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Des cafés-philo pour renforcer le dialogue politique au Cambodge

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Un forum organisé par Politikoffee. Photo fournie
Écrit par Pierre Motin
Publié le 10 juin 2019, mis à jour le 10 juin 2019

Le Politikoffee réunit plusieurs fois par mois à Phnom Penh des jeunes et des experts pour parler de questions socioéconomiques et politiques. Son but : faire émerger une culture du débat dans le pays.

Réunir des jeunes et un expert sur une question économique, politique ou sociale touchant le Cambodge autour d’un café pour débattre. C’est l’objectif de Politikoffee, un mouvement créé en 2011 par l’analyste Ou Ritthy, qui veut faire émerger la discussion politique au Cambodge. « Nous souhaitons que les jeunes viennent, discutent, et apprennent à débattre », affirme Meng Samoeurth, une des organisatrices de Politikoffee. Entre deux et quatre forums sont organisés chaque mois le samedi entre 14h30 et 16h30 dans les locaux de la fondation Konrad Adenauer à Phnom Penh. En moyenne, 25 à 30 personnes participent à chaque forum, les intervenants les plus prestigieux attirant près de 100 jeunes. « Nous avons eu beaucoup de participants lorsque nous avions invité un porte-parole du gouvernement, ou lorsque nous avons accueilli Sebastian Strangio, le journaliste qui a écrit Hun Sen’s Cambodia », constate Meng Samoeurth. Les forums se déroulent en anglais ou en khmer, selon la langue de l’intervenant. Les discussions portent sur des sujets variés, comme en témoignent les dernières sessions organisées sur « l’état actuel des droits de l’homme au Cambodge », « la politique énergétique cambodgienne : hydroélectricité contre solaire » ou « les investissements chinois au Cambodge ».

Culture du dialogue

Politikoffee ne publie pas de compte-rendus des forums, afin que les participants ne soient pas uniquement spectateurs, mais pour les inciter à venir débattre en personne, en utilisant leur esprit critique. « Nous soutenons la construction d’une culture du dialogue au Cambodge. C’est quelque chose de très important dans le contexte actuel, nous ne voulons plus voir les Cambodgiens s’insulter sur internet, souligne Meng Samoeurth. Nous voulons des discussions respectueuses, qui peuvent amener à des négociations et à de meilleures solutions pour notre pays. »

Rhona Smith, la rapporteure de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, a appelé en mai au développement d’une culture du dialogue dans le pays. Preap Kol, le directeur exécutif de Transparency International Cambodia, a par ailleurs annoncé le lancement d’une campagne de mobilisation visant à favoriser la discussion politique dans le royaume.

Les participants à Politikoffee viennent de différents horizons politiques : certains se sentent proches du gouvernement, d’autres partagent les idées de l’opposition, plusieurs ne se reconnaissent dans aucun parti. « Tout le monde dans la pièce doit se sentir à l’aise, en sécurité et en confiance pour parler d’un sujet. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous n’enregistrons pas les discussions », souligne Meng Samoeurth. Malgré ces précautions, les organisateurs du forum ont cessé leurs activités quelques mois à partir de novembre 2017, lorsque la tension politique était trop importante au Cambodge. « Même si nous ne faisons que discuter, nous avions le sentiment que cela était nécessaire pour assurer la sécurité des participants et des intervenants. »

Pour connaître les prochains forums organisés par Politikoffee, rendez-vous sur leur page Facebook.

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Publié le 10 juin 2019, mis à jour le 10 juin 2019

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