Le président du principal parti d’opposition cambodgien, Kem Sokha, est jugé depuis mercredi 15 janvier pour trahison. Son procès fait l’objet de nombreuses critiques de la part des ONG de protection des droits de l’homme et des experts de l’ONU.
Trois experts de l’ONU ont exprimé vendredi 17 janvier leurs préoccupations quant au procès pour trahison de l’opposant cambodgien Kem Sokha, qui a commencé mercredi dernier à Phnom Penh. Selon eux, toutes les poursuites à son encontre ont été entachées d’irrégularités, de l’acte d’accusation jusqu’à la conduite du procès.
Rhona Smith, rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme au Cambodge, David Kaye, rapporteur spécial pour la liberté d’opinion et d’expert, et Diego Garcia-Sayan, rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, ont signé une déclaration commune dénonçant les poursuites judiciaires à l’encontre de Kem Sokha. Ils soulignent que l’opposant « a été appréhendé sans mandat d’arrêt et en violation de son immunité parlementaire. On lui a aussi refusé l’accès à un avocat dans les premiers temps de sa détention, et il a été maintenu en détention provisoire durant une période supérieure à ce que permet le droit cambodgien ».
Kem Sokha est poursuivi pour trahison en collusion avec des puissances étrangères, un crime passible de 30 ans de prison. Le principal élément de preuve avancé contre l’ancien président du CNRP, dissous en novembre 2017, est une vidéo d’une conférence donnée en 2013 par Kem Sokha, dans laquelle le leader de l’opposition dit recevoir l’appui des États-Unis pour constituer une opposition démocratique au gouvernement du premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 35 ans. La défense de l’opposant a demandé que la version complète de cette vidéo soit diffusée dans le cadre du procès, qui doit durer trois mois. « Je n’ai commis aucun acte préjudiciable aux intérêts nationaux, mes activités politiques étaient axées sur la participation à des élections libres, justes et équitables », a affirmé Kem Sokha sur sa page Facebook mercredi en fin de matinée.
Les ONG de défense des droits de l’homme et les médias indépendants n’ont pas reçu l’autorisation d’assister au procès, officiellement pour cause de manque de place. Deux journalistes cambodgiens ont pu assister au procès mercredi matin en utilisant des invitations destinées à l’ambassade américaine, mais l’entrée dans la salle d’audience leur a été refusée l’après-midi. « Nous avons effectué toutes les démarches pour assister au procès, mais nous n’avons eu aucune réponse, et ce matin lorsque je me suis présentée, on m’a dit que les ONG et médias ne pouvaient pas assister au procès », confiait mercredi matin devant le tribunal Chak Sopheap, directrice du Centre cambodgien pour les droits de l’homme (CCHR). Environ 200 partisans du parti d’opposition étaient rassemblée mercredi en milieu de journée devant le tribunal municipal de Phnom Penh, sans que des tensions n’aient lieu avec les membres des forces de l’ordre présents. « Nous demandons au tribunal de permettre l’accès à la salle d’audience pour la famille de Kem Sokha, les médias indépendants ainsi que la société civile. La justice doit aussi diffuser la procédure judiciaire afin que le procès ait lieu de manière ouverte et transparente », indiquaient jeudi dans une déclaration de nombreuses ONG, dont la LICADHO, le CCHR et l’ADHOC..
Kem Sokha a été arrêté en septembre 2017, détenu dans un prison proche de la frontière vietnamienne puis placé en résidence surveillée en septembre 2018, avant d'être libéré le 15 novembre dernier sous caution, en attente de son procès, avec interdiction de quitter le territoire ou de mener des activités politiques.
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