Camille a quitté la France pour vivre en Inde il y a 23 ans et elle n’a pas de regrets : La France ne lui manque pas.
Camille a confié à la rédaction comment elle est, un jour, partie de France et au fil du temps, a fondé une famille en Inde à Chennai.
1999 : une rencontre sur une chat room change la vie de Camille
Etudiante en droit à Montpellier, la jeune fille prévoit de partir en Angleterre pour un travail d’assistante en droit français. C’est une rencontre sur une chat room d’Internet qui change tout.
Ce jour-là, Camille se connecte sur Internet et discute avec un certain Karthik, indien, puis son meilleur ami et modérateur du chat, qui porte le même prénom orthographié différemment, Karthic.
Le courant passe entre Camille et le deuxième Karthic et ils deviennent bons amis. « Ma relation e-épistolaire devient plus forte. Un jour, je me dis, et si j’allais en Inde ? ».
Quelques semaines plus tard, Camille fait une demande de visa, l'obtient et s’envole pour l’Inde, sans rien connaître du pays. Elle débarque à Bombay avec ses CDs, ses jupes et ses talons.
Je me souviens que l’aéroport n’était pas très beau. J’ai pris un vol intérieur jusqu’à Chennai, une grande ville à l’Est. Et là, je rencontre enfin Karthic. Je ne le sais pas encore, mais il deviendra mon mari et le papa de ma fille, Tara.
L’aventure à l’autre bout du monde commence pour elle. Logée chez des amis, la jeune femme trouve rapidement un petit boulot à l’Alliance Française.
Camille : L'Inde est devenue mon équilibre
La suite de sa vie professionnelle se définit par des rencontres et des opportunités saisies.
En 2000, Camille gère une guest house dans un quartier résidentiel de Chennai. Elle s’installe avec Karthic. Deux cultures se mélangent dans leur petit appartement de Pallavakkam. Le carton recouvert d’un sari en guise de table basse le prouve. Camille prend ses marques. Elle commence à réaliser des traductions, donne des cours de langues, devient chef d’entreprise et consultante pour différentes entreprises, dont Michelin et Daimler.
En 2007, Camille crée le premier club d’expatriés français avec la Consule Générale de France de l’époque : le Club France. Elle fait aussi partie du projet de création de l’EFIS, une école franco-Indienne à Chennai.
Camille en est sûre, l’Inde est devenu son équilibre.
Je ne me suis jamais dit : « j’en ai marre, je veux rentrer en France ». Mes parents m’ont élevé pour apprécier le moment, je n’ai pas de regrets et surtout la France ne me manque pas. Mais, mon identité reste française tout en ayant construit ma vie ici.
Camille : mon caractère et ma personnalité ont été façonnés par l'Inde
Camille s'est mariée avec Karthic en 2009 et leur fille Tara est née en 2012.
Bien sûr, il y a des hauts et des bas. Camille se souvient, amusée, de toutes ses péripéties d’obtention et de renouvellement de visas pendant des années.
Elle se souvient aussi avoir vécu le choc des cultures, particulièrement lorsque les parents de Karthic refusent que leur fils ne se marie avec une étrangère. Ils ne leur adressent plus la parole pendant plusieurs années.
C’est la naissance de Tara qui dénoue tout : « on tourne la page à ces petits désagréments de parcours… » nous confie-t-elle.
Si elle reste à jamais liée à la France par sa nationalité et celle de sa fille, Camille constate indéniablement que l’Inde l’a façonné.
Je réalise que mon caractère, ma personnalité et mon attitude ont beaucoup évolué. Mon mari a aussi accompagné cette évolution.
Un jour, il lui dit “Be satisfy with what you receive”. Ça a été un déclic pour Camille qui s’est toujours beaucoup comparée aux autres, notamment les expatriés.
A Chennai, entourée de sa famille et ses amis, elle aime se rappeler que chaque vie est unique, et donc incomparable.