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M Adrien Cavey, le Consul, répond à nos questions

Adrien Cavey consul pose devant l'ambassade de France à Phnom Penh Adrien Cavey consul pose devant l'ambassade de France à Phnom Penh
Ambassade de France
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 23 avril 2021

Adrien Cavey est consul au Cambodge depuis septembre 2018. A ce titre, il dirige la section consulaire de l’Ambassade de France, sous l’autorité de l’Ambassadrice. Il a accepté de répondre à nos questions.

 

Lepetitjournal.com : La situation évolue de jour en jour, créant beaucoup d’incertitudes dans toute la population cambodgienne, et donc aussi chez nos compatriotes.

Vous avez donné une conférence sur Facebook le 30 mars avec Mme L’Ambassadrice, dans laquelle vous aviez répondu à toutes les questions.

Peut-être est-il déjà temps de faire le point de la situation telle qu’elle apparaît aujourd’hui.

Adrien Cavey : La situation est en effet très évolutive avec une dégradation du contexte sanitaire depuis le 20 février, et des mesures fortes prises par les autorités cambodgiennes pour tenter d’endiguer la propagation du virus, qui se sont succédées ces derniers jours. Dans ce contexte et de manière générale, nous demandons à nos ressortissants de coopérer, de se conformer aux instructions des autorités locales, en espérant que la situation sanitaire sera sous contrôle rapidement.

Au-delà des services consulaires, ce sont tous les services de l’ambassade qui sont aussi mobilisés face à cette crise : le service culturel, concerné par la question des écoles, notamment à l’approche des périodes d’examens, le service économique, qui suit de près l’évolution des contraintes pesant sur l’activité de nos entreprises et qui avec la CCIFC, sur initiative de l’Ambassadrice, a notamment tenu un webinaire le 23 avril avec les entrepreneurs français au Cambodge.

Tous les services de l’ambassade sont mobilisés, au service de nos concitoyens.

 

LPJ : Le gouvernement cambodgien vient de créer des Zones Rouges dans Phnom Penh qui sont des zones de confinement accru. Que pouvez-vous dire aux Français qui sont confinés dans de telles zones

A C : Nous avons publié sur notre site internet une carte faite par la municipalité qui présente les différentes zones de Phnom Penh qui sont en rouge. Dans ces zones rouges, les sorties du domicile sont quasi-interdites. A nos ressortissants qui se trouvent dans ces zones, nous leur recommandons de respecter les instructions des autorités locales et de coopérer, même si le confinement est très difficile. Nous suivons l’évolution de la situation, l’ambassade étant pleinement mobilisée, avec l’ensemble de son réseau, les conseillers des Français de l’étranger, les entrepreneurs etc., qui nous remontent des informations du terrain.

 

LPJ : La vaccination des étrangers a été suspendue jusqu’au 20 avril. Savez-vous quelles ont été les raisons de cette suspension ? Va t'elle reprendre ? Les personnes inscrites sur le site de vaccination devront-elles recommencer leur démarche ?

A C : Cette suspension n’est normalement que temporaire et est liée à la mise en place du confinement à Phnom Penh, qui a empêché certains médecins et soignants d’aller sur leurs lieux de travail. Elle concerne les premières doses, la vaccination pour les deuxièmes doses se poursuivant. Cette suspension ne concerne pas que les étrangers mais toutes les personnes résidant au Cambodge. A notre connaissance les personnes inscrites sur KhmerVacc n’ont pas à recommencer leur démarche.

 

LPJ : La situation de Phnom Penh a conduit l’Ambassade à adopter un nouveau protocole de travail. Quel est-il ?

A C : Compte tenu des récentes mesures prises par le gouvernement cambodgien, à la lumière de la dégradation de la situation sanitaire au Cambodge, et notamment le confinement de la ville de Phnom Penh du 15 au 28 avril, nous avons dû adapter le fonctionnement de l’ambassade à compter du lundi 19 avril Concrètement, l’ambassade continue d’assurer les démarches consulaires urgentes, sur RDV préalable,  telles que :

  • Délivrance des laissez-passer et des passeports d’urgence;
  • Assistance aux Français en difficulté, rapatriements sanitaires ;
  • Versement des allocations ou pensions ;
  • Demandes de visas pour les catégories dérogatoires autorisées à aller en France ;
  • Etablissement des procurations de vote.

S’il faut délivrer en urgence un visa pour un conjoint de Français, pour une raison médicale, ou si un Français a besoin d’un passeport d’urgence ou d’un laissez-passer, il est évident que nous répondrons présent.

