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RENCONTRE – Dr. Kim Yadany : “J’aimerais pouvoir former de jeunes médecins khmers”

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 17 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Médecin franco-cambodgienne installée au Royaume depuis 1998, Kim Yadany a ouvert en janvier son propre cabinet.  Rencontre avec une jeune femme qui ne manque pas de projets

(Photo SP)

- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis médecin généraliste, j'ai fait mes études à l'hôpital Cochin de Paris. J'ai la double nationalité franco-cambodgienne. Je vis au Cambodge depuis 1998. Je travaillais pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au début en tant que bénévole, en distribuant des moustiquaires de villages en villages par exemple, puis en tant que volontaire des Nations unies. J'aidais le ministère de la Santé à améliorer leur programme de traitement de lutte contre le paludisme. J'ai vécu deux ans au Laos, où je gérais le programme de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme soutenu par le Fonds mondial basé à Genève. Je travaillais également pour un programme de renforcement des systèmes sanitaires.  

- Pourquoi avoir fait le choix d'un cabinet à Phnom Penh ?

C'est une idée que j'avais depuis longtemps. Je souhaitais ouvrir mon propre cabinet car j'en avais assez de voir trop de patients mal pris en charge, mal soignés dans les hôpitaux publics. La question de la santé et de la qualité des soins est un réel souci ici. Quand on vient habiter au Cambodge, vers qui se tourner lorsque l'on est malade ? Bien sûr il y a de très bonnes cliniques, mais le secteur public souffre cruellement d'un manque de ressources humaines et d'infrastructures. J'aimerais pouvoir former de jeunes médecins khmers et m'entourer d'une équipe. Je dispose de trois salles de consultation et je souhaiterais installer une salle d'urgences.

- Le système de santé publique demeure problématique au Cambodge ?

Il y a eu beaucoup de progrès réalisés en matière de qualité des soins afin d'atteindre les normes internationales. Le Center of Hope de l'hôpital Sihanouk (créé en 1996) est par exemple une très bonne initiative, il permet de former des médecins sur le tas, au lit des malades. Mais il faudra attendre malheureusement encore de longues années pour que le niveau du secteur public parvienne au niveau international. Les médecins cambodgiens ne sont souvent pas assez qualifiés, c'est pourquoi les patients doivent aller à l'étranger, au Vietnam, en Thaïlande, à Singapour, pour se faire soigner. De plus, un des gros problèmes ici est qu'il est difficile de se procurer des médicaments de bonne qualité. Les médicaments sont souvent des médicaments sous-standards, qui ne respectent pas les normes de l'OMS. Toutes ces raisons font que beaucoup de personnes n'ont pas confiance en la qualité des soins au Cambodge. La question de la santé est un vaste sujet, complexe mais aussi tabou.

- Pour quels maux, quelles maladies, vous consulte-t-on le plus ?

Il y a beaucoup de maladies sexuellement transmissibles (MST), de maladies infectieuses, parasitaires, des infections respiratoires, d'ulcères gastriques, de problèmes cardiovasculaires. Ici, on a de ?vrais? malades, avec de réels problèmes et non pas que de simples petits rhumes. Ce sont des malades que l'on verrait à l'hôpital en France. J'ai remarqué également que parmi mes patients beaucoup négligent et mettent de côté leur santé. Ils n'ont pas fait de bilan de santé et connaissent mal leur profil sanitaire.

- Qui sont vos patients ?

Des expatriés mais également des Cambodgiens de classe moyenne. Ces derniers viennent avec l'espoir d'être guéris car souvent dans les hôpitaux khmers, ils entretiennent leur maladie plus qu'ils ne la soignent.
Parmi mes patients, il y a des malades assurés, qui sont en recherche du même type de traitement qu'ils pourraient bénéficier en France, et des malades non assurés qui désirent des traitements modernes, quel que soit le prix à payer.

Propos recueillis par Solina Prak (www.lepetitjournal.com/cambodge.htlm) jeudi 17 mars 2011

Dr. Kim Yadany
International Care Clinic
36, rue 352, Phnom Penh
012 905 228


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Publié le 17 mars 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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