouse. Nathalie avait avec elle tout son dossier médical et de mon côté, j’avais une recommandation de mon psychiatre du Bangkok Hospital de Chiang Mai. À l’hôpital, nous nous sommes enregistrés et nous sommes montés dans la division ‘cannabis’, une section à part avec du personnel spécialement formé”, précise Xavier. 

Fortement contrôlées par le gouvernement, les prescriptions de cannabis peuvent être accordées par certains hôpitaux publics et par certaines cliniques de médecines traditionnelles ouvertes généralement un ou deux jours sur la semaine.

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Après avoir suivi un protocole précis pour informer les deux patients, les interroger sur leurs motifs pour se faire prescrire de l’huile de cannabis, Xavier et Nathalie sont tous les deux ressortis avec leurs prescriptions. 

“Pour Nathalie, elle est Thaïlandaise donc a priori, ce n’était de toute façon pas un problème. De mon côté, au moment de l’enregistrement, j’ai donné ma carte d’identité thaïlandaise, - la carte rose -, j’ai la résidence permanente et je pense que ça a joué en ma faveur, ils ont vu que je n’étais pas ici de manière temporaire”, ajoute le quarantenaire. 

Si le processus pour se faire prescrire de l’huile de THC/CBD semble assez simple, les traitements à base de marijuana ou de chanvre ne sont prescrits que dans certains cas précis. Le site d’information du gouvernement Medcannabis répertorie six maladies/situations pour lesquelles les recherches académiques ont prouvé les effets bénéfiques de la marijuana : en cas de nausée ou de vomissement pour les patients qui suivent une chimiothérapie, pour l’épilepsie, pour l’anxiété si d’autres traitements n’ont pas fonctionné, les patients atteint de sclérose, pour les patients atteints du sida et qui souffrent d’anorexie. Les personnes souffrant de la maladie de Parkinson, Alzheimer, inflammation du système nerveux peuvent également se faire prescrire du cannabis médical, mais des recherches pour prouver les effets bénéfiques doivent être approfondies. 

“J’ai des insomnies depuis plusieurs années et le cancer de ma femme a encore aggravé mon anxiété et donc mes problèmes de sommeil. J’ai essayé des traitements chimiques traditionnels, mais il y a une accoutumance au fil du temps et c’est contraire à mon souhait de me soigner avec des éléments naturels. Pour autant, il faut bien comprendre que se faire prescrire du cannabis n’est pas ouvert à tous, au final c’est le médecin qui décide”, relate Xavier.

Pour s’assurer de l’efficacité et pour contrôler les effets sur les patients, un suivi rigoureux accompagne l’ordonnance du médecin. Xavier et Nathalie doivent tenir un journal de bord avec le nombre de gouttes d’huile qu’ils prennent chaque jour, les effets et l’évolution de la maladie. Le médecin appelle au téléphone les patients au 3ème et 7ème jours pour prendre des nouvelles. Deux semaines après la première visite, un rendez-vous doit de nouveau être pris avec le médecin pour obtenir une nouvelle prescription. 

conference sur l'industrie du cannabis en Thaïlande
Le 4 novembre, Draper Startup House Chiang Mai a organisé une conférence sur le thème du cannabis et du chanvre en Thaïlande avec parmi les invités Chokwan Kitty Chopaka, Steve Sarich et Ryan Doran. (Photo : Catherine Vanesse)

“Il faut revenir 14 jours après le premier rendez-vous avec son carnet de bord pour un contrôle. Le flacon coûte 940 bahts, la consultation est à 100 bahts et c’est seulement pour 15 jours, donc en fait il faut vraiment souffrir de maladie parce que cela représente un certain coût”, commente le Français. 

“Xavier est l’un des rares étrangers qui a réussi à avoir une ordonnance pour du cannabis médical”, réagit Chokwan Kitty Chopaka, fondatrice et directrice d’Elevated Estate, une société de conseil spécialisée dans l’industrie du cannabis. 

Si la Thaïlande est en effet en marche pour légaliser le cannabis, à l’heure actuelle, cette légalisation est encore limitée à certains usages et à certaines personnes, les autorités étant toujours dans une phase “d’études et de recherches”. Les personnes séjournant en Thaïlande avec un visa de courte durée sont totalement exclues de la possibilité de se faire prescrire du cannabis à usage médical. 

“C’est difficile pour les étrangers, mais pas impossible. Par contre, il est important de rappeler qu’avoir du THC dans le sang alors qu’on n’a pas d’ordonnance qui justifie l’usage du cannabis médical, cela peut mener à un an de prison et une amende de 20.000 bahts. Il y a de ‘soi-disant’ cliniques qui peuvent vous fournir de l’huile, mais les documents ne sont souvent pas en règle. Il faut s’assurer qu’il y a bien le logo de la FDA (Food and Drug Administration)”, précise l’activiste lors d’une conférence sur le cannabis et le chanvre qui s’est tenue le 4 novembre à Draper Startup House à Chiang Mai. 
 

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