Entré en vigueur le 27 décembre, le cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande tient pour l’instant. Diplomatie, libération de soldats et retour des déplacés restent au cœur des attentes.


Le Cambodge et la Thaïlande se sont accordés sur un cessez-le-feu immédiat, entré en vigueur le 27 décembre à midi, à l’issue de la réunion spéciale du Comité général des frontières (GBC).
« Une fois le cessez-le-feu pleinement appliqué pendant 72 heures, il offrira à la partie thaïlandaise la possibilité de libérer les 18 soldats cambodgiens détenus depuis 151 jours », a déclaré le ministre de la Défense, Tea Seiha, lors d’une conférence de presse.
« J’espère que ces 72 heures de calme permettront le retour de nos soldats afin qu’ils puissent retrouver leurs familles », a-t-il ajouté.
Selon le ministre, cette trêve doit également ouvrir la voie au retour progressif des populations déplacées, en suivant les recommandations des autorités nationales et provinciales. Il a toutefois précisé que le cessez-le-feu n’affecte en rien les questions de délimitation frontalière.
Les deux parties ont convenu de relancer rapidement les travaux du Comité mixte des frontières (JBC), notamment pour les opérations de relevés et de démarcation, conformément aux accords existants, dans l’objectif d’instaurer une paix durable le long de la frontière. Le Cambodge a par ailleurs réaffirmé le rôle de l’équipe d’observateurs de l’ASEAN, chargée de surveiller et de vérifier la mise en œuvre effective du cessez-le-feu.
Interdiction des attaques et maintien des positions militaires
La déclaration conjointe issue de la troisième réunion spéciale du GBC comprend 16 points, dont l’interdiction totale de l’usage de toutes les catégories d’armes, des attaques contre les civils, les biens civils, les infrastructures et les objectifs militaires. Les deux camps se sont également engagés à maintenir les déploiements actuels de troupes, sans mouvements supplémentaires ni patrouilles en direction des positions adverses.
Le texte précise que ces dispositions sont sans préjudice des travaux de démarcation frontalière. Les civils vivant dans les zones frontalières affectées doivent pouvoir regagner leurs foyers le plus tôt possible, dans des conditions de sécurité et de dignité, sans entrave. Les deux pays se sont aussi engagés à ne pas renforcer leurs forces le long de la frontière, à éviter toute action provocatrice et à ne recourir à aucune forme de violence contre les civils.
L’accord prévoit enfin des avancées sur le déminage frontalier et un renforcement de la coopération contre la criminalité transnationale, notamment les escroqueries en ligne et la traite des êtres humains.
Aucun affrontement signalé depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu
Selon la porte-parole du ministère de la Défense nationale, Maly Socheata, aucun affrontement n’a été signalé depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, samedi 27 décembre à midi. À 16 heures, la situation demeurait calme, même si l’armée cambodgienne reste en alerte et poursuit l’observation sur le terrain, a-t-elle précisé lors d’un point presse en fin d’après-midi.
Une réunion trilatérale Cambodge–Thaïlande–Chine prévue en Chine
Le ministre des Affaires étrangères, Prak Sokhonn, participera à une réunion trilatérale avec la Thaïlande et la Chine les 28 et 29 décembre, dans la province chinoise du Yunnan. Selon le ministère des Affaires étrangères, cette rencontre doit permettre des échanges « francs et constructifs » afin de renforcer la confiance mutuelle, favoriser la désescalade et rétablir la paix et la sécurité. En marge de cette réunion, Prak Sokhonn doit également s’entretenir bilatéralement avec son homologue chinois, Wang Yi.
Il ne reste plus qu’à espérer que ce cessez-le-feu se transforme en paix durable. Mais de nombreux observateurs ont fait remarquer que le conflit actuel était davantage le fruit de l’instabilité politique thaïlandaise que de griefs entre les deux pays, même si ceux-ci existent, notamment en matière de cybercriminalité transfrontalière. Dès lors, même si les deux pays font preuve de toute la bonne volonté possible dans l’exécution des conditions d’application du cessez-le-feu, il n’est pas certain que le conflit ne ressurgisse pas dans les semaines, mois ou années à venir.
Les prochaines élections en Thaïlande auront lieu le 8 février.
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