S’agissant des  demandes de passeports ordinaires, elles doivent être reportées dans toute la mesure du possible. En cas d’urgence et sur RDV préalable, nous sommes disposés à recevoir des demandes de passeports biométriques mais nous ne pouvons garantir que l’accès à nos locaux sera autorisé par les autorités locales en période de confinement. Il convient de ne pas se déplacer en période de confinement.

Les démarches suivantes, quant à elles, sont suspendues :

  • Inscription au Registre des Français établis hors de France par déplacement physique au consulat ou à l’ambassade
  • Tournées consulaires
  • Visites aux détenus (déplacements physiques)
  •  Déclarations d’évènements d’état civil (reconnaissance, naissance, mariage, décès)
  • Demandes de nationalité française
  • Délivrance de certificats de capacité à mariage
  • Délivrance de cartes nationales d’identité
  • Légalisations de signatures
  • Signature des certificats de vie
  • Demandes de certificats divers

 

LPJ : Pour permettre le déplacement de nos compatriotes en dépit du cloisonnement des provinces vous avez été amené à produire des attestations à faire valoir auprès des autorités cambodgiennes qui expliquent les raisons impérieuses de se déplacer pour ceux qui en sont munis. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces attestations ?

A C : Afin de prévenir la propagation du coronavirus, les autorités cambodgiennes ont mis en place dès le 7 avril et jusqu’au 28 avril, une interdiction de déplacements entre les provinces du Royaume. Mais des dérogations sont prévues par la loi cambodgienne et certains transports sont malgré tout autorisés à titre exceptionnel, tels que les déplacements pour se rendre à l’aéroport, ou encore pour certains motifs médicaux. C’est uniquement dans le cas de ces dérogations autorisées par les autorités cambodgiennes que nous pouvons être amenés à délivrer des attestations à la demande des personnes qui en ont besoin. Nous avons ainsi fait par exemple une attestation pour une Française qui venait accoucher à Phnom Penh.

 Il y a des personnes qui nous expliquent que même si la présentation d’un billet d’avion suffit pour aller à l’aéroport, elles souhaitent avoir une attestation disant que l’ambassade est informée de leur vol à venir et mentionnant le nom du chauffeur cambodgien, pour les aider à passer les contrôles. C’est donc dans ce double cadre des dérogations autorisées par les autorités locales d’une part, et de l’assistance que l’ambassade porte à ses ressortissants d’autre part, que nous intervenons. Il ne s’agit nullement de « passe-droits » comme cela a pu être évoqué de manière erronée sur les réseaux sociaux.  

 

LPJ : La crise économique continue à frapper durement notamment les secteurs touristiques et ceux de la restauration. L'Etat français a déjà aidé ses ressortissants en leur octroyant des aides soit directes notamment sous forme de bourses scolaires, soit indirectes en subventionnant des associations d'entraide. Vont-elles être reconduites ?

A C : Oui, tout notre dispositif d’aide sociale est reconduit et renforcé.

Pour la campagne boursière 2021/2022, nous avons traité les demandes de 206 familles pour 299 enfants, soit 48 bourses de plus que l’an dernier. Cela représente une demande de bourses scolaires en forte hausse au Cambodge avec + 20% en un an.

Par ailleurs, notre dispositif de secours occasionnel de solidarité, grâce auquel nous versons des aides mensuelles à près d’une centaine de Français en difficulté au Cambodge, initialement prévu jusqu’au 30 juin, est reconduit jusqu’à la fin de l’année. Je dois citer également les associations de Français de l’étranger qui ont reçu des subventions de l’Ambassade (pour un montant global de 152.000 euros en 2020 répartis entre l’Association d’Entraide des Français au Cambodge, et les sections Cambodge des associations reconnues d’utilité publique ADFE-Français du Monde, et Union des Français de l’étranger) et qui réalisent un gros travail que je salue, pour venir en aide aux plus démunis.

Le gouvernement français déploie beaucoup d’efforts pour aider les Français de l’étranger. D’ailleurs le Président de la République a souhaité s’adresser directement aux Français de l’étranger inscrits au registre consulaire qui ont tous reçu une lettre de sa part le 7 avril.

J’en profite pour rappeler aux Français du Cambodge de veiller à s’inscrire au registre consulaire (cela peut se faire en ligne) et à actualiser leurs données en cas de changement d’adresse ou de départ du Cambodge.

 

LPJ : À l’heure actuelle, à quels soutiens les Français les plus démunis peuvent-ils prétendre?

