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ENTRETIEN – Serge Bellini : « l’avenir de la langue française va se situer au niveau de la deuxième langue »

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lepetitjournal.com a rencontré Serge Bellini, attaché de coopération pour le français. Si la langue est moins attractive comparée à d'autres comme l'anglais ou le mandarin, l'ambassade de France travaille étroitement avec le ministre de l'Education de la Jeunesse et des Sports, qui se positionne comme un partenaire actif et investi, ainsi que son ministère, pour que l'apprentissage du français fasse partie intégrante du programme d'études au Cambodge.

Quel est la place du français comme langue étrangère au Cambodge ?

Un nouveau plan d'études pour les pré-universitaires va être mis en application prochainement par Hang Chuon Naron, ministre de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports. Ce plan d'études rendra obligatoire l'apprentissage de deux langues étrangères dans les collèges et lycées, l'anglais et le français. L'introduction de la première se fera dès le grade 4 et la seconde dès le grade 7. L'anglais sera certainement la langue choisie prioritairement par les parents. L'avenir de la langue française dans le système éducatif pré-universitaire va se situer au niveau de la deuxième langue ou encore au sein des classes bilingues franco-khmères. Le français a toute sa place au côté de l'anglais. Nous faisons la promotion du plurilinguisme en supportant cette cohabitation linguistique.

Le ministère souhaite mettre en place ce nouveau plan d'études et nouveau programme très rapidement ainsi que de nouveaux outils pédagogiques prévus à cet effet.

Quel est votre mission ?

Nous travaillons étroitement avec le ministre de l'Éducation, l'Association des professeurs de français du Cambodge pour accompagner le ministère dans sa réforme éducative, en marche depuis 2014, et dans sa politique de langues étrangères à l'école.

Mon rôle avant tout est un rôle politique dans la relation que l'ambassade entretient avec le ministère de l'Éducation, lequel nous sollicite pour notre conseil et accompagnement. Nous mettons en relation nos partenaires avec nos interlocuteurs privilégiés en France tels que le Centre International d'Etudes Pédagogiques à Sèvres, les universités françaises spécialistes de FLE (Français Langue Etrangère). Nous sommes actuellement en contact avec l'Université de Franche Comté de Besançon et le Centre de Linguistique appliquée qui devrait nous apporter son expertise scientifique concernant les orientations que le ministère de l'Éducation prend.

Nous commençons aussi à avoir une réflexion au travers des programmes européens Erasmus+, puisque le Cambodge peut y prendre part.

Ce travail que nous mettons en place pour placer le français dans le cadre de la réforme éducative devrait être effectif en partie dès l'année 2018 pour les licences en université et 2020 pour les masters en université et les licences dans les centres régionaux de formation des enseignants.

Quelles sont les contraintes auxquelles vous devez faire face ?

Notre contrainte principale est le temps. Le manque ou l'insuffisance de ressources humaines locales spécialisées fait que les choses ne vont pas aussi vite que nous le voudrions. Pour l'avenir du français, il faut déjà avoir des formateurs de professeurs de français, il faut aussi former des jeunes à la langue française de manière à assurer un vivier de francophones. Dans ce vivier, peut-être que certains des étudiants choisiront de faire des études pour devenir professeur de français ou formateur de professeurs de français.

Aujourd'hui dans le pré-universitaire, il y a 450 professeurs de français, autour de 70 dans le supérieur. Ce sont des effectifs insuffisants. De manière générale, toutes disciplines confondues, nous manquons d'enseignants au Cambodge. L'avenir du français va passer par la formation, avec de nouveaux cursus au niveau universitaire. Nous travaillons avec l'Université Royale de Phnom Penh, l'Université de Battambang, avec l'Institut National de l'Education pour les mettre en place.

Accompagner nos différents partenaires dans leurs réponses aux appels d'offres des différents acteurs institutionnels de la Francophonie est très important.

Par ailleurs, l'ambassade a choisi de soutenir l'Association des professeurs de français du Cambodge pour la mise en place d'actions de formation pour les enseignants. Une association d'enseignants forte par le nombre de ses membres et faisant le lien avec les autorités éducatives du pays et les institutions de la Francophonie est essentielle.

Avec le ministère de l'Éducation, nous allons structurer l'ensemble de ces actions au sein d'un Plan global pour le français dans le cadre d'un mémorandum d'entente qui sera prochainement signé entre le ministère de l'Education, de la Jeunesse et des sports et l'ambassade de France.

Je pense que, dès lors, il y aura davantage de francophones au Cambodge. Le résultat sera visible lors de la première promotion en 2024 avec les premiers professeurs d'une nouvelle génération. Nous avons une vision à 2030, selon l'agenda du développement durable dont l'un des piliers est l'Éducation.

Leïla Pelletier (www.lepetitjournal.com/cambodge) jeudi 30 mars 2017

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Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

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