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Le niveau d’eau du Mékong est inquiétant, la Chine pointée du doigt

Mekong  CambodgeMekong  Cambodge
Mathilde Driot
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 15 février 2021, mis à jour le 19 septembre 2023

Vendredi, la Commission du Mékong (MRC) a annoncé que les niveaux d'eau du Mékong étaient tombés à un "stade inquiétant ". Cette chute est en partie due aux restrictions de débit en amont, du barrage de Jinghong, dans la province chinoise du Yunnan.

 

Créé en 1995, la MRC un organisme intergouvernemental qui travaille avec les gouvernements du Laos, de la Thaïlande, du Cambodge et du Vietnam pour gérer le bassin du Bas-Mékong, promeut et coordonne l'aide à la gestion et à l'exploitation des eaux et des ressources du Mékong.

 

Cette voie d'eau vitale a viré au bleu le long de la frontière entre la Thaïlande et le Laos, rompant avec  sa couleur brun foncé habituelle, signalant des eaux peu profondes et de faibles niveaux de sédiments riches en nutriments.

L'eau plus claire permet à des plantes ou des algues microscopiques de pousser sur le sable et le fond rocheux de la rivière, ce qui rend les bords de la rivière verdoyants. Les algues sont normalement chassées par le courant de la rivière, mais en raison des faibles niveaux d'eau, elles se sont accumulées dans certaines parties de la rivière. 

"Tout comme la situation en 2019, le phénomène d'eau bleu-vert d'aujourd'hui va probablement s'étendre à d'autres parties du Mékong où le débit est faible", a déclaré le Dr So Nam, responsable de la gestion de l'environnement au secrétariat de la MRC. 

Citant l'analyse, le Dr Nam a ajouté que certains des impacts potentiels d'une eau plus claire incluent des changements dans la productivité du fleuve avec moins de nourriture disponible pour les insectes aquatiques, les invertébrés et les petits poissons. Cela affectera à son tour la productivité de la biodiversité aquatique, réduisant les prises de poissons et menaçant les moyens de subsistance des communautés locales. 

La déclaration de la MRC indique qu’à l’origine de la baisse des niveaux les faibles précipitations mais aussi que les barrages sur le Mékong et ses affluents ont également eu un impact à ne pas négliger.

Ces fluctuations affectent la migration des poissons, l'agriculture et le transport dont dépendent près de 70 millions de personnes pour leur subsistance et leur sécurité alimentaire.

Pour aider les pays du Bas Mékong à gérer les risques plus efficacement, nous appelons la Chine et les pays du Bas Mékong eux-mêmes à nous faire part de leurs plans de libération d'eau, a déclaré Winai Wongpimool, directeur de la division du soutien technique du secrétariat de la MRC.

Cette dernière affirme que les conditions normales pourraient être rétablies si de grands volumes d'eau sont libérés des réservoirs des barrages chinois.

L'année dernière, la Chine s'est engagée à partager les données de ses barrages avec les pays membre du MRC, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Viêtnam.

En janvier, Pékin a informé ses voisins que ses barrages remplieraient leurs réservoirs jusqu'au 25 janvier. Le débit du barrage de Jinghong était de 785 M3/ sec au début du mois de janvier, avant de passer à 1 400 M3/ sec à la mi-janvier, a déclaré le MRC.

Cependant, celle-ci a annoncé que les niveaux avaient encore baissé en février et que le débit se maintenait à 800 M3/ sec depuis jeudi 11 février.

 

Le ministère chinois des affaires étrangères a contesté les conclusions du MRC, ajoutant qu'il existait de nombreuses causes de sécheresse en aval.

Selon lui, le débit du barrage a été constamment supérieur à 1 000 mètres cubes par seconde depuis la fin du mois de janvier, un niveau qui serait près de deux fois supérieur au débit naturel du fleuve. Il a demandé à la MRC "d'éviter de causer des malentendus au public".

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