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A Pondichéry, les bûches de Noël de Eat my Cake pour donner du travail aux femmes

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Écrit par Anaïs Pourtau
Publié le 19 décembre 2022, mis à jour le 19 décembre 2023

Pondichéry est habillée de ses atours de Noël, toutes les occasions ne sont-elles pas bonnes pour rendre plus belles, encore plus rayonnantes et colorées, les rues de la ville ?

Il est toujours étonnant, à nos yeux européens, de voir les Pères Noël et les sapins plantés devant les boutiques, alors que les  températures sont si douces, c’est un peu Noël en été. Les étals débordent de santons, de crèches, de Vierges et de Petits Jésus devant la cathédrale de l’Immaculée Conception à Mission street. 

 

Stands de vente de santons à Pondichéry

 

 

Eat my cake, une pâtisserie particulière à Pondichéry

Rue Romain Rolland, derrière l’église Notre Dame des Anges, se loge une belle histoire.

Collée à l’Indianostrum Theatre qui résonne des voix des acteurs qui répètent, la petite pâtisserie- boulangerie rose et vert émeraude, Eat my cake, expose en vitrine au milieu des macarons, mousses de fruits, cheesecakes, des bûches pimpantes : chocolat noisette, ananas et noix de coco, vanille et fraises. Quelles merveilleuses saveurs de fruits de saison ! Oui, nous sommes en pleine saison des fraises !

 

Les bûches de Noël de la pâtisserie Eat my cake

 

 

 

En décembre, Eat my cake fête ses six ans. C’est une belle histoire qui a commencé en 2016 grâce à la volonté de Saloua, une Française stéphanoise, d’origine marocaine, qui veut « redonner le pouvoir » au sein de leur cellule familiale, à des femmes en difficulté.

 

Eat my cake à Pondichéry : offrir de la douceur gustative et refuser la fatalité 

Saloua Salh a voyagé, elle connait l’Inde, aime les relations qui s’établissent entre les gens dans ce pays. Elle s’installe à Pondichéry.

Ses occupations l’amènent à faire du bénévolat auprès de personnes handicapées dans une école spécialisée et elle découvre que beaucoup de femmes de milieux pauvres sont les victimes de machisme ou de l’alcoolisme de leurs époux. 

 


Rappelons que l’alcoolisme est un fléau en Inde puisque, selon l’OMS, 28,7 litres d’alcool sont consommés par personne et par an contre 12,9 litres pour les français. L’alcool provoque des violences conjugales et le décès prématuré des hommes par maladie, accidents ou encore consommation d’alcool frelaté. Mi décembre 2022, les médias locaux faisaient état d’un bilan d’au moins 31 décès dans deux villages de l’État du Bihar du fait de cet alcool produit clandestinement.


 

Saloua a visité le Centre Amal Women Kitchen Center à Marrakech, au Maroc, qui est une association qui forme les femmes en situation précaire aux arts culinaires. En Inde, toutes les femmes cuisinent pour leur famille et elles possèdent donc des techniques et des savoirs dans ce domaine et ont déjà une certaine confiance dans les gestes culinaires.

Saloua décide donc de s’inspirer du modèle de cette organisation du Maroc pour ouvrir une boulangerie-pâtisserie qui donnera du travail à des femmes à Pondichéry. Pendant deux ans, elle mûrit le projet le finançant avec des fonds propres et du crowdfunding.

 

Saloua ne connaît pas grand chose à la boulangerie et à la pâtisserie, mais elle est convaincue qu’à plusieurs elles vont y arriver.

 

La boulangerie-pâtisserie Eat my cake à Pondichéry

 

 

Naissance d’une entreprise et d’une équipe de travail dans la pâtisserie à Pondichéry

Toutes les femmes qui travaillent avec Saloua sont mères, elles sont mariées, veuves ou divorcées et la plupart n’ont aucune formation en hôtellerie, voire juste une instruction scolaire minimale. Leur offrir un challenge personnel à accomplir et leur permettre de gagner un salaire pour faire vivre leur famille, c’est leur redonner la dignité dont elles sont dénuées.

 

Les trois premières années, nous n’étions que des femmes, sans réelle formation, ni pour la confection, ni pour la vente. L’équipe a dû s’agrandir avec des professionnels qui partagent leurs connaissances.

 

Au fil du temps, toutes prennent des responsabilités et déploient différents savoir-faire. Par ailleurs, elles apprennent des notions d’anglais pour interagir avec la clientèle et des notions de gestion pour gérer les finances de l’établissement.

 

Aujourd’hui, Saloua est fière de ses deux équipes : sept femmes et trois hommes travaillent à Eat my Cake.

 

Dans l’équipe de boulangerie, à l’atelier œuvrent le chef Madi, qui a dix ans d’expérience et fait un travail remarquable, Kapil, son assistant, Madhavan le commis et Maga, la maman en chef. Dans la boulangerie-pâtisserie, six femmes assurent les ventes, font le service et préparent les petits déjeuners, jus de fruits et goûters. 

 

Une bûche de Noël de la pâtisserie Eat my cake à Pondichéry

 

 

Certainement, ces femmes, comme beaucoup de leurs sœurs dans le monde, sont par la force des choses, des guerrières et Saloua a raison, elles sont «  le début du changement ».

 

 

Comme le dit le poète : La femme est l’avenir de l’homme. D’ailleurs, certains maris, découvrant ainsi que leurs épouses peuvent devenir maitresses de leur vie et entreprenantes, abandonnent l’alcool pour retrouver le respect d’eux même.

 

 

Les souhaits de Saloua pour 2023 : Faire travailler des personnes en situation de handicap, l’intégration des minorités dans la vie ordinaire est une de ses préoccupations.

 

 

Tous nos vœux vous accompagnent Eat my Cake !

 

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