Pour les Français inscrits au registre qui en ont le plus besoin, sous certaines conditions, nous pouvons leur verser une aide financière mensuelle. Nous leur conseillons également de faire appel à l’aide des associations de Français de l’étranger que je viens de citer.

Dans les cas de totale indigence pour les personnes n’ayant plus de ressources et souhaitant rentrer en France, nous pouvons également organiser et prendre en charge, sous certaines conditions, un rapatriement vers la France.

 

LPJ : Les élections consulaires sont programmées pour le 30 mai. Quid si les restrictions de déplacement se prolongent, se pourrait-il qu’elles soient reportées ? Que les modalités du vote électronique soient assouplies ?

A C : Nous sommes pleinement mobilisés sur ce sujet et mettons tout en œuvre pour organiser cette élection. Nous préparons ainsi un protocole sanitaire strict pour le bureau de vote à l’ambassade, nous prévoyons de  recueillir les procurations dans certaines villes du pays, et surtout nous promouvons le vote en ligne, qui est la solution idéale puisqu’il n’y aura pas besoin de se déplacer pour voter. Néanmoins il est clair que la mise en place d’un confinement à Phnom Penh mais aussi dans d’autres villes, et de restrictions de déplacements entre quartiers ainsi que les interdictions de déplacements entre provinces, sont une donnée que l’on devra prendre en compte si la situation perdure. Nous devrons suivre les instructions des autorités cambodgiennes.

Je signale que nous avons créé une rubrique spéciale sur notre site internet, dédiée aux élections consulaires à venir : https://kh.ambafrance.org/-Elections-consulaires-du-30-mai-

Nous avons également mis en ligne un tutoriel pour aider les Français à mettre à jour leurs coordonnées pour voter en ligne : https://kh.ambafrance.org/comment-mettre-a-jour-mes-donnees-electorales-sur-service-public-fr

Le 23 avril était la date limite pour s’inscrire sur la liste électorale.

 

LPJ : L’ambassade a nommé un nouveau médecin référent en la personne du Dr Sebban. Quelle est la fonction d’un médecin référent ?

A C : La nomination d’un ou de plusieurs médecins référents pour une Ambassade de France est encadrée par une circulaire qui définit les modalités de désignation et d’exercice des attributions des médecins, des avocats et des autres personnes extérieures au service public consulaire auxquels l’Ambassade a recours dans le cadre de ses missions ou afin d’informer le public. L’Ambassade choisit son médecin référent et n’a pas à en faire la publicité. Pour certaines de nos missions consulaires, dans le cas de rapatriements médicaux par exemple, ou pour les visas pour urgence médicale, nous avons besoin de faire appel à un médecin référent.

Notre ancien médecin référent, le Dr Garen, nous avait présenté sa démission de son rôle de médecin référent de l’ambassade, avec effet au 31/12/2020. Le Dr Sebban s’est spontanément porté candidat pour lui succéder. Nous avons consulté les élus des Français de l’étranger puis désigné le Dr Michel Sebban, comme nouveau médecin référent à compter du 1er janvier 2021.

Au vu de la dégradation du contexte sanitaire et des nombreuses demandes d’ordre médical qui sont adressées à nos services consulaires, nous avons souhaité prendre un deuxième médecin référent, en la personne du Dr Julie Thongsavane, qui s’était spontanément portée candidate. Cela nous permet de pouvoir faire appel à deux médecins référents afin de ne pas faire peser sur un seul la lourde charge que représente le soutien médical aux demandes transmises par le consulat, de répondre aux demandes des assurances, etc…

 

LPJ : En quoi peut-il être utile à nos compatriotes ?

 

A C : Le choix du praticien est libre. Chacun est libre d’aller voir le médecin de son choix, qu’il soit référent ou pas de l’ambassade.

Auprès de l’ambassade, le médecin- référent :

  • assure une mission générale de conseil en matière de santé et d’hygiène publiques ainsi que, le cas échéant, une fonction d’expertise médicale ;
  • donne un avis sur l’établissement de la liste de notoriété médicale ;
  • établit, en cas de nécessité, la relation entre l’ambassade et les praticiens libéraux et hospitaliers pour obtenir une information sur l’état de santé d’un Français dans les limites compatibles avec le secret professionnel ;
  • remplit les fonctions que les textes réglementaires confient au « médecin de l’administration » ou au « médecin accrédité ».

 

M Cavey, le petitjournal.com vous remercie du temps que vous nous avez consacré pour répondre à toutes nos questions.

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