Le 6 juillet, le département provincial de l’agriculture, des forêts et de la pêche de Siem Reap a publié une lettre annonçant l’interdiction de l’abattage et du commerce de chien dans la province.
Le trafic de viande de chien est un fléau qui concerne tout le Cambodge mais dont la province de Siem Reap est la plaque tournante. Le gouvernement provincial a annoncé dans une lettre le 6 juillet que ce commerce est désormais interdit et tout resquilleur encourt une amende pouvant aller jusqu’à 3750 dollars. La province de Siem Reap vit des jours difficiles avec l’épidémie de Covid-19 et le tourisme est en berne. La présence de restaurants servant de la viande de chiens aux abords des temples n’envoie pas un signal positif aux potentiels touristes. « L’épidémie de Covid-19 a montré à la population que des maladies liées à la consommation de viande sauvage étaient possibles. Certains chiens consommés sont affectés par la rage. Il semble que les autorités provinciales aient donc décidé de prendre des mesures pour éviter d’être au centre d’une future pandémie, explique Martina Mayr, fondatrice et directrice de Animal Rescue. Les abattoirs canins sont en théorie interdits dans le royaume. Ils fonctionnent donc tous sans licence et ne respectent pas de normes sanitaires ce qui est dangereux à la fois pour les travailleurs et les consommateurs ».
D’après les ONG Four Paws International et Animal Rescue Cambodia, la consommation de viande de chien au Cambodge n’est pas une tradition séculaire mais plutôt une mode qui touche essentiellement la classe ouvrière. Derrière cette mode il existe un trafic de chiens, certains sont enlevés devant le domicile de leur propriétaires, d’autres sont vendus par leur maitre contre du matériel de cuisine. Le traitement qui leur est ensuite réservé est d’une cruauté sans nom. Les animaux sont parqués à plusieurs dans de minuscules cages et abattus à coup de bâtons ou ébouillantés. « En fin de compte, peu importe si la consommation de viande de chien est une ancienne ou une nouvelle tradition. Ce qui importe, c'est le bien-être des êtres sensibles, qui sont massacrés brutalement, avec beaucoup de souffrance et sans considération pour leur vie. Une vie - une âme - a bien plus de valeur qu'une tradition », s’indigne la fondatrice de Animal Rescue.
Depuis deux ans les ONG luttent contre ce commerce de chiens et considèrent cette annonce comme une avancée sans précédent qui ouvre la voie aux autres provinces. La loi qui régule l’abattage des animaux existe déjà. La province de Siem Reap a fait un grand pas en décidant de la rappeler et de la faire appliquer. D’après un habitant qui vit dans la région, des boucheries canines restent en activité à Korean Road et Phsa Kralanh. Une autre témoin a signalé une boucherie ouverte dans le village Thmey Svay Dangkum. « Comme pour toute loi, il peut y avoir un décalage entre une loi existante et son application, en particulier au début. Cependant, Siem Reap a manifesté beaucoup d'intérêt pour cette question, ce qui se traduira par l'application de la loi », espère Martina. Four Paws et Animal Rescue travaillent activement avec les autorités nationales pour faire appliquer la loi dans l’ensemble du pays.