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Rom Bak Battle, les pionniers de la danse urbaine au Cambodge

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Écrit par Thibault Bourru
Publié le 28 décembre 2017, mis à jour le 5 janvier 2018

Samedi se déroulait le Rom Bak Battle, un show de danse hip-hop, au Pontoon. Quatre ans après la dernière édition l'équipe organisatrice s'est renforcée et se place en pionnière dans le développement des battles de danse hip-hop au Cambodge.

Samuel Hak Sisowath, Zakary Peang, Vibol Sara Lim, et Alex Rotha Tuy ont voulu redonner vie au concept Rom Bak, qui signifie break dance en khmer. Pour les cinq premières éditions, organisées entre 2013 et 2014, seul Vibol était présent. "J'avais un sentiment d'inachevé, on s'est rencontré tous les quatre il y a un an maintenant pour lancer une sorte de Rom Bak Battle 2.0", sourit-il. Les choses se sont faites dans l'ordre. Le quatuor a créé, en avril dernier, l'association Rom Bak Battle, en France, sur les bases de la loi 1901. Aucun but lucratif donc. "On est avant tout humain, notre but est de promouvoir la culture urbaine par la danse, tout en aidant les jeunes au Cambodge", assure Zakary. Les gars ont collaboré, durant l'année, avec l'association Tiny Toones qui œuvre pour l'éducation des enfants en difficulté. 

 

Une campagne de crowdfunding salvatrice

Zakary décide en juillet dernier de rejoindre le Cambodge, les choses sérieuses commencent alors. "Nous avions un travail énorme à réaliser. Il fallait tout d'abord trouver des fonds, et bosser sur la logistique, la communication, écrire des traductions, faire les montages vidéos, etc." Pour cela, le groupe a décidé de lancer une opération de financement participatif, sur le site de KissKissBankBank. La communication est primordiale pour organiser un tel événement. Rotha, danseur du groupe lyonnais mondialement connu Pockemon Crew, a distribué des flyers lors de ses spectacles en France pour promouvoir le Rom Bak Battle. Plus de 4.800 dollars ont été récoltés pour payer DJ Bree, les danseurs, et les maîtres de cérémonie, 12Mé et Lisha. La salle étant "prêtée gracieusement" par le Pontoon. Cette opération a également servi à récolter des dons pour Tiny Toones.

 

Une soirée parfaite

Fini l'organisation, place au show. Le concept est simple. Le public forme un cercle qui représente la piste. Deux équipes de deux se provoquent en battle de danse urbaine. Samuel s'est occupé de désigner ceux qui engagent, mais pas seulement. "Nous étions là pour créer une ambiance hip-hop, faire redescendre la pression. Le but c'est également de faire interagir le public pour que tout concorde avec l'esprit des battles. Cela a bien marché", explique-t-il. Un à un les danseurs, et danseuses, se lancent et mettent le feu à la salle. Une fois leur performance terminée, c'est le jury, composé de Zakary, Samuel, Rotha, et Bboy Joël qui désigne les vainqueurs. Ils ont plus de 20 ans d'expérience dans le métier, la légitimité ils l'ont, l'expertise également. Mais au-delà de la compétition, le quatuor veut surtout retenir la convivialité de la soirée, et le message. "Nous avons réussi à réunir la culture urbaine cambodgienne : des danseurs, des beatmakers, des rappeurs, des labels comme Klap Ya Handz qui est un pilier du rap cambodgien, explique Vibol. C'est vraiment ce qu'il manquait ici, ils n'attendaient que ça."

 

RomBakBattle
       Samuel donne le coup d'envoi du battle. ©RomBakBattle

 

La programmation se voulait cosmopolite. "Il n'y a pas de catégories sociales dans le hip-hop et dans la danse, lance Zakary. Ceux qui veulent participer, viennent." Certains danseurs étaient khmers, d'autres japonais, anglais, français, vietnamiens... Van Norith est cambodgien, il a participé à son premier grand événement de danse urbaine. Cette culture n'est pour l'instant "pas assez développée au pays" selon lui. Cela fait un an et demi qu'il s'entraîne chaque jour à la danse hip-hop. "Je suis allé faire des battles en Thaïlande avec mon crew (groupe) Polarix, enchaîne-t-il. Les gens au Cambodge s'intéressent de plus en plus à la culture urbaine, et le Rom Bak Battle y participe grandement.

 

Rom Bak Battle
Zakary et Samuel (debout à gauche), accompagnés de Rotha (en bleu) remettent le prix  aux vainqueurs. ©RomBakBattle

 

Ce n'est qu'un début...

Les organisateurs veulent rendre l'événement annuel, à chaque mois de décembre. Et proposer entre temps des festivals et des rendez-vous culturels sous forme de battles ou autre. "Le travail commence maintenant, se réjouit Zakary. Il faut que nous rendions cela plus régulier. Nous allons continuer d'aider Tiny Toones, qui nous ont envoyé des danseurs samedi, en proposant des stages gratuit pour les petits." L'équipe veut également profiter de sa campagne de crowdfunding pour financer des repas et rencontrer les enfants de cette ONG. Elle qui, quoi qu'il arrive, continue de promouvoir les valeurs de respect et de partage induites par la philosophie urbaine. 

Culturellement parlant, l'année sera riche pour le quatuor. Le projet serait d'organiser des événements semblables tous les mois, qui débouchent sur le Rom Bak Battle en décembre. Comme une grande finale clôturant l'année. Et tout cela reste encore perfectible. "Nous voulons donner une identité à l'événement, éclaire Vibol. Nous pouvons mélanger le hip-hop au clubbing, ajouter des gestes de la vie de tous les jours, des arts martiaux, etc. Nous voulons par exemple intégrer une catégorie qui mélange hip-hop et danse traditionnelle khmer, s'inspirant du L'Bokator, un art martial cambodgien. Nous créerions un nouveau style, propre à l'Asie du Sud Est." Zakary définit cela comme "le vocabulaire dansant". Une richesse qui ne demande qu'à être partagée au Royaume.

 

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        Vibol (au premier plan, avec les lunettes) pose pour la photo de famille devant                                                                Rotha. ©RomBakBattle
Thibault Bourru
Publié le 28 décembre 2017, mis à jour le 5 janvier 2018

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