

Asiamotion, Into Motion... Et si les chasseurs d'images préféraient Phnom Penh pour y développer leurs talents? Isabelle Lesser, fondatrice de la première agence de photographie du Cambodge, nous présente sa famille de photographes
Une rousse pimpante est assise à une table."C'est elle, Isabelle", souffle le gérant de l'Equinoxe, un ami de la photographe et un soutien des premières heures qui lui permet d'organiser ses réunions dans son bar. Pas loin, Victor Corolleur, un des artistes de l'agence, fait des bonds de cabri entre les tables, multipliant tirades et bons mots. Isabelle plaisante: "j'ai pas de gamins, j'en ai 11". L'interview peut commencer.
Asia motion: Premiers pas
C'est en 2008 que l'aventure commence pour Asia Motion. La photographe Isabelle Lesser travaille alors depuis cinq ans au Cambodge. Lentement mais sûrement, son nom a déjà commencé à se faire connaître dans le milieu de l'image. Sa collaboration avec les plus grandes agences (AFP, AP...) et le New York Times y sont pour beaucoup. Et puis, un matin, elle se réveille avec une nouvelle soif d'aventure. Son travail est décidément trop concentré sur la "photographie sociale". La jeune femme a envie d'innover
Germe alors peu à peu une idée folle pour un Cambodge qui se reconstruit: réunir des spécialistes de l'image dans une agence à Phnom Penh. L'idée? Partir du royaume pour couvrir la vibrante Asie. Au final, neuf passionnés répondront à l'appel, un éventail de personnalités et de carrières présentes dans tous les domaines de la publicité à l'art."Chacun est unique. On n'est surtout pas un stock" , aime à répéter la photographe belge. Le talent est lui aussi au rendez vous à l'instar de Mak Remissa, considéré comme un des plus brillants photographes cambodgiens, qui a lui aussi rejoint l'équipe. L'occasion de se lancer tombe à point nommé: un festival à Phnom Penh. La première agence de photographie du Cambodge est née. Victor, l'un des membres, rappelle le rôle crucial de la sympathique rousse dans l'aventure: "Elle arrive à faire qu'on y croit !". 
Malgré son côté cosmopolite, le groupe "Asia motion" s'est soudé au fil des mois. Les photographes avouent être ravis de se confronter au sein de l'agence: "Avec un groupe, on est plus fort. La différence nous renforce !" "J'ai envie d'apprendre des autres". Et de la différence, l'agence en a à revendre avec près de 10 nationalités à son actif
Chez Asia Motion, il n'y a finalement qu'un seul impératif : traiter de l'Asie avec ses objectifs. Heureusement le concept est large et permet de couvrir toutes les lubies des photographes qui comme Victor ne tiennent pas en place. Ainsi Stéphane Janin offre ses reportages sur les Khmers d'Amérique tandis que Julien Poulson s'intéresse aux images cocasses des "transsexuels turcs".
Le slogan de l'agence est révélateur: "Moving Asia around". Ces passionnés de l'image ont envie de "bouger l'Asie", de l'amener à ceux qui ne voyagent pas . Si les photographes sont rattachés à Asia Motion, rien ne les empêche de parcourir le monde. D'ailleurs seuls cinq membres du projet restent au Cambodge. Mais il ne suffit pas de traiter de l' Asie ! Encore faut-il savoir la raconter? Pour Isabelle, la fondatrice belge, c'est un impératif. Son agence ne stocke pas des images mais raconte des histoires : "On est une story telling agency".
Depuis quatre mois, l'équipe accueille trois nouveaux talents pour un projet ambitieux. Cette fois, il s'agira de proposer en plus des photos, des vidéos. Pour Isabelle, ce choix s'est imposé "Les photographes font de plus en plus de web documentaires. Il nous fallait suivre la tendance". Rappelons que le web documentaire est une forme de documentaire conçu spécialement pour la diffusion sur internet. On y retrouve conjointement une forme de récit et un contenu multimédia. A l'avenir, l'agence promet de développer tous les genres de vidéos : artistique, social, journalistique... Le matériel n'est pas davantage limité : "Certains utilisent un appareil photo ou même un téléphone" raconte Isabelle. Si la compétition dans le milieu de la photographie augmente, le projet Into Motion est, lui, un des seuls sur le marché asiatique et à fortiori cambodgien. De ce fait, il a bénéficié d'un démarrage en fanfare dont la fondatrice se réjouit : "On tourne à gogo. Le Cambodge est plein d'opportunités. D'ailleurs, tous nos sponsors ont résignés".
Instantanés ou animés, les chasseurs d'images d'Asia Motion présenteront leurs travaux cet hiver à l'Angkor Photo Festival et au Phnom Penh Photo Festival. Pourquoi ne pas y faire un "arrêt" sur image ?
Marion Le Texier (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) lundi 19 juillet 2010
Asia motion : http://www.asiamotion.net/

















