Un orphelinat unique au Cambodge accueille exclusivement des enfants séropositifs, leur offrant soins, éducation et espoir d’un avenir meilleur grâce à un projet de boulangerie solidaire.


Un refuge pour enfants séropositifs au Cambodge
Depuis 2003, un orphelinat fondé par le professeur slovaque Vladimir Krčméry accueille des enfants séropositifs au Cambodge. House of Family, ce centre unique en son genre dans le pays, répond à un besoin spécifique : prendre en charge des enfants porteurs du VIH, souvent rejetés par leur famille ou la société. La directrice actuelle, Monika Nova, engagée depuis 2020, a une longue expérience dans des projets humanitaires au Malawi, en Afrique, au Brésil et dans de nombreux autres pays. Aujourd’hui, elle coordonne les actions sur le terrain pour offrir un avenir à ces enfants.
Des profils d’enfants abandonnés et sans solution familiale
Les enfants accueillis sont orphelins ou abandonnés, souvent parce que leurs parents sont décédés ou ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Le processus d’accueil commence toujours par une tentative de maintien dans la famille élargie (tantes, oncles…), mais lorsque cela s’avère impossible — pauvreté, distance, désintérêt — l’orphelinat devient le dernier recours. La structure est aujourd’hui à un minimum historique de 23 enfants de 5 à 21 ans.
Une prise en charge médicale et alimentaire spécifique
Contrairement aux autres orphelinats, celui-ci nécessite une approche médicale particulière. Les enfants reçoivent un traitement antirétroviral fourni gratuitement par l’Organisation mondiale de la santé. Une attention particulière est également portée à la nutrition, avec des aliments adaptés à leur condition. Des médecins slovaques spécialisés viennent régulièrement (deux à trois fois par an) pour suivre leur état de santé. L’équipe sur place comprend sept employés permanents : 2 chauffeurs, 2 enseignantes/surveillantes qui travaillent également comme cuisinières, 1 cuisinier, 1 assistant social, 1 économiste et Monika en tant que directrice de l'orphelinat.
Une vie d’enfant aussi normale que possible
Les enfants suivent une routine structurée : lever, petit-déjeuner, école publique située à quelques centaines de mètres, déjeuner, retour à l’école l’après-midi, puis activités de préparation pour le lendemain. Le dimanche est consacré aux loisirs : sport, bibliothèque, sorties culturelles. L’objectif est de leur offrir une vie aussi proche que possible de celle d’un enfant ordinaire, en les intégrant au maximum dans la société.

L’accompagnement jusqu’à l’âge adulte et au-delà
L’encadrement ne s’arrête pas à la majorité. Depuis 2013, les maisons de transition à Phnom Penh permettent aux jeunes de vivre de manière semi-autonome, sous une supervision légère. Il existe aussi d’autres programmes, comme celui basé au Zimbabwe, qui offre un hébergement aux jeunes poursuivant des études universitaires. Depuis sa création, l’orphelinat a pris en charge 285 enfants au Cambodge. Certains sont aujourd’hui mariés ; d’autres travaillent comme mécaniciens, agriculteurs ou réparateurs de motos… Tous restent en contact avec l’organisation, qui organise des retrouvailles chaque année.
Une stigmatisation en recul mais encore présente
Les cas de VIH ont fortement diminué depuis les années 2000, notamment grâce à des politiques de santé publique efficaces. Le VIH est aujourd’hui mieux pris en charge, mais les enfants séropositifs restent encore marginalisés dans les structures classiques. D’où l’importance d’un lieu dédié où ils peuvent grandir sans discrimination.
Vers l’autonomie : la Crown Bakery, une initiative solidaire
Pour préparer les jeunes à l’indépendance, Monika a lancé un projet de boulangerie solidaire, la Crown Bakery. Ouverte récemment à côté du King Grand Boutique Hotel à Phnom Penh, elle forme des adolescents de 15 à 17 ans à la fabrication de pâtisseries inspirées des traditions slovaques, tchèques et françaises. Le lieu fait également office de café et propose des emplois à temps partiel aux jeunes. Bien que l’enseigne soit déjà en activité, elle reste pour l’instant en phase d’apprentissage : les jeunes s’y forment encore, et l’accueil régulier des clients ne sera pleinement opérationnel qu’à partir de septembre 2025. En plus de favoriser leur insertion professionnelle, le projet vise à réduire la dépendance aux ONG et à promouvoir une autonomie durable.
Une philosophie humanitaire tournée vers l’avenir
L’objectif de Monika est clair : diminuer le nombre d’enfants pris en charge par l’orphelinat en favorisant leur retour dans leurs familles quand cela est possible, tout en développant des projets d’insertion. L’ambition est que, dans un avenir proche, le Cambodge n’ait plus besoin d’organisations comme la sienne. Pour cela, elle continue d’agir avec détermination, mêlant action sociale, engagement éducatif et développement local.
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