Édition internationale

Dalila Belaza danse Figures vendredi soir à Phnom Penh

Invitée par l’Institut français du Cambodge dans le cadre du cycle Olympe de Gouges, la chorégraphe française Dalila Belaza présente Figures à la Canadian International School. À travers cette œuvre, elle explore la possibilité d’un rite universel en reliant la danse contemporaine à la mémoire des traditions.

Un langage du corps en quête d’universalité

Née en 1973, Dalila Belaza s’est formée hors des cadres institutionnels, aux côtés de sa sœur Nacera Belaza, figure majeure de la danse contemporaine. Ensemble, elles ont développé une recherche sur le corps comme phénomène sensible, en relation constante avec l’espace, le son et la lumière.

« Je n’ai pas commencé la danse dans une école, explique-t-elle. C’est une démarche singulière, presque autodidacte, née du partage avec ma sœur. »

« J’ai appris en marchant à ses côtés, raconte-t-elle. Nous avons exploré le corps comme un phénomène, en dialogue constant avec la lumière et le son. »

En 2020, elle fonde sa propre compagnie, Hiya Compagnie, après une rencontre déterminante avec le groupe folklorique Lous Castelous.

« Je me suis intéressée tout de suite au fait qu’ils aient un héritage, et cet héritage leur donnait un ancrage très fort avec leurs terres… leur donnait évidemment des racines.
Et moi, c’est forcément un endroit que je questionne, l’endroit des racines. Et quand j’ai proposé justement de créer une performance avec eux, qui est devenue une pièce par la suite, c’est devenu un espace de dialogue entre eux et moi, entre leur univers et le mien. Il ne s’agissait pas de poser leur univers comme ça, dans un théâtre, et de le laisser tel qu’il est, mais de le questionner sans le dénaturer. »

 

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Photo : Luca Ianelli

Depuis, l’artiste poursuit cette exploration à travers des œuvres telles que Au cœur, Rive ou Figures. Dans cette dernière pièce, elle imagine une danse « traditionnelle imaginaire », sans origine ni territoire, qui évoque un rituel collectif à la fois ancien et intemporel.

« Je n’ai jamais cherché à moderniser leur travail, dit-elle. Ce qui m’intéressait, c’était la conscience de leur héritage, de leurs racines. Ces racines m’ont renvoyée aux miennes. »

« Je voulais créer une forme qui donne la sensation d’un héritage, sans qu’on puisse l’attribuer à une culture précise », confie-t-elle.

Du folklore à l’abstraction

La version présentée à Phnom Penh est une adaptation ajustée au lieu : certains éléments — comme le Personnage-Matière réalisé par Jeanne Vicérial, qui n’a pas pu être emmené, ou la partition lumière originale — ont été retravaillés.

« J’ai souvent joué Figures sans lumière ou sans décor. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment le récit subsiste quand on enlève des couches. Le cœur de la pièce demeure. »

Transmettre et écouter

En amont de sa venue à Phnom Penh, Dalila Belaza a animé trois jours d’atelier à Battambang auprès d’étudiants en danse de Phare.

« Je voulais d’abord les écouter, comprendre où je pouvais opérer sans imposer une technique, explique-t-elle. Nous avons travaillé sur l’écoute de l’espace, sur la densité du silence, sur la manière de laisser venir un mouvement naturel. »

Dalila Belaza décrit aussi son approche :
« Nous avons travaillé autour de notions qui me sont chères : une façon d’être et d’écouter l’environnement proche, de percevoir la densité de l’espace, les sons, les informations qui le traversent. Cela demande de créer une disposition d’écoute profonde, de se vider l’esprit, d’unir l’esprit, le cœur et le corps. »

Elle évoque avec chaleur cette expérience :
« Malgré la barrière de la langue, quelque chose a circulé. Ils ont découvert un autre rapport au corps, moins démonstratif, plus intérieur. »

Un dialogue avec le public cambodgien

À la veille de sa représentation, la chorégraphe espère que cette œuvre trouvera un écho particulier à Phnom Penh.

« Je ne propose pas un spectacle de divertissement, dit-elle. J’espère simplement que ce que je raconte pourra entrer en résonance avec leur histoire. C’est à cet endroit que la rencontre peut avoir lieu. »

Photo : Tanja Kernweiss
Photo : Tanja Kernweiss

Fiche pratique

Figures
Performance chorégraphique de Dalila Belaza
🏩 Canadian International School – Théâtre John Crawford
🗓️ Vendredi 24 octobre, 19 h
🎟️ 8 $ adultes / 5 $ moins de 18 ans – à partir de 10 ans
🚶‍♀️ Invitée par l’Institut français du Cambodge dans le cadre du cycle Olympe de Gouges

Informations pratiques
24oct.

De 19:00 à 21:00